René Émile Char
Quelques mots sur l'auteur :
Poète et résistant français né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le département du Vaucluse, René Char est décédé à Paris le 19 février 1988 à l'âge de 80 ans. Pour de plus amples informations, lisez sa biographie sur Wikipédia.Les 49 pensées et citations de René Char :
Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer.
Ce n'est pas l'estomac qui réclame la soupe bien chaude, c'est le cœur.
Il n'y a que deux conduites avec la vie : Ou on la rêve ou on l'accomplit.
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.
La conduite des hommes de mon enfance avait l'apparence d'un sourire du ciel adressé à la charité terrestre.
Tout ce qui nous aidera, plus tard, à nous dégager de nos déconvenues s'assemble autour de nos premiers pas.
Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir.
Agir en primitif et prévoir en stratège.
Mon amour est triste parce qu'il est dans la nature troublée de l'amour d'être triste.
Mon amour est triste parce qu'il est fidèle.
Le réel quelquefois désaltère l'espérance. C'est pourquoi, contre toute attente, l'espérance survit.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque : À te regarder, ils s'habitueront.
L'impossible, nous ne l'atteignons pas, il nous sert de lanterne.
On n'enfonce pas son pied dans la source pour paraître l'égal de l'amandier.
La nuit porte nourriture, le soleil affine la partie nourrie.
La seule signature au bas de la vie blanche, c'est la poésie qui la dessine.
La poésie est de toutes les eaux claires celle qui s'attarde le moins aux reflets de ses ponts.
Qui a creusé le puits et hisse l'eau gisante risque son cœur dans l'écart de ses mains.
Mais qu'est-ce qu'un révolté, Monsieur ? Quand un homme est broyé et qu'il se tait, c'est un individu normal. S'il proteste et réclame son droit, c'est un révolutionnaire !
On ne donne pas la lanterne à lécher au chien.
Toute action qui engage l'âme, quand bien même celle-ci en serait ignorante, aura pour épilogue un repentir ou un chagrin. Il faut y consentir.
Les enfants réalisent ce miracle adorable de demeurer des enfants et de voir par nos yeux.
Il faut être l'homme de la pluie et l'enfant du beau temps.
La beauté naît du dialogue, de la rupture du silence et du regain de ce silence.
S'il n'y avait pas l'étanchéité de l'ennui, le cœur s'arrêterait de battre.
L'éternité n'est guère plus longue que la vie.
Il existe une sorte d'homme toujours en avance sur ses excréments.
L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer.
Ma solitude est son trésor.
La rigueur de vivre se rode sans cesse à convoiter l'exil.
Le poète est l'homme de la stabilité unilatérale.
À force de t'avoir aimée pour ce que tu n'étais pas, j'ai appris à te chérir pour ce que tu es.
Tiens vis-à-vis des autres ce que tu t'es promis à toi seul : Là est ton contrat.
Pour qu'un héritage soit réellement grand, il faut que la main du défunt ne se voie pas.
L'acquiescement éclaire le visage ; le refus lui donne la beauté.
Il n'y a pas d'absence irremplaçable.
Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses ; il ne m'intéresse pas.
L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant.
C'est drôle, les saints, on ne les rencontre jamais de leur vivant.
La poésie vit d'insomnie perpétuelle.
Nous n'avons qu'une ressource avec la mort : Faire de l'art avant elle.
L'artiste doit se faire regretter déjà de son vivant.
Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore.
Comment vivre sans inconnu devant soi ?
Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir.
La souffrance connaît peu de mots.
Donne toujours plus que tu ne peux reprendre.
On ne déteste pas son vainqueur, on le redoute.
La vie aime la conscience qu'on a d'elle.