Un garçon commence immédiatement à se développer et y met beaucoup de temps, une jeune fille naît pendant longtemps et naît femme faite, mais l'instant de cette naissance arrive tard.
Si on ne sait pas faire de l'amour cet absolu auprès de quoi toute autre histoire disparaît, on ne devrait jamais se hasarder à aimer, même pas si on se mariait dix fois.
Le plus beau moment de l'amour, c'est sa première période quand, de chaque rencontre, de chaque regard, on rapporte un nouveau sujet de se réjouir.
Ma façon d'envisager la vie est complètement absurde : un esprit méchant, je suppose, a mis sur mon nez une paire de lunettes dont un verre grossit démesurément et dont l'autre rapetisse dans les mêmes proportions.
De toutes les choses risibles, la plus ridicule à mes yeux, c'est d'être expéditif à table comme en besogne.
En matière de cause et d'effet, il n'y a pas de juste mesure.
Quand mon docteur me prescrit la diète, à la bonne heure, je m'abstiens un certain temps de certains aliments ; mais se mettre encore à la diète quand on est déjà au régime, c'est vraiment trop demander.
La vie est un torrent, le temps passe et passe incessamment.
Quand je me lève le matin, je retourne tout de suite au lit : Je suis le plus à mon aise, le soir, quand j'éteins la lumière et tire l'édredon sur ma tête.
Être apte à rien ou à n'importe quoi, c'est une rare capacité.
J'emploie ainsi mon temps : une moitié à dormir et l'autre à rêver. Quand je dors, je ne rêve jamais, ce serait dommage ; dormir, c'est le comble du génie.
Nul n'est venu au monde sans pleurer.
Nul ne revient de chez les morts.
La vie m'est devenue un amer breuvage que je dois cependant absorber comme des gouttes, lentement, une à une, en comptant.
J'ai l'humeur que doit avoir une pièce au jeu d'échec quand le partenaire la déclare échec et mat.
Ma tristesse est mon château.
La vieillesse réalise les rêves de la jeunesse.
Ma mélancolie est l'amante la plus fidèle que j'aie connue.
Les hommes n'usent jamais des libertés dont ils jouissent, mais ils réclament celles qu'ils n'ont pas.
Un poète est un homme malheureux qui cache en son cœur de profonds tourments.
Mieux vaut la tristesse que le rire, car on peut avoir le visage triste, mais le cœur joyeux.
Mieux vaut bien pendu que mal marié.
Quand on ne saisit pas sa chance, c'est qu'on est imbécile.
Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin.
Écrire une préface, c'est sonner à la porte de quelqu'un pour lui tirer la langue.
Tout un langage se cache dans cette pensée.
Une condition capitale pour toute jouissance, c'est de se limiter.
Une jeune fille qui veut plaire en se faisant intéressante plaira surtout à elle-même.
S'introduire comme un rêve dans l'esprit d'une jeune fille est un art, en sortir est un chef-d'œuvre.
On n'est jamais timide que dans la mesure où on est vu.
Il n'y a rien sur quoi plane autant de séduction et de malédiction que sur un secret.
La vie n'est pas un problème à résoudre mais une réalité dont il faut faire l'expérience.
On est homme de génie dès la naissance ou on ne l'est pas.
La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu'en avant.
La mère aimante apprend à son enfant à marcher seul.
On ne se débarrasse du sérieux d'un niais qu'en riant à ses dépens.
Sans le péché, point de sexualité, et sans sexualité, point d'histoire.
Un livre a ceci de particulier qu'il peut être interprété comme on veut.
Une mauvaise conscience peut rendre la vie intéressante.
Plus on se cache, plus il est désagréable d'être surpris.
L'admiration est un abandon heureux de soi-même, l'envie une revendication malheureuse du moi.
L'individu dans son angoisse du péché produit le péché.
Toute jeune fille par rapport au labyrinthe de son cœur est une Ariane, qui tient le fil grâce auquel on peut s'y retrouver, mais elle ne sait s'en servir elle-même.
L'angoisse est le vertige de la liberté.
Heureux celui qui souffre l'insulte pour une bonne cause.
La haine est l'amour qui a sombré.
La nature féminine est un abandon sous forme de résistance.
La femme est substance, l'homme est réflexion.
Le fond éternel de l'amour, c'est que les individus ne naissent l'un pour l'autre que dans son instant suprême.
Qu'aime l'amour ? L'infinité ; que craint l'amour ? Des bornes.