Les plus belles citations de Christian Bobin :
Hier j'étais heureuse ; aujourd'hui je suis amoureuse, et ce n'est pas pareil.
Leçon ancestrale, coutume venue de la nuit des temps : Attendre infiniment sans rien attendre de personne.
Mon Dieu, protégez-nous de la perfection, délivrez-nous d'un tel désir.
Il y a plus fort que le malheur, c'est l'espérance. L'espérance, c'est simplement la pensée rafraîchissante qu'il existe autre chose que ce monde.
La religion est devenue une nourriture fade, qui ne nourrit plus personne, et quand elle parle du cœur c'est sans talent, parce qu'elle ne croit plus à ce mot.
J'aurai passé mes jours à regarder le reflet de la vie sur la rivière de papier blanc.
Vos poèmes sont si fins qu'ils se glissent entre la fleur et l'éclat de la fleur.
Rien ne s'éteint plus vite que l'incendie de l'irréel.
Oh la vie sainte des épouvantails ! Leur cœur troué par les balles du soleil !
Écrire l'inconsolable engendre une paix, comme une lampe qui tourne et propose ses ombres chinoises à l'enfant au bord de s'endormir. Quand je pense aux gens que j'aime et même à ceux que je n'aime pas, quand j'y pense vraiment, les bras m'en tombent. La vie s'approche de nous. Elle guette le moment favorable pour frapper puis, à chacun, elle lance : chante, maintenant. Vas-y, chante. Écris.
L'écriture est une petite fille qui parle à sa poupée. Les grands yeux d'encre de la poupée lui répondent, et par cette réponse un ciel se rouvre.
Ma mère m'a appris que j'étais né entre deux éclats de ses rires, ce qui sans doute explique le grain de cette phrase : nous allons par le pire à des choses très fleuries et très douces, accordées au secret de nos âmes.
Le couple, c'est le lieu de la vie soustraite.
L'amour est un sentiment friable, poreux, comme tous les sentiments.
Pour lire un roman, il faut deux ou trois heures ; pour lire un poème, il faut une vie entière.
L'amour est l'éveil chaque fois réinventé, chaque fois une première fois.
Ses jours sont à l'homme ce que ses peaux sont au serpent. Ils luisent un temps au soleil puis se détachent de lui.
La Bretagne est une terre belle comme l'enfance : les fées et les diables y font bon ménage.
L'amour n'est pas du côté de la sexualité dont tout le monde fait sa marchandise première.
Un lit de lumière, une chaise de silence, une table en bois d'espérance, rien d'autre : telle est la petite chambre dont l'âme est locataire.
L'art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d'émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir.
La mort nous prendra tous un par un, aussi innocemment qu'une petite fille cueillant une à une les fleurs d'un pré.
La main de la mère relevant avec nonchalance une mèche de cheveux sur le front de son enfant lègue à celui-ci une douceur qu'une vie entière n'épuisera pas.
Avec la fin de l'amour, apparaissent les rois mages : la mélancolie, le silence et la joie.
Le bonheur, ce n'est pas une note séparée, c'est la joie que deux notes ont à rebondir l'une contre l'autre.
Un jaloux ne peut trouver la paix que dans la mort de ce qu'il aime.
L'amour n'est pas mesurable à ce qu'il fait.
Par l'indifférence, vous atteignez à l'amour.
À vingt ans, on danse au centre du monde. À trente, on erre dans le cercle. À cinquante, on marche sur la circonférence, évitant de regarder vers l'extérieur comme vers l'intérieur. Plus tard, c'est sans importance, privilège des enfants et des vieillards, on est invisible.
Le temps perdu est comme le pain oublié sur la table, le pain sec. On peut le donner aux moineaux. On peut aussi le jeter. On peut encore le manger, comme dans l'enfance le pain perdu : trempé dans du lait pour l'adoucir, recouvert de jaune d'œuf et de sucre, et cuit dans une poêle. Il n'est pas perdu, le pain perdu, puisqu'on le mange. Il n'est pas perdu, le temps perdu, puisqu'on y touche à la fin des temps et qu'on y mange sa mort, à chaque seconde, à chaque bouchée. Le temps perdu est le temps abondant, nourricier.
La moindre joie ouvre sur un infini.
Les parents voient leurs enfants, jamais leurs âmes.
La plus haute forme de la connaissance : le rêve, l'adoration du silence.
Qu'est-ce qui distingue les anges de nous ? Leur très grand naturel.
La vérité n'est jamais si grande que dans l'humiliation de celui qui l'annonce.
Il y a très peu de gens qui savent rire de leur folie.
Quand la vérité éclaire partout, c'est l'amour.
Infiniment plus que tout : c'est le nom enfantin de l'amour, son petit nom, son nom secret.
Tristesse - la fatigue qui entre dans l'âme. Fatigue - la tristesse qui entre dans la chair.
Être infidèle à soi-même pour mieux rester fidèle à la vie dans notre vie.
Toutes les mères ont cette grâce à rendre jaloux Dieu même.
L'ennui c'est de l'amour qui s'apprête en silence.
Il n'y a pas de connaissance en dehors de l'amour.
Qu'il y ait, en cet instant où j'écris, deux personnes qui s'aiment dans une chambre, deux notes qui bavardent en riant, c'est assez pour me rendre la terre habitable.
Le succès est une épreuve que l'on réserve à ceux que l'indifférence n'a pas su tuer.
La lecture c'est la vie sans contraire, c'est la vie épargnée.
Quelle que soit la férocité des hommes, le sourire apparaît chaque fois que quelqu'un est mis au monde. Un sourire peut être angélique ou faux, mais un vrai sourire, c'est le sourire de quelqu'un qui a tout trouvé : il n'y a plus ni calcul ni séduction.
Un adulte qui parle de son père, c'est un homme qui réchauffe une ombre.
La pensée est comme l'amour : elle fait un crédit infini à ce qu'elle pense, elle ne l'enferme pas dans la tapette d'une formule ou dans les graines empoisonnées d'un savoir. Penser, c'est bouger avec ce qu'on pense, suivre ce qu'on pense et ne jamais lui enlever sa belle fourrure d'inconnu.
L'art de la conversation est le plus grand art. Ceux qui aiment briller n'y entendent rien. Parler vraiment, c'est aimer, et aimer vraiment, ce n'est pas briller, c'est brûler.
Il n'y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu'un qui voit le même monde que nous, c'est comme apprendre que l'on n'était pas fou.
Le paradis, c'est d'être sur terre.
C'est la flamme d'une parole qui renseigne le mieux sur l'âge des gens.
La vie en société c'est quand tout le monde est là et qu'il n'y a personne.
Moins aimer, c'est ne plus aimer du tout.