Les 84 pensées et citations de François-Rodolphe Weiss :
Une petite imprudence est bien souvent la conséquence de nos plus grands malheurs.
L'homme a en général plus d'aptitude à la peine qu'au plaisir : les grandes souffrances peuvent être très longues, les grandes jouissances sont pour l'ordinaire très courtes ; l'habitude les émousse, et leur excès même se change en douleur.
Le premier pas vers la sagesse c'est d'oser douter de son savoir.
À vingt ans je me croyais un sage, à trente ans je soupçonnai que je n'étais qu'un sot.
L'homme qui préfère toujours l'honneur à l'intérêt, la vérité à la flatterie, la franchise à l'hypocrisie, se rend la terreur des âmes basses, et quelquefois l'objet de leur haine.
Un mauvais début amène souvent les fins les plus heureuses.
C'est une triste vérité, mais consolante dans l'infortune, qu'il est rare qu'on atteigne une certaine intelligence ou un bonheur solide, par une autre route que celle de l'adversité.
L'âme la plus vile est celle qui feint le mieux.
On n'est devant ses supérieurs que ce que l'on veut paraître.
Un des bienfaits de la nature est d'avoir placé une grande partie de notre bonheur dans l'opinion d'autrui. Cela établit une dépendance mutuelle, qui porte à se complaire réciproquement, et donne aux autres une espèce de pouvoir de punir et récompenser nos actions, par leurs louanges, ou leur blâme.
Tout homme dont l'amour-propre est dirigé de manière à contribuer au bonheur de la société est digne d'estime, comme celui qui tend à la troubler mérite notre mépris.
Sachez plier lorsque la résistance est vaine, mais ne rompez pas.
L'opulence a un million, elle en veut plusieurs ; est-t-elle princesse, elle veut être reine.
L'avare est un pauvre homme, seul et isolé de tous, au milieu de l'opulence.
Pour goûter le vrai repos, il faut que le travail le précède.
L'occupation est un des plus sûrs préservatifs contre le désordre et les langueurs de l'âme.
Qui n'a point d'occupations doit s'en faire.
L'amour et ses transports exigent les charmes du visage, les grâces de l'esprit, la noblesse de l'âme, la vigueur du caractère, la force du tempérament, et diverses autres relations de fortune et de circonstances qui se trouvent très rarement réunies dans le même homme.
Il est absolument faux qu'on ne puisse aimer qu'une fois. On peut, à la trentième, être plus éperdument épris qu'à aucune des précédentes. Les personnes qui sont sur le retour, et particulièrement les femmes, lorsqu'elles pensent que c'est peut-être la dernière passion qu'elles puissent éprouver ou inspirer, y joignent un attendrissement, une douceur, une délicatesse d'attentions et de prévenances, qui dédommagent du déclin de leur beauté.
La femme la plus chaste regrette quelquefois d'être obligée de l'être.
L'avare est un fou qui se rend pauvre de crainte de le devenir.
La plupart des penchants nuisibles portent leur punition avec eux.
Il ne se fait rien de grand sur terre sans un peu d'enthousiasme.
Sans la sensibilité, tout homme est un homme ordinaire.
Un caractère modeste, flexible, indifférent, est un des premiers dons de la nature, peut-être celui qui contribue le plus au bonheur particulier, et qui est le plus propre à toutes conditions.
On se livre d'abord au plaisir d'une petite émotion, qui réveille les sens : elle fermente peu à peu ; la raison devient plus confuse ; la gaieté se change en fougue, la fougue en délire ; les forces augmentent, les écarts s'accumulent ; l'épuisement succède, la léthargie suit ; puis l'on se réveille étonné, abattu, honteux des excès qu'on a commis, et que tout le reste d'une vie ne peut souvent réparer.
Les passions ressemblent aux vents qui enflent les voiles d'un vaisseau, qui le submergent quelquefois, mais sans lesquels il ne pourrait voguer. La sagesse en est le pilote qui le guide à travers les écueils et les tempêtes de la vie.
La douleur est l'aiguillon de la pensée : l'excès des souffrances se repliant sur elles-mêmes, pousse la réflexion jusque dans ses derniers refuges : Elle considère toutes les faces, combine toutes les possibilités, et portant vers leurs extrêmes, développe en nous des forces, des idées, des ressources, qu'un sort plus propice eût laissées dans l'inaction.
Qui n'a jamais éprouvé la misère, l'opprobre, les regrets et les maladies, ignore la moitié des sentiments humains.
Ne te tourmente pas d'avance pour des maux qui n'arriveront peut-être jamais.