Si les pauvres s'aimaient entre eux, ils ne seraient plus pauvres.
Anne Barratin - Œuvre : De vous à moi (1892)
Si les pauvres s'aimaient entre eux, ils ne seraient plus pauvres.
Il y a des gens qui ont toujours besoin de faire une entrée : pauvres gens !
Pour être laide, une femme n'en est pas moins femme.
La délicatesse aime plus à deviner qu'à voir le fond des choses, et n'aime pas à les entendre appeler chacune par son nom.
Mériter est inutile, plaire suffit au courtisan.
L'excès naît vorace, vit vorace, meurt vorace.
Il est des femmes qui ne comprennent leur sexe qu'au moment où la jeunesse meurt.
La vie peut toujours faire pire.
On peut défendre sans aimer, mais on ne peut pas aimer sans défendre.
Que de sottises du cœur viennent de sa fatigue !
La sagesse a fait avec la mesure une alliance éternelle.
L'ivresse du calomniateur est dans les yeux de celui qui l'écoute.
L'opinion qu'on a de soi est celle qui change le moins.
On gâche peu d'imagination à excuser le prochain.
Être bon, ce n'est pas assez, il faut l'être avec bonheur.
La reconnaissance va quelquefois plus loin que l'amour, elle rougit de ses oublis.
Pour tout mérite, il y a des gens qui savent se faire accepter.
Les larmes ont plus de poésie que d'autorité.
Il est difficile de ne pas trop décolleter son esprit quand il est joli.
Comme une femme dans son indifférence, une fleur est quelquefois bien jolie dans sa lassitude.
Les gens méfiants écrivent volontiers au crayon.
La concision est faite de discrétion et de force.
Qu'il faut d'êtres pour remplacer le seul qui manque.
De toutes les insultes de l'homme au Créateur, l'ennui est une des plus grandes.
On peut avoir la fierté souple comme la taille.
Réussir n'est pas prouver.
Qui ne se croit jolie femme, quand un baiser l'a juré et rejuré ?
Tout conspire contre l'homme faible, si tout n'aide pas l'homme fort.
Les grandes pensées se communiquent en gardant la chaleur qui les a fait naître.
Ce qui se laisse marchander est en train de se vendre.
Les préjugés marchent en troupeaux, comme les bêtes.
D'une femme généreuse, la gloire de ses amis l'illumine.
Joie de vivre, tu as bien des physionomies.
Approchons du ciel comme nous approchons de l'être aimé ; que l'amour domine la crainte.
Ah ! vieillesse ! tes lois sont douces, ta raison d'être est généreuse ; que c'est bon d'oser dire : J'aime, à plein coeur, j'accepte, à pleine poitrine, je me souviens, à pleine mémoire.
Le silence est à l'âme ce que le sommeil est au corps.
J'aime le parfum qui revient, l'étoile qui reparaît, le regret qui recommence, j'aime tous les serviteurs de la fidélité.
L'oubli n'est pas exactement l'ingratitude, mais c'est le terrain sur lequel elle pousse.
Un grand fils aime beaucoup à montrer à sa mère qu'il en sait plus qu'elle.
Qu'il est difficile de faire de son coeur malade un pauvre honteux !
Le bien-être éloigne la vieillesse, ou la rend moins hideuse.
Les larmes ! Dieu les aime sans doute dans certains yeux, car il les en remplit toujours !
La douceur qui succède à la violence n'est souvent qu'une fatigue.
La bonté n'a pas de remords, mais elle a des repentirs.
La vie aime ceux qui ont confiance en elle.
Le présent vit entre deux voleurs, le passé et l'avenir.
Quand la pitié ne soulage pas, comme elle offense !
Tout besoin d'aimer peut se tromper d'adresse.
L'amour qui ne prend pas tout n'est pas de l'amour.
L'aveu vient par accès, comme l'odeur par bouffées.
Rougissante et timide, on dirait que l'aurore veut nous faire des aveux.
L'amour sait plaindre, l'amitié sait guérir.