Les 58 pensées et citations de Mathurin Régnier :
Toujours à nouveaux maux naissent nouvelles peines.
Un chacun en son sens, selon son choix abonde.
C'est la nature et l'humeur des personnes, et non la qualité, qui rend les choses bonnes.
Qui par amour s'engage en des malheurs, pour un petit plaisir a cent mille douleurs.
On voit toujours par les yeux de son affection.
Le bien et le mal dépendent du goût des hommes.
Le sel est doux aux uns, le sucre amer aux autres.
Chaque âge a ses humeurs, son goût et ses plaisirs.
La fortune est à nous et n'est mauvaise ou bonne, que selon qu'on la forme ou bien qu'on se la donne.
Nous sommes du bonheur nous-même artisans, et fabriquons nos jours ou fâcheux ou plaisants.
Quand on se brûle au feu que soi-même on attise, ce n'est point un accident, c'est une sottise.
Selon son rôle on doit jouer son personnage.
Il n'est rien de parfait en ce monde d'aujourd'hui.
La peur de perdre enterre le talent.
Pardonner est une œuvre divine.
En amour l'innocence est un savant mystère, pourvu que ce ne soit une innocence austère.
Tel rit de jour, qui toute nuit soupire.
À qui veut vivre à son aise, il ne faut qu'un ami qui lui plaise.
Je ne juge, pour moi, les gens sur ce qu'ils sont, mais selon le profit et le bien qu'ils me font.
Riche vilain vaut mieux que pauvre gentilhomme.
Prenez à toutes mains, et vous souvienne, que le gain a bon goût de quelque endroit qu'il vienne.
Estimez plus qui plus vous donnera ; vous gouvernant ainsi, Dieu vous assistera.
Ne faites, s'il se peut, jamais présent ni don, si ce n'est d'un cabot (poisson) pour avoir un gardon.
Faites profit de tout, et même de vos pertes ; à prendre sagement ayez les mains ouvertes.
Surtout soyez de vous la maîtresse et la dame, faites, s'il est possible, un miroir de votre âme, qui reçoit tous objets, et tout content les perd ; fuyez ce qui vous nuit, aimez ce qui vous sert.
Lorsqu'on a du bien, il n'est si décrépite, qui ne trouve en donnant couvercle à sa marmite.
S'enrichir de bonne heure est une grande sagesse ; tout chemin d'acquérir se ferme à la vieillesse.
Il faut faire vertu de la nécessité ; qui sait vivre ici-bas, n'a jamais pauvreté.
La bonté du ciel nos offenses surpasse, pourvu qu'on se confesse on a toujours sa grâce.
Le scandale est cause de l'offense.
Qui peut dire que non, ne pèche nullement.
Chaque âge a son temps.
Nos biens, comme nos maux, sont en notre pouvoir.
Aidez-vous seulement, et Dieu vous aidera.
Le malheur, par conduite, au bonheur cédera.
Chacun est artisan de sa bonne fortune.
Il est bon en discours pour se faire estimer.
Timide en son respect semble Sainte Nitouche.
La sage sait se vendre où la sotte se donne.
Un amour violent aux raisons ne s'amuse.
Qui veut choisir souvent prend le pire.
L'amour est un enfant, nu, sans fard et sans crainte.
Amour te fait d'amants provision ; use de ta jeunesse et de l'occasion.
Combien en connaisse-je à qui tout est de mise, qui changent plus souvent d'amants que de chemise !
Il faut rire de tout ; aussi bien ne peut-on ; changer chose en Virgile ou bien l'autre en Platon.
Le péché que l'on cache est demi pardonné.
L'honneur est un vieux saint que l'on ne chôme plus.
L'habit fait le maître ou le valet.
À chacun son vice, le mien est d'être libre et ne rien admirer.
Les grands, les amants, trompent toujours de leurs serments.
Chacun, tant pauvre soit-il, peut être riche de promesse.
Les fous sont aux échecs les plus proches des rois.
Fais tout ce que tu fais et plus s'il se peut faire ; mais choisis pour le moins ceux qui se peuvent taire.
Le caprice emporte, et non le jugement.
Moi, qui suis tout flamme et de nuit et de jour, qui n'haleine que feu, ne respire qu'amour.
Ce qui plaît à l'œil sain offense le chassieux.
Que ton esprit blessé ne sois pas maître de soi.
Estimez vos amants selon le revenu.