Les écrivains qui sortent le soir ne s'amusent jamais complètement : ils travaillent, que voulez-vous ; vous croyez qu'ils déconnent alors qu'ils sont au bureau, en train de chercher la phrase qui justifiera leur gueule de bois du lendemain. Si la moisson est bonne, quelques phrases survivront à la relecture et seront intégrées à un paragraphe. Si la soirée est ratée, il n'y aura rien en magasin, pas même une métaphore, une blague, un calembour ou un ragot. Malheureusement, quand il n'y a rien à glaner, les écrivains ne s'avouent pas vaincus : l'échec leur fournit un prétexte pour sortir plus encore, buvant davantage, comme des chercheurs d'or qui s'acharneraient dans une mine désaffectée.