L'assistance honore quand elle prend l'homme par en haut, quand elle s'occupe, premièrement de son âme, de son éducation religieuse, morale, politique, de tout ce qui l'affranchit de ses passions et d'une partie de ses besoins, de tout ce qui le rend libre, et de tout ce qui peut le rendre grand.
L'assistance humilie si, en nourrissant ceux qui souffrent, vous ne semblez occupé que d'étouffer des plaintes qui attristent le séjour d'une grande ville, ou de conjurer les périls qui en menacent le repos.
N'attendons pas toujours que l'occasion vienne nous saisir, sachons quelquefois la provoquer et marcher à la tête des événements pour les conduire au terme de nos volontés.
Que votre esprit soit flexible, employez vos efforts à rendre la volonté souple et obéissante aux occasions et aux circonstances. Les caractères graves et qui ne savent pas changer ont d'ordinaire plus de dignité que de bonheur.
Le comble de l'habileté, mais aussi le comble de l'impudence, c'est de publier hautement ses vices et de s'en faire gloire ; et, pour mieux en imposer à l'opinion, de feindre la timidité et le scrupule en des points où l'on sait qu'on excelle.
L'aveu hardi d'un défaut qui ne peut se cacher est un remède peu délicat, mais d'une efficacité souveraine. Celui qui professe un mépris absolu pour les qualités qui lui manquent ressemble aux marchands habiles qui ont coutume d'exalter la valeur de leurs marchandises et de déprécier celles de leurs concurrents.
Il n'est point rare de rencontrer des esprits solides qui sont punis d'une discrétion trop scrupuleuse, et qui, faute de vent, ne font point voile sur la mer de ce monde.
Vantez-vous avec audace, toujours quelque chose en demeurera dans l'opinion de vos auditeurs.
Calomniez audacieusement, il en reste toujours quelque chose.
Il est beau de se connaître, mais c'est peu si l'on ne médite ensuite l'art de se montrer et de se cacher à propos, de parler ou de se taire, de fléchir et de se relever, de modifier au degré convenable ses penchants ou sa conduite.
Le langage est le fard de la pensée, mais sous ce fard la réalité se fait jour dans les paroles que la surprise arrache, ou qui échappent dans le trouble.
Après la connaissance des autres doit venir la connaissance de soi-même. Il est nécessaire de se soumettre à un examen rigoureux, de ne point se traiter avec trop de bienveillance, de se demander compte de ses facultés, de ses forces, de ses ressources, et aussi de ses défauts, de ses incapacités et des obstacles que l'on doit craindre.
Les jugements des supérieurs sont suspects, parce que rarement il leur est donné de voir à découvert dans l'esprit de ceux qui leur obéissent et de ceux qui les craignent.
La rumeur publique mérite peu de foi.
La clef qui ouvre infailliblement les plus secrètes entrées des cœurs, c'est l'examen attentif des caractères que donne la nature, et des fins vers lesquelles tendent les désirs des hommes. L'observateur doit se garder d'un excès de finesse qui lui ferait supposer dans le commun des hommes une habileté qu'ils n'ont pas. Il en est d'autres qu'il faut scruter jusque dans les plus profonds replis de l'âme.
Souvent la fraude se prépare la confiance d'autrui par sa fidélité dans les petites choses, afin de mieux tromper dans les grandes.
Souvent la fraude se fait précéder d'un fantôme de loyauté.
Les actions sont les gages les plus sûrs de la volonté.
Dites un mensonge, on vous dira la vérité.
Le christianisme est amour autant que lumière, et la lumière même ne s'y communique pas seulement par l'étude et la lecture, elle se communique par la parole vivante aussi bien que par la parole écrite, parce qu'il s'agit d'une religion populaire qui est d'abord celle des pauvres et de ceux qui ne lisent pas ; la lumière comme l'amour s'y communique par le contact, par l'âme.
Lorsque Dieu veut faire un monde nouveau, il ne brise que lentement l'édifice ancien qui doit tomber, et il s'y prend de loin pour élever le monument moderne qui lui succédera.
Baisse les yeux, il te sera bon pour faciliter la route de voir le sol où reposent tes pieds.
L'amour platonique donne aux cœurs élevés cette leçon de savoir aimer sans jouir.
L'habitude de tirer l'épée pour autrui élève les caractères.
La chevalerie unit par la fraternité des armes et par l'égalité des devoirs.
Le progrès est une lutte, et cette lutte a des alternatives de défaite et de victoire.
Il n'existe pas d'ignorance si épaisse qui ne soit sillonnée de quelque lumière.
L'espérance pousse l'homme par les épaules dans le chemin ténébreux. Et si, plus d'une fois durant la route, il sent ses genoux trembler et son cœur défaillir, c'est elle qui le ranime et le force à marcher jusqu'au bout en lui montrant l'idéal qui lui sourit au ciel.
Pressé par le commandement de faire à autrui le bien qu'il se veut à lui-même, et se voulant un bien infini, celui qui aime les hommes ne trouvera jamais qu'il ait assez fait pour eux jusqu'à ce qu'il ait consumé sa vie dans le sacrifice et qu'il meure en disant : Je suis un serviteur inutile.
La beauté, c'est l'unité, l'ordre, l'harmonie.
Il faut beaucoup aimer l'homme pour respecter son droit qui borne notre droit et sa liberté qui gêne notre liberté.
Il ne faut pas que les âmes perdent leurs ailes, et que, renonçant à la hauteur d'une perfection qu'on leur déclare impossible, elles se rejettent tout entières vers de faciles plaisirs.
Souvent il est bon d'humilier les hommes, mais jamais de les désespérer.
L'amour m'a mis dans la fournaise, l'amour m'a mis dans la fournaise d'amour.
Dans votre vaste et florissante cité, il y a certainement des riches qui n'ont ni la facilité ni le temps d'aller en personne secourir les pauvres. Allez à eux et dites-leur : Si vous ne pouvez visiter vous-mêmes l'indigent dans sa demeure, s'il vous est impossible de le secourir personnellement, nous voici prêts à nous charger de cette mission ; nous tiendrons à honneur d'être à la fois vos ambassadeurs, les pourvoyeurs des pauvres, les serviteurs de Jésus-Christ, de Jésus-Christ, Dieu des pauvres et des riches, le plus grand des riches, puisqu'il l'est par sa nature, le plus saint des pauvres, puisqu'il l'est par sa volonté.
La société se divise en deux camps, ceux qui ont et ceux qui n'ont pas.
Il faut distribuer du pain aux familles en pleurs, et envoyer à l'école les enfants négligés.
Je vous souhaite du fond du cœur des jours heureux et tranquilles, mais il vous sera bien difficile de suivre le cours de la vie présente, sans rencontrer, ou plus tôt ou plus tard, les jours mauvais. Que Dieu vous protège !
Bénissez les heures employées à secourir des malheureux qui, peut-être, ont souffert plus encore que vous. Ce souvenir allégera vos épreuves, et vous sera en même temps une occasion d'avancer de plus en plus dans la voie du bien.
Heureux celui qui a l'intelligence de sa mission près du pauvre et de l'indigent ; le Seigneur lui viendra en aide aux jours mauvais.