Quand le temps commence à manquer, un simple calcul suffit pour savoir que vous avez plus d'années derrière vous que devant – beaucoup plus. Votre corps commence à tomber en panne, vous souffrez de douleurs et de maux que vous n'aviez pas connus auparavant, et petit à petit, les gens que vous aimez commencent à mourir. À l'âge de cinquante ans, la plupart d'entre nous sont hantés par des fantômes qui vivent à l'intérieur de nous et nous passons autant de temps à parler aux morts qu'aux vivants. Il est difficile pour quelqu'un de jeune de le comprendre. Ce n'est pas qu'une personne de vingt ans ne sache pas qu'elle va mourir, mais une personne plus âgée est affectée profondément par la perte d'autres êtres – et vous ne pouvez pas savoir l'effet que cette accumulation de deuils aura sur vous tant que vous ne l'avez pas vous-même vécue. La vie est si courte, si fragile, si mystérieuse. Après tout, combien de gens aimons-nous au cours d'une vie ? Seulement quelques-uns, très peu. Quand la plupart d'entre eux ont disparu, la cartographie de votre monde intérieur change.
Tout roman est une collaboration à parts égales entre l'écrivain et le lecteur, et c'est le seul endroit au monde où deux parfaits inconnus peuvent se rencontrer dans une intimité absolue. L'écrivain et le lecteur fabriquent ensemble le livre. Aucun autre art ne peut réussir cela. Aucun autre art ne peut saisir l'essence fondamentale de l'existence humaine.
Tout écrivain a besoin d'un lecteur de confiance – quelqu'un qui a de la considération pour ce que vous faites et souhaite que le texte soit le meilleur possible. Mais il faut être honnête. C'est la condition. Pas de mensonges, pas de faux compliments, pas de louanges pour ce qui, à votre avis, ne le mérite pas.
J'aime beaucoup lire à haute voix, vraiment beaucoup. Lire à haute voix m'aide à prendre de la distance par rapport au livre, à entendre ce que j'ai loupé, les passages où je n'ai pas réussi à exprimer ce que j'essayais de dire.
Une vie touche une autre vie, laquelle touche une troisième et très vite les enchaînements se font innombrables, impossibles à calculer.
Je ne peux être heureux que là où je ne suis pas.
Ma boîte aux lettres, c'était ma cachette. Elle me reliait au reste du monde et recelait dans la magie de son obscurité le pouvoir de créer des événements.
C'est ce qu'on apprend de la vie en fin de compte : combien elle est étrange.
La plupart des gens ne font pas attention. Ils voient les mots comme des rocs, de grands objets impossibles à déplacer et sans vie, des nomades qui ne changent jamais.
Un grand amour meurt parfois aussi vite qu'une fleur fragile dès les premières gelées.
Tout le monde a besoin d'argent pour vivre, mieux vaut en avoir trop que pas assez.
Quand on a plus d'argent que nécessaire, il faut le donner à quelqu'un qui en a plus besoin que nous. Quelqu'un qui meurt de faim, un vieillard infirme, une personne qui n'a pas du tout d'argent. Le dépenser seulement pour nous ce n'est pas juste. C'est égoïste.
J'aime bien les histoires qui admettent qu'elles sont des histoires sans prétendre être la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, juré, craché.
L'homme doué d'une bonne mémoire ne se souvient de rien car il n'oublie rien.
On ne peut apprendre de nouveaux tours à un vieux chien.
Une vie n'appartient qu'à celui qui la vit ; la vie elle-même revendiquera les vivants, vivre, c'est laisser vivre.
Un homme deviendrait fou s'il ne pouvait rêver la nuit. De même, si on ne permet pas à un enfant de pénétrer dans l'imaginaire, il ne pourra jamais affronter le réel.
Le langage est notre manière d'exister dans l'univers. Jouer avec les mots c'est simplement examiner les modes de fonctionnement de l'esprit, refléter une particule de l'univers telle que l'esprit la perçoit. De même, l'univers n'est pas seulement la somme de ce qu'il contient. Il est le réseau infiniment complexe des relations entre les choses. De même que les mots, les choses ne prennent un sens que les unes par rapport aux autres.
Pour avancer, pour progresser, et c'est l'espoir de tout écrivain, il faut lutter. L'adversité est nécessaire, sans elle, vous ne vous poseriez pas autant de questions !
Lorsqu'on sent qu'on n'a plus rien à dire, il vaut mieux se taire.
Le monde est dans ma tête. Mon corps est dans le monde.
Tout homme est l'auteur de sa propre vie.
L'échec n'entache pas la sincérité de la tentative.
Les écrivains ne savent jamais juger leurs œuvres.
Chacun n'a qu'un certain nombre de mots en lui.
Une fois qu'on a goûté au futur on ne peut pas revenir en arrière.
Un mensonge ne peut jamais être effacé : même la vérité n'y suffit pas.
Rien n'est réel sauf le hasard.
Si on n'est pas prêt à tout, on n'est prêt à rien.
Le silence oblitère tout.
L'amour est la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute.
Le désir sexuel peut aussi être le désir de tuer.
La discrétion a ses mérites, mais à trop forte dose elle peut être fatale.
Les vrais mariages sont toujours insensés.
Le mariage est un marais, un exercice d'auto-mystification qui dure la vie entière.
Un mariage heureux peut supporter n'importe quelle pression, un mariage malheureux se brise.