Nos misères sont les premières choses dont nous sommes tentés de parler à nos amis ; et n'eussent-ils pas un mot de consolation ou d'encouragement à nous adresser, nous nous sentons soulagés rien que de leur avoir parlé de ce qui nous afflige.
Ecrire une lettre est quelquefois plus difficile à faire qu'un volume.
C'est aimer réellement quelqu'un que de penser à lui fort souvent, de s'émouvoir tendrement à son souvenir, de lui envoyer des pensées de reconnaissance et des vœux, de le regretter, d'avoir soif de sa vue et de ses entretiens, de recueillir avec empressement les moindres de ses nouvelles, et de parler de lui à tout venant, il me semble que je puis dire que je vous aime.
Je l'aime cette terre de mes pères, ce séjour de mon enfance ; ses intérêts et son honneur m'ont toujours été à cœur. Mais du même fond de sensibilité qu'on aime sa terre natale, on s'attache à sa patrie d'adoption.
Le fruit de la justice se sème dans la paix.
Quand on n'est pas sujet aux aventures, on aime à conter les moindres.
Il faut du courage pour marcher dans une voie où peu de souhaits l'accompagnent, et il en faut à un homme bienveillant pour infliger de sévères critiques.
C'est une si grande privation d'être retenu loin de toi, de ne pouvoir t'embrasser, te consoler quand tu souffres, te témoigner une partie de la tendresse dont mon cœur est plein pour toi. Je prie Dieu d'adoucir tes souffrances, de te bien persuader qu'il t'aime plus que père et mère, de t'enseigner à faire de cet amour ton trésor et ton tout, qui ne t'abandonnera jamais. Je t'embrasse tendrement.
Le moi cherche toujours à faire invasion sur le terrain du devoir. Quand ce n'est pas à force ouverte, c'est furtivement ou par des détours ; il se présente comme un auxiliaire du devoir ; il s'offre à remplir les mêmes offices, à faire les mêmes choses, et, dans un certain sens, il en est capable. En conséquence, on le reçoit, mais introduit dans la place, il s'en rend le maître, et l'âme se croit encore aux ordres de la conscience et du dévouement, qu'elle obéit depuis longtemps à un autre chef.
Le mystère est, dans toute idée, le demi-jour qui séduit, la sève qui enivre.
L'influence est la reine du monde.
La véritable puissance, dans ce monde, ce n'est pas l'autorité, c'est l'influence.
Il n'y a d'autorité constamment utile, d'autorité bien fondée que celle que l'on respecte. Il est plus beau, plus rare et plus important d'être cru que d'être obéi.
La haine a été souvent la préface de l'amour.
Le vrai chemin dans la connaissance religieuse n'est pas de Dieu à l'homme, mais de l'homme à Dieu ; c'est qu'avant de se connaître l'homme ne saurait connaître Dieu.
Long ou court, direct ou détourné, tout chemin est vrai, qui conduit au pied de la croix.
La haine, tout horrible que cela est à dire, la haine vaut mieux que l'indifférence.
Il y a dans chaque être indifférent l'étoffe d'un ennemi, étoffe qui attend l'occasion de se dérouler.
Dire la vérité qui désespère, c'est faire la moitié du chemin vers la vérité qui console.
La plus cruelle des peines est de ne trouver de réconfort en aucune chose de ce monde.
Le bonheur ouvre le cœur à la bienveillance.
L'âme est faite pour aimer comme l'oiseau pour voler.
Le bonheur est la force de l'âme.
Le monde est plein de fugitifs d'eux-mêmes.
On n'est heureux qu'autant qu'on peut vivre avec soi-même.
Il y a un soleil qui luit pour tous.
L'habitude de jouir amortit le sens de la pitié.
Pour plaindre ceux qui souffrent, il faut avoir souffert.
Bien des personnes ne connaissent le bonheur que par ouï-dire, et n'ont vu tomber sur elles, de cette douce rosée, que quelques gouttes rares, et pour ainsi dire égarées.
Chacun de nous n'a pas place au soleil.
Il n'y a pas dans cette vie du bonheur pour tout le monde.
Tous les hommes sensés sont d'accord que si le bonheur ne nous vient pas de nous, il ne nous viendra de nulle part.
L'indifférence dans une âme, ce n'est pas la maladie, c'est la mort vivante.
On n'est pas croyant par tradition ; mais la tradition peut conduire à le devenir, soit qu'on examine la religion avec sa raison, soit qu'on la sonde ou qu'on la goûte avec son cœur.
L'indifférentisme est une dégénération de l'âme.
La plus cruelle des peines est de courir sans relâche après un terme qui fuit sans cesse.