La joie et le désir produisent l'espérance, comme le désir et la tristesse engendrent la crainte.
Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, le principal est de l'appliquer bien.
La théologie enseigne a gagner le ciel ; la philosophie donne moyen de parler de toutes choses.
L'intelligence seule est capable de concevoir la vérité.
Trop admirer est l'effet de l'ignorance ; pas assez admirer est l'effet de la stupidité.
Qui a le raisonnement le plus fort peut mieux persuader ce qu'il propose.
Pourvu que notre âme ait toujours de quoi être contente en son intérieur, tous les troubles qui viennent d'ailleurs n'ont aucun pouvoir de lui nuire.
L'amour est une émotion de l'âme causée par le mouvement des esprits qui l'incite à se joindre de volonté aux êtres qui paraissent lui être convenables.
Les jugements de nos amis nous doivent être suspects lorsqu'ils sont en notre faveur.
Avec du mouvement et de la matière, je ferai le monde.
Je pense, donc je suis.
On se préfère toujours à ce qu'on aime.
Les bêtes brutes, qui n'ont que leurs corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture.
C'est proprement ne valoir rien que de n'être utile à personne.
Pour connaître l'inégal, il faut le comparer à l'égal.
Les études sans ordre et les méditations confuses obscurcissent et aveuglent l'esprit.
Il vaut mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par soi-même de la beauté des couleurs et de la lumière, que de les avoir fermés et suivre la conduite d'un autre.
Le plus grand bien qui puisse être dans un État est d'avoir de vrais philosophes.
Chaque nation est d'autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux.
Un être qui pense c'est un être qui doute.
Je ne puis donner mon jugement que des choses qui me sont connues.
Il n'y a rien au monde de certain.
Une certaine paresse m'entraîne insensiblement dans le train de ma vie ordinaire.
Il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompés.
Dans ma vie j'ai toujours eu un extrême désir d'apprendre à distinguer le vrai d'avec le faux pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie.
La poésie est des dons de l'esprit plutôt que des fruits de l'étude.
Lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci.
La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l'éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très ravissantes.
Lorsqu'on emploie trop de temps à voyager, on devient étranger en son pays.
C'est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager.
La pitié est une tristesse mêlée d'amour à la vue d'un malheur non mérité.
Les secondes pensées ont de coutume d'être plus nettes que les premières.
Quand on vous offense, élevez votre âme si haut que l'offense ne parvienne pas jusqu'à elle.
On a le plus de gaieté lorsqu'on a l'esprit plus satisfait.
Tout excès a coutume d'être mauvais.
Les sophismes les plus subtils ne trompent que les sophistes.
Le plus grand bonheur de l'étude consiste à trouver les raisons soi-même.
Pour que l'esprit acquière de la facilité, il faut l'exercer à trouver des choses déjà découvertes.
C'est un vice commun parmi les hommes que les choses difficiles leur paraissent les plus belles.
Les imposteurs font profession de savoir plus qu'ils ne savent.
On a souvent coutume de faire ceux qui n'ont rien vu.
Qui marche lentement peut avancer davantage s'il suit le droit chemin sans s'en éloigner.
Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices.
Il faut diriger toutes les forces de son esprit sur les choses les plus faciles.
Il n'y a de science qu'avec l'intuition et la déduction.
Il ne faut pas supposer vrai ce qui est faux.
Le but des études doit être de diriger l'esprit de manière à ce qu'il porte des jugements solides et vrais.
Toute science est une connaissance certaine et évidente.
Le bon sens est la chose au monde la mieux partagée, car chacun pense en être bien pourvu.
La durée du bien fait naître l'ennui ; celle du mal, l'indifférence.
La première de toutes les passions est l'admiration.
L'ingratitude est un vice opposé à la reconnaissance.
L'ingratitude est un composé d'égoïsme, d'orgueil et de stupidité.
L'amour raisonnable dispose le cœur à la passion sensitive.
Souvent une fausse joie vaut mieux qu'une tristesse dont la cause est vraie.
Il n'y a aucun vice qui nuise tant à la félicité des hommes que celui de l'envie.
La volonté est tellement libre de sa nature, qu'elle ne peut jamais être contrainte.
Ce qui est ordinairement le plus envié, c'est la gloire.
Qui est généreux est naturellement porté à faire de grandes choses.
Les plus généreux ont coutume d'être les plus humbles.
La parole a beaucoup plus de force pour persuader que l'écriture.
Le désir est une passion qui regarde l'avenir.
La tristesse est causée par le mal présent ; la tristesse du bien passé est le regret.
La tristesse et la haine sont plus mauvaises qu'une fausse joie et un faux amour.
La gloire est l'amour de la louange.
Le dégoût est une tristesse qui a d'abord produit la joie.
Le souvenir des maux passés produit l'allégresse.
Le souvenir d'une jouissance joint à la tristesse et au désespoir compose le regret.
Le dédain se compose d'admiration et de hardiesse.
La vénération est un mélange d'admiration et de crainte.
La jalousie est une crainte qui s'alarme des circonstances les plus légères.
Quand on me fait une injure je tâche d'élever mon âme si haut que l'offense ne parvienne pas jusqu'à moi.
Le remords de conscience est une tristesse causée par le doute.
Le bien présent produit la joie ; le mal présent, la tristesse.