Recueil de poésie et de citations ainsi que des proverbes.

La poésie française sur la haine.

La poésie française sur la haine

La haine des fanatiques religieux.

La foi qui ne respecte, qui ne comprend, qui ni ne tolère des convictions différentes, celle-là est une stupidité et une haine, elle est la mère de tous les fanatismes. (Henri-Frédéric Amiel)

Les poèmes et sonnets sur la haine :

Poème : Tout, la haine et le deuil !

Recueil : Toute la Lyre (1888)
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! — Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... —
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâmeché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâmeton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
— Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! —
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : — Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. —

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor Hugo (1802-1885)

Poème : Chanson.

Recueil : Les poésies et chansons (1603)
Souhaitant que le Ciel punisse
De quelque rigoureux supplice
Ce cœur contre amour endurci,
Il faut dire que je l'aime,
Quoique mon amour soit extrême ;
C'est haïr que d'aimer ainsi.

Mais ne haïssant l'inhumaine,
Que pour ce qu'ingrate à ma peine,
Elle n'en a point de souci ;
Ma haine est si pleine de flamme,
Qu'amour la causant dans mon âme,
C'est aimer que de haïr ainsi.

Ou si cette haine amoureuse,
Veut que, plus et moins vigoureuse,
Elle m'aime et haïsse aussi ;
Dieux ! faites par votre clémence,
Que pour peine et pour récompense
Elle m'aime et haïsse ainsi.

Qu'amour soit clément ou sévère,
À tort je crains, à tort j'espère,
Et sa rigueur et sa merci ;
Ne méritant de ma cruelle
Amour, ni haine mutuelle,
D'aimer et de haïr ainsi.

Jean Bertaut (1552-1611)

Poème : Le contemplateur.

Recueil : Jour à jour, les poésies intimes (1880)
Pour le contemplateur, qui plonge
Dans le gouffre de l'éternel,
Tout est vain. — Lui-même est un songe ;
Rien n'est réel.

Le paraître et le disparaitre,
Ces ombres qu'il a cru saisir,
Ne sont plus. — Ce qui nous fait être
C'est le Désir.

Amour, haine, allégresse, envie,
Ont perdu pour lui leur valeur ;
Il dort. — Ce qui prouve la vie,
C'est la Douleur.

Tout ce qui commence ou s'achève
Meurt pour qui mourut au vouloir.
— Ce qui seul fait sortir du rêve,
C'est le Devoir.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)

Poème : Ô Justice !

Recueil : Jour à jour, les poésies intimes (1880)
Ô Justice, déesse auguste,
Toi que blasphème notre erreur,
Qu'il est malaisé d'être juste
Quand des guerres sévit l'horreur !

De te renier tous font gloire,
Et, sur tes autels renversés,
Hurlent un hymne à la victoire,
Seul dieu des peuples insensés.

Chacun, plongeant dans la géhenne
Le frère qu'il nomme ennemi,
Fait épouser au ciel sa haine,
Haine que l'enfer a vomi.

Bien plus, ô misère suprême,
Effet d'un mal contagieux,
Enragé, le spectateur même
Délire et mord à qui mieux mieux.

Ah ! du moins, puisqu'il nous faut vivre
Captifs en la maison des fous,
Restons sobres dans un monde ivre,
Restons humains parmi les loups.

En cette existence qu'oppresse
Le malheur de l'humanité,
Il n'est de bon que la sagesse
Et de sage que la bonté.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)

Poème : La défensive.

Recueil : Il penseroso (1858)
Devant tes ennemis que ton âme sereine
En soi ne laisse entrer ni colère ni deuil ;
L'indomptable douceur décourage la haine ;
L'impassible fierté déconcerte l'orgueil.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)

Poème : À une jeune fille.

Recueil : Les poésies et sonnets d'un voyageur (1844)
Mon regard fut aussi riant
Que le tien, chaste jeune fille,
Et mon cœur aussi confiant.
Aujourd'hui plus rien n'y scintille.

Mes doux pensers sont tour à tour
Tombés sous une froide chaîne.
Le ciel m'avait appris l'amour,
Les hommes m'ont appris la haine.

Xavier Marmier (1808-1892)

Poème : La crainte et la haine.

Recueil : Les poésies et sonnets d'un voyageur (1844)
Lorsque l'un contre l'autre, entraînés tour à tour,
Les hommes courent à la guerre,
Eux qui sont nés avec un cœur que pour l'amour
Dieu lui-même avait voulu faire.

Je crois pourtant que rien ne m'ôtera la paix
Que je respire à longue haleine,
Ni la croyance en Dieu qui repousse à jamais
Loin de moi la crainte et la haine ;

Ni l'ombre du platane aux rameaux longs et verts
Qui sur les champs de blé s'incline,
Ni les tendres pensers et les pieux concerts
Qui s'élèvent dans ma poitrine.

Xavier Marmier (1808-1892)

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