On doit toujours se défier de ses passions, quelques raisonnables qu'elles paraissent. On a beau les couvrir du prétexte spécieux d'honneur et de piété, elles en deviennent pour lors plus injustes et plus dangereuses, et rien n'est capable d'en arrêter la violence.
Un esprit médiocre qui parle juste et à propos plaît davantage dans la conversation qu'un esprit sublime, lorsque celui-ci ne cherche qu'à briller, et qu'il ne s'efforce qu'à dire des choses extraordinaires et propres à le faire admirer.
Il est bien difficile qu'un magistrat adonné au luxe soit désintéressé et incorruptible.
L'ignorance de soi-même est la source de tous les vices.
Le mérite et la grandeur d'un homme ne se mesurent qu'à ses actions, et non pas à sa fortune.
Les commencements vigoureux réussissent quelquefois, mais la suite n'y répond pas.
Si tu veux savoir ce qu'on dit de toi en ton absence, écoute ce qui se dit des autres en ta présence.
Il n'y a rien de si vain, ni en même temps de si faux et hypocrite, que ces témoignages d'estime et d'affection que les hommes se donnent les uns aux autres, parce qu'il n'y a rien de moins sincère.
Ceux ne sont pas toujours les gens qui paraissent les plus honnêtes qui le sont.
Rien n'est plus pénible pour nos ennemis que de ne point répondre à leurs injures : celui qui s'offense facilement, découvre ses points faibles et son ressentiment, et encourage ceux-ci à en profiter.
La multitude des lois est une marque du dérèglement d'un État. Le bonheur d'un État dépend de l'observation des lois, et non pas de leur multiplication.
La médisance et la calomnie sont les vices des petits esprits, des gens oisifs et stériles en bonnes choses : c'est une bassesse d'âme, qui est toujours la marque d'un cœur lâche, et d'un esprit tordu.
On ne doit point trop se fier sur la faveur et sur la protection des hommes puissants ; l'une et l'autre dépendent de deux choses fort inconstantes : leur volonté et leur fortune.
Quelque soin que l'homme prenne à se déguiser, son naturel le fait tôt ou tard paraître tel qu'il est.
La plus grande faiblesse est de croire autrui sur parole, rien n'est plus ordinaire que le mensonge.
Si on savait borner ses désirs, on éviterait bien des maux.
Il y a plus de gloire à pardonner qu'il n'y a de plaisir à se venger : le pardon est la marque d'un grand cœur et d'un esprit bien fait, la vengeance est la marque d'un cœur haineux et d'un esprit violent.
Les défauts de l'esprit sont incurables chez la plupart des ignorants et des sots : pour les corriger, il faudrait les connaître, et malheureusement, la connaissance est ce qui manque le plus à un ignorant.
Le moyen de plaire dans une conversation, c'est de mettre en avant l'esprit des autres, et non le sien.
Le défaut de respect et d'estime rend l'amitié inconstante, et détruit la plus forte et la plus solide.
Les esprits de contradiction changent les conversations les plus douces en des disputes interminables. Pour éviter ce genre de problème, mieux vaut abréger la conversation avant qu'elle ne s'échauffe.
La plupart des hommes sont faux, intéressés et calculateurs.
Le bonheur de l'homme ne consiste pas à vivre sans passions, il consiste à en devenir le maître.
Ne perds pas ton temps avec ceux qui refusent de reconnaître leurs défauts, et de s'en corriger.
L'espérance est à l'homme une douce et fidèle compagne, c'est la dernière qui le quitte.
La connaissance de soi-même est le fondement de toutes les vertus.
Pour bien juger des hommes, il faudrait pouvoir lire dans leur cœur.
La lecture et les réflexions sont à l'esprit ce que les aliments sont au corps.
On ne saurait demeurer amis longtemps si on ne se pardonne réciproquement aucun défaut.
Le véritable honneur consiste à faire toujours ce que notre devoir exige de nous, quelque bas et quelque pénible qu'il paraisse.
La trop grande bonté d'un homme vertueux l'expose souvent à être trompé.
Une bonne action est récompensée par le plaisir de l'avoir faite.
Les mauvaises fréquentations mènent toujours plus loin que l'on ne pense.
Les mauvaises habitudes mènent toujours plus loin que l'on ne pense.
Une parole dite lors d'une dispute coûte quelquefois un repentir qui dure toute la vie.
L'hypocrisie est le voile dont on se sert pour couvrir les entreprises les plus pernicieuses.
Comme les hommes sont naturellement vains, la flatterie achève de les corrompre, parce qu'elle les empêche de réfléchir sur leurs défauts, et de s'en corriger.
Il n'y a point de véritable dévotion où l'humilité chrétienne et la charité envers le prochain ne se trouvent pas.
Les réflexions et les fréquents retours sur nous-mêmes nous découvrent les défauts et les imperfections de notre esprit, comme le miroir ceux du corps.
Rien de plus insupportable dans la conversation qu'un pédant rempli de vanité et de fierté.
Les grands hommes ne sont pas toujours ceux qui ont moins de passions, et plus de vertu que les autres : Ce sont souvent ceux qui ont le plus d'ambition, et qui sont plus téméraires, ou qui maîtrise l'art de mieux dissimuler leurs défauts que les autres.
La dévotion n'est souvent qu'un état de bienséance fort utile à ceux qui n'étant plus dans le pouvoir de faire une grosse dépense, ne sauraient subsister honnêtement, ni se rendre recommandables dans le monde d'une autre manière.
L'honnête homme est celui qui reconnaît ses fautes de bonne foi, qui les avoue franchement, et qui travaille sincèrement à s'en corriger.
Tout embarrasse les simples d'esprits, leur vie se passe dans des irrésolutions continuelles.
La vieillesse ne rend pas les hommes plus prudents ou plus sages, ils sont au contraire plus fous dans cet âge qu'ils n'étaient étant jeunes ; puisque les défauts de l'esprit croissent comme ceux du corps.
Le moyen le plus sûr de se consoler de tout ce qui peut arriver est de s'attendre toujours au pire.
Chaque homme en particulier considéré par rapport à l'univers n'est qu'un petit grain de sable. La durée de sa vie, quelque longue qu'elle soit, paraîtra bien courte si on la considère dans la suite des siècles qui se succèdent les uns aux autres.
Le dérèglement de la conscience est la source de toutes les imperfections de l'homme.
La vie de la plupart des hommes se passe sans dessein et sans but ; leur esprit erre sans cesse sans savoir où il va, ni où il veut être.
La défense d'une mauvaise cause est toujours pire que la cause même.
La plus grande partie des incommodités de la vieillesse ne vient ordinairement que d'une jeunesse déréglée.
Rien n'est si certain que la mort, rien n'est plus incertain que la possession des richesses, des honneurs et de toutes les choses de ce monde. Cependant les hommes se conduisent comme si c'était la seule chose qui fût certaine et permanente.
La véritable fermeté n'est autre chose qu'une résolution invariable de suivre la raison, et de ne l'abandonner jamais ; c'est une disposition à changer autant de fois que nous voyons ou qu'on nous fait voir, que la droite raison le veut.
La liberté est tellement naturelle aux hommes que rien ne leur paraît plus difficile à pratiquer que l'obéissance. C'est ce qui doit obliger les personnes qui commandent, d'adoucir par des paroles et par des manières obligeantes, tout ce que le commandement peut avoir de dur et de rebutant.
Les grandes entreprises faites à contretemps ne réussissent jamais, comme les semences quelques bonnes qu'elles soient ne poussent point, quand elles ont été jetées en terre hors de saison.
C'est exciter la haine que de s'offenser de la médisance, on ne saurait y répondre sans se faire de tort : Le moyen le plus sûr de la réprimer, c'est de ne pas s'en soucier, de l'oublier et de laisser dire les sots.
II n'y a rien de si ordinaire que d'entendre dire du mal d'autrui, ni rien en même temps qui soit si facile à persuader chez les médisants, quelque incroyable que la calomnie paraisse. C'est une grande marque d'incapacité et d'entêtement, que d'agir toujours selon les impressions qu'on reçoit des autres, et de ne laisser dans son esprit aucune place à l'innocence et à la vérité.
On ne devrait point croire le mal, sans l'avoir bien examiné, ce qui ne se fait presque jamais : les hommes étant naturellement paresseux et médisants.
Les belles paroles et les grandes promesses ne font impression que dans l'esprit des fous, des imbéciles et des sottes gens. Celui qui promet beaucoup, ne promet ordinairement rien, puisqu'il promet toujours plus qu'il ne peut tenir.
La prévoyance fait éviter plusieurs malheurs auxquels il serait impossible de remédier, si on attendait l'événement.
II y a des hommes si inconstants dans leurs résolutions, et tellement susceptibles de toutes sortes d'impressions, qu'on peut les comparer à de la cire molle, qui reçoit et qui perd avec la même facilité les figures qu'on lui donne. On ne doit point compter sur l'amitié et sur les promesses de ces sortes de gens, et encore moins leur faire la moindre confidence.
Un grand mérite est souvent plus difficile à supporter que les plus grands défauts.
Rien n'est plus capable d'attirer l'estime et l'approbation des hommes qu'un grand mérite accompagné d'humilité et de modestie.
L'occasion fait paraître le mérite, sans elle il deviendrait inutile.
Il y a une infinité de choses qu'il n'est pas bon de savoir ; il y en a qu'on doit dissimuler sagement. Enfin il y en a d'autres qu'il ne faut jamais approfondir, c'est à la prudence à faire le juste discernement de toutes ces choses.
La coutume, l'intérêt personnel et la passion conduisent la plupart des hommes, et non la raison.
Les dignités ne servent qu'à rendre méprisables ceux qui les possèdent sans les mériter.
Ce qui se fait dans la passion se fait toujours contre la raison, et procure par la suite de nombreux repentirs. Un moment de colère ou de folie, un emportement excessif, une parole qui nous échappe lors d'une dispute, coûte quelquefois plus d'un regret, et un bien long repentir sans espoir de retour.
Si l'on examine bien la dévotion de la plupart des hommes, on constate qu'elle ne consiste le plus souvent qu'en des pratiques extérieures auxquelles le cœur n'a point départ.
Les réflexions ne sont utiles que lorsqu'on les fait à propos, et dans le temps d'en pouvoir profiter : elles deviennent inutiles et sont source de chagrin, lorsqu'on les fait trop tard, et qu'il n'est plus temps de remédier aux choses.
Il y a autant de folie à rire de tout qu'à se vexer de tout.
L'intérêt chez l'hypocrite, le fait tantôt louer, et tantôt blâmer les mêmes personnes.
Parler et agir à propos, c'est être prudent ; faire consister la prudence dans un extérieur affecté, et dans des manières composées qui sont toujours un sujet de mépris et de raillerie, c'est une pure folie.
La conversation doit être aisée : pour y réussir, il faut savoir écouter, et toujours répondre à propos.
Les plaintes et les reproches ne guérissent de rien, et ne servent qu'à mépriser ceux qui les font.
On doit tâcher de remédier aux soupçons d'autrui en agissant sincèrement et honnêtement. Les excuses et les éclaircissements ne servent souvent qu'à nous rendre plus coupables, et à réveiller les sujets de plainte et de ressentiment, que le temps et le silence avaient comme assoupi.
La crainte et la honte accompagnent souvent le mal, et sont les vraies marques qui le font connaître.
Le cœur est rarement d'accord avec l'esprit, c'est ce qui fait que la plupart des hommes pensent bien, et vivent mal.
Le véritable mérite est toujours accompagné d'honnêteté et de modestie, comme le faux l'est de vanité et de fierté.
La faveur et l'emploi ne font pas le mérite, ils ne servent qu'à le faire valoir, et à le mettre en pratique.
On doit estimer également les hommes qui ont du mérite, soit dans leur élévation, soit dans leurs disgrâces. Comme la bonne fortune ne peut pas donner le mérite et les bonnes qualités, aussi la mauvaise ne saurait les ôter.
La passion qui exerce sa plus grande tyrannie sur l'homme, et qui le plonge dans les fautes les plus énormes, est celle de l'amour.
Le repos de l'homme dépend du calme de ses passions, et du retranchement des inquiétudes et des soins superflus : c'est en vain qu'il le cherche ailleurs.
La diversité des religions est la cause la plus ordinaire des troubles, de la rébellion, et des révolutions étranges qui arrivent dans les différents États. II n'y a point de rebelle ni de séditieux, qui ne justifie sa rébellion et ces crimes, par le prétexte spécieux de religion.
Il n'y a rien qui soit plus capable de décrier la véritable piété, qu'une dévotion mal réglée, bizarre et incommode : la vertu la plus pure n'est pas incompatible avec l'honnêteté, la civilité et les bienséances.
La plupart des hommes ne se conduisent en toutes choses, même les plus saintes, que selon leur humeur et leur tempérament.