Les 46 pensées et citations de Charles Dollfus :
Il y a dans l'univers deux génies qui luttent sans relâche pour le sceptre de l'humanité. L'un est bienfaisant ; il ressemble au soleil dont les rayons purifient les airs et dissipent les nuages en découvrant la plaine bleue du ciel. Il descend jusque dans les fécondes entrailles de la terre pour y réveiller sous ses baisers de feu les moissons dorées : c'est l'amour qui répand la vie. L'autre, génie destructeur, tempête glacée, porte sur ses ailes sinistres toutes les fureurs de la mort. Lorsqu'il promène sur le monde son souffle empoisonné, il déracine les arbres qui ombrageaient l'humanité, et fait mourir dans les sillons les moissons déjà écloses, avec les précieuses semences que le cœur y avait jetées : c'est la haine qui engendre la mort.
Il est une aristocratie de cœur comme de l'intelligence, et il n'est pas donné à chacun d'aimer avec puissance et élévation.
Le regret du passé nous ronge, l'impatience de l'avenir nous dévore, le présent nous échappe.
L'ennui et l'impatience nous font sentir chaque minute en y mettant leur poids.
Le désir et la crainte sont des verres grossissants, la nature en a fait les yeux de l'homme.
Quelques femmes n'écoutent qu'elles-mêmes, d'autres parlent toujours, et ne s'écoutent jamais.
Certaines professions sont vouées au sourire éternel.
Rien n'offense les esprits délicats et les cœurs profonds comme l'indiscrétion et le bavardage.
Le bavardage n'est que l'indiscrétion retournée, de même que le commérage n'est que de la curiosité à l'envers : des fléaux.
La discrétion est la pudeur de l'âme.
Le bavard ressemble à un homme qui vivrait toujours hors de chez lui.
Le bavardage est l'infaillible indice de la vacuité de l'esprit.
Ne jamais douter de soi est quelquefois la moitié du succès, l'autre moitié c'est de ne point douter de la bêtise d'autrui.
La médiocrité ambitieuse est un spectacle qui prête à rire.
Guérir d'une maladie, c'est en même temps guérir du médecin.
Les gens qui se portent bien ne comprennent pas que l'on puisse être malade.
Le moi n'est pas seulement haïssable, il est criard.
La bêtise est souvent susceptible, l'esprit rarement.
L'envie de montrer nos qualités en fait aisément des défauts.
La bêtise vient de l'esprit, la sottise du caractère; l'une se traduit en paroles, l'autre en actes.
Les proverbes sont l'expérience des générations condensée en aphorismes : ce sont des cristallisations du sens commun.
On reconnaît qu'un esprit commence à vieillir quand il commence à se reproduire.
La vieillesse est l'hôtel des Invalides.
Il en est des livres comme des nez : la plupart sont ou trop longs ou trop courts.
L'immobilité est l'oisiveté du corps, l'oisiveté l'immobilité de l'esprit : on gagne de part et d'autre l'obésité.
À force d'être victime, on devient bourreau.
La nature oublie de saler beaucoup d'esprits, il en est d'autres qu'elle sale trop.
Chacun a son point vulnérable, chacun porte en soi son séducteur.
Le mondain spirituel est un agréable diseur de riens.
L'homme n'échappe à la vanité qu'en tombant dans l'orgueil ou dans l'humilité.
Un peu d'éloge encourage et fortifie, beaucoup d'éloge enivre.
Pour être tolérant envers les hommes, il faut les aimer beaucoup ou beaucoup les mépriser.
L'intolérance n'est de droit que pour l'infaillibilité.
Le trop de l'un est le pas assez de l'autre : à chacun sa mesure.
Trop réfléchir ne vaut rien, ni réfléchir trop peu.
Mieux vaut insulter que travestir.
Les sens et l'esprit ont leur routine.
La femme existe pour laver l'homme de ses égoïsmes devant Dieu.
Dieu en nous c'est notre loi ; vivre en Dieu, c'est vivre humainement.
L'intelligence, la justice, l'amour, sont les rayons de l'esprit.
Aimer, c'est s'enrichir ; qu'il est pauvre celui que personne n'aime !
S'aimer d'amour, c'est vivre l'un dans l'autre : c'est se confondre.
L'amour consume, de ses soupirs sont nés les poèmes.
Le génie de l'amour est tendresse et douce persuasion.
L'intelligence et l'amour, la beauté et la puissance sont dans l'homme, mais leur perfection absolue ne s'y rencontre pas.
La beauté par excellence excite aussi l'amour par excellence.