Les citations célèbres d'Etienne François de Vernage :
Rien n'est si certain que la mort, rien n'est plus incertain que la possession des richesses, des honneurs et de toutes les choses de ce monde. Cependant les hommes se conduisent comme si c'était la seule chose qui fût certaine et permanente.
La véritable fermeté n'est autre chose qu'une résolution invariable de suivre la raison, et de ne l'abandonner jamais ; c'est une disposition à changer autant de fois que nous voyons ou qu'on nous fait voir, que la droite raison le veut.
La liberté est tellement naturelle aux hommes que rien ne leur paraît plus difficile à pratiquer que l'obéissance. C'est ce qui doit obliger les personnes qui commandent, d'adoucir par des paroles et par des manières obligeantes, tout ce que le commandement peut avoir de dur et de rebutant.
Les grandes entreprises faites à contretemps ne réussissent jamais, comme les semences quelques bonnes qu'elles soient ne poussent point, quand elles ont été jetées en terre hors de saison.
C'est exciter la haine que de s'offenser de la médisance, on ne saurait y répondre sans se faire de tort : Le moyen le plus sûr de la réprimer, c'est de ne pas s'en soucier, de l'oublier et de laisser dire les sots.
II n'y a rien de si ordinaire que d'entendre dire du mal d'autrui, ni rien en même temps qui soit si facile à persuader chez les médisants, quelque incroyable que la calomnie paraisse. C'est une grande marque d'incapacité et d'entêtement, que d'agir toujours selon les impressions qu'on reçoit des autres, et de ne laisser dans son esprit aucune place à l'innocence et à la vérité.
On ne devrait point croire le mal, sans l'avoir bien examiné, ce qui ne se fait presque jamais : les hommes étant naturellement paresseux et médisants.
Les belles paroles et les grandes promesses ne font impression que dans l'esprit des fous, des imbéciles et des sottes gens. Celui qui promet beaucoup, ne promet ordinairement rien, puisqu'il promet toujours plus qu'il ne peut tenir.
La prévoyance fait éviter plusieurs malheurs auxquels il serait impossible de remédier, si on attendait l'événement.
II y a des hommes si inconstants dans leurs résolutions, et tellement susceptibles de toutes sortes d'impressions, qu'on peut les comparer à de la cire molle, qui reçoit et qui perd avec la même facilité les figures qu'on lui donne. On ne doit point compter sur l'amitié et sur les promesses de ces sortes de gens, et encore moins leur faire la moindre confidence.
Un grand mérite est souvent plus difficile à supporter que les plus grands défauts.
Rien n'est plus capable d'attirer l'estime et l'approbation des hommes qu'un grand mérite accompagné d'humilité et de modestie.
L'occasion fait paraître le mérite, sans elle il deviendrait inutile.
Il y a une infinité de choses qu'il n'est pas bon de savoir ; il y en a qu'on doit dissimuler sagement. Enfin il y en a d'autres qu'il ne faut jamais approfondir, c'est à la prudence à faire le juste discernement de toutes ces choses.
La coutume, l'intérêt personnel et la passion conduisent la plupart des hommes, et non la raison.
Les dignités ne servent qu'à rendre méprisables ceux qui les possèdent sans les mériter.
Ce qui se fait dans la passion se fait toujours contre la raison, et procure par la suite de nombreux repentirs. Un moment de colère ou de folie, un emportement excessif, une parole qui nous échappe lors d'une dispute, coûte quelquefois plus d'un regret, et un bien long repentir sans espoir de retour.
Si l'on examine bien la dévotion de la plupart des hommes, on constate qu'elle ne consiste le plus souvent qu'en des pratiques extérieures auxquelles le cœur n'a point départ.
Les réflexions ne sont utiles que lorsqu'on les fait à propos, et dans le temps d'en pouvoir profiter : elles deviennent inutiles et sont source de chagrin, lorsqu'on les fait trop tard, et qu'il n'est plus temps de remédier aux choses.
Il y a autant de folie à rire de tout qu'à se vexer de tout.
L'intérêt chez l'hypocrite, le fait tantôt louer, et tantôt blâmer les mêmes personnes.
Parler et agir à propos, c'est être prudent ; faire consister la prudence dans un extérieur affecté, et dans des manières composées qui sont toujours un sujet de mépris et de raillerie, c'est une pure folie.
La conversation doit être aisée : pour y réussir, il faut savoir écouter, et toujours répondre à propos.
Les plaintes et les reproches ne guérissent de rien, et ne servent qu'à mépriser ceux qui les font.
On doit tâcher de remédier aux soupçons d'autrui en agissant sincèrement et honnêtement. Les excuses et les éclaircissements ne servent souvent qu'à nous rendre plus coupables, et à réveiller les sujets de plainte et de ressentiment, que le temps et le silence avaient comme assoupi.
La crainte et la honte accompagnent souvent le mal, et sont les vraies marques qui le font connaître.
Le cœur est rarement d'accord avec l'esprit, c'est ce qui fait que la plupart des hommes pensent bien, et vivent mal.
Le véritable mérite est toujours accompagné d'honnêteté et de modestie, comme le faux l'est de vanité et de fierté.
La faveur et l'emploi ne font pas le mérite, ils ne servent qu'à le faire valoir, et à le mettre en pratique.
On doit estimer également les hommes qui ont du mérite, soit dans leur élévation, soit dans leurs disgrâces. Comme la bonne fortune ne peut pas donner le mérite et les bonnes qualités, aussi la mauvaise ne saurait les ôter.
La passion qui exerce sa plus grande tyrannie sur l'homme, et qui le plonge dans les fautes les plus énormes, est celle de l'amour.
Le repos de l'homme dépend du calme de ses passions, et du retranchement des inquiétudes et des soins superflus : c'est en vain qu'il le cherche ailleurs.
La diversité des religions est la cause la plus ordinaire des troubles, de la rébellion, et des révolutions étranges qui arrivent dans les différents États. II n'y a point de rebelle ni de séditieux, qui ne justifie sa rébellion et ces crimes, par le prétexte spécieux de religion.
Il n'y a rien qui soit plus capable de décrier la véritable piété, qu'une dévotion mal réglée, bizarre et incommode : la vertu la plus pure n'est pas incompatible avec l'honnêteté, la civilité et les bienséances.
La plupart des hommes ne se conduisent en toutes choses, même les plus saintes, que selon leur humeur et leur tempérament.