Les citations célèbres de Claude-Adrien Helvétius :
Qui veut savoir exactement ce qu'il vaut ne peut l'apprendre que d'autrui, et doit, par conséquent, s'exposer à son jugement.
Un homme regardé comme médiocre dans une société composée de gens de peu d'esprit est sûrement un sot.
La flamme de l'amour ne peut être éternelle : c'est en vain qu'un instant sa faveur te séduit ; le transport l'accompagne, et le dégoût le suit.
Le bonheur des peuples dépend et de la félicité dont ils jouissent au-dedans, et du respect qu'ils inspirent au-dehors.
On voit se soutenir la vertu persécutée et honorée, mais rarement la vertu persécutée et méprisée.
Les petites fautes dans un grand ouvrage sont les miettes qu'on jette à l'envie.
Un homme d'esprit passe souvent pour un fou devant celui qui l'écoute ; car celui qui écoute n'a que l'alternative de se croire sot, ou l'homme d'esprit fou : il est bien plus court de prendre le dernier parti.
Il faut être plus lent à condamner l'opinion d'un grand homme que celle d'un peuple entier.
Quiconque est perpétuellement en garde contre lui-même se rend toujours malheureux de peur de l'être quelquefois.
C'est le lot des esprits rares d'allier la justesse avec l'imagination.
On pourrait calculer la bonté d'un homme par son bonheur. J'entends par bonheur, non celui qu'on attribue à la fortune, mais celui qui naît d'une bonne santé, de la satisfaction ou du moins de la modération de ses désirs.
Lorsqu'il tombe une étincelle de l'amour dans un cœur, elle l'anime ; mais si l'amour en approche son flambeau, il le consume.
Un sage jouit des plaisirs, et s'en passe, comme on fait des fruits en hiver.
On tirerait des conséquences utiles de savoir que la mémoire est la même chose que le jugement et l'imagination. On pourrait déterminer quelles réflexions ou jugements ferait un homme en conséquence des faits qu'il a dans la mémoire, et quelle sorte de réflexions arrivera en conséquence d'une érudition vaste et profonde.
On est souvent trop sage pour être un grand homme. Il faut un peu de fanatisme pour la gloire, et dans les lettres et dans les gens d'état.
Il y a des chiens bons à une chasse, d'autres à d'autres chasses : pourquoi ne prendrait-on pas des amis dont on se servirait, des uns pour rire, d'autres pour raisonner, enfin d'autres pour pleurer avec nous ?
Dans un gouvernement, il arrive tous les jours des malheurs auxquels on ne peut remédier, faute de remonter à une source très éloignée, que souvent l'ignorance des ministres a fait tarir, tandis qu'on en ouvre d'autres dont le cours inconnu va empoisonner le bonheur public.
Quand une science ne produit pas un bien très près de sa source, on la regarde comme inutile : c'est un ruisseau qui semble se perdre dans la terre, et qu'on ne voit point produire une autre source.
On ne prendra jamais le mot homme pour cheval ; mais on prendra réfléchir pour penser : tout mot collectif occasionne des disputes, il n'y en a point aux mots d'images.
Les hommes laids, en général, ont plus d'esprit, parce qu'ils ont eu moins d'occasions de plaisirs, et plus de temps pour étudier.
La religion a fait de grands maux, et peu de petits biens.
Tous les événements sont liés. Une forêt du nord abattue change les vents, les moissons, les arts de ce pays, les mœurs et le gouvernement. Nous ne voyons pas toutes ces chaînes, dont le premier chaînon est dans l'éternité.
On sacrifie souvent les plus grands plaisirs de la vie à l'orgueil de les sacrifier.
Rarement les ministres qui ont de l'esprit choisissent des hommes supérieurs pour les mettre en place : ils les croient trop indociles, et pas assez admirateurs.
Ceux qui sont accoutumés à disputer dans les lieux publics doivent plutôt savoir l'art de rendre des idées que la manière de trouver des vérités.
Faire sa fortune n'est pas synonyme de faire son bonheur, l'un peut cependant s'accroître avec l'autre.
Dans le monde ce n'est pas l'ignorance qui est inadmissible, c'est l'impertinence.
Entre les plaisirs celui de l'amour est le plus vif ; pour en jouir, il faut se rendre agréable aux femmes.
Le désir de l'honneur s'attiédit chez un peuple, lorsque l'amour des richesses s'y allume.
Ce qui nuit le plus à l'avancement des arts et des sciences, c'est ce qu'on appelle ces gens de bon sens qui se donnent le titre de voir net, parce qu'ils ne voient pas loin.
L'art du politique est de faire en sorte qu'il soit de l'intérêt de chacun d'être vertueux.
Quels vents impétueux, ô puissante sagesse ! De l'île du Bonheur me repoussent sans cesse ?
L'amour de la vertu n'est que le désir du bonheur général.
Un siècle de lumière un jour doit ramener le siècle de bonheur qui semble s'éloigner.