Les citations célèbres de Christian Bobin :
Faire l'amour en cachette, c'est comme voler des bonbons à l'épicerie, c'est délicieux.
Le rire est un château monté dans les airs par des anges maçons qui travaillent très vite.
L'amour de certaines mères est comme une corde passée au cou de l'enfant : au moindre mouvement de celui-ci vers la vie, le nœud coulant se resserre.
Quand mon père est fâché avec moi, je ne suis plus que la fille de ma mère.
On ne peut bien voir qu'à condition de ne pas chercher son intérêt dans ce qu'on voit.
La vérité est sur la terre comme un miroir brisé dont chaque éclat reflète la totalité du ciel.
La vérité, c'est comme les lapins : ça s'attrape par les oreilles.
Un poète, c'est joli quand un siècle a passé, que c'est mort dans la terre et vivant dans les textes.
Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, et en lisant le délivrer. C'est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère. Il y a plus de texte écrit sur un visage que dans un volume de la Pléiade et, quand je regarde un visage, j'essaie de tout lire, même les notes en bas de page.
Un visage humain, c'est une lettre à déchiffrer, porteuse de vie ou de mort.
La poésie c'est le bec grand ouvert de l'oisillon, et un silence qui tombe dans la gorge pourpre.
L'humanité a faim, plus encore que de pain ou de sexe, d'une vraie gaieté.
L'écriture c'est un ange. Un sourire qui cherche la sortie.
On se marie toujours trop tôt : il faudrait auparavant dépenser plusieurs forces, brûler plusieurs rêves, et éventuellement, le soir venu, épouser un passant. Éventuellement, mais non, c'est l'inverse, bref !
Ceux qu'on ne peut noyer dans les eaux d'un mépris, on les étouffe en les serrant dans ses bras.
Qui a vu un petit enfant éclater de rire a tout vu de cette vie.
Il y a beaucoup d'affinités, de connivences, entre la lecture et la prière : dans les deux cas, marmonnement. Dans les deux cas, silencieux commerce avec l'Autre.
Les parfums des fleurs sont les paroles d'un autre monde.
L'amour maternel est la plus haute figure de l'amour vrai.
Être amoureux, c'est souvent l'être vaguement.
Être vivant, c'est être vu, entrer dans la lumière d'un regard aimant.
L'amour de soi est à l'amour de Dieu ce que le blé en herbe est au blé mûr.
Le plus bel usage de cette vie, c'est de n'en rien faire.
Le travail des mères, c'est de protéger les enfants de la noire humeur des pères.
Le visage d'une mère est pour l'enfant son premier livre d'images.
Les mariages usent l'amour, le fatiguent, le tirent vers le sérieux et le lourd.
Bien peu de gens savent aimer, parce que bien peu savent tout perdre.
Qui commande et rit de ses commandements se met en position de diable.
L'intellectuel se distingue au tombé de sa parole.
La parole, plus que l'argent, fait l'aisance.