Commencer et changer sont loin de correspondre. On peut clairement enseigner un commencement ; on ne peut guère que suggérer un changement.
Le temps se charge de réaliser le probable, de rendre effective la probabilité.
L'être rêvant dans la nuit sereine trouve le merveilleux tissu du temps qui se repose.
La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
Qui est enseigné doit enseigner. Une instruction qu'on reçoit sans la transmettre forme des esprits sans dynamisme, sans autocritique.
Aimer l'univers infini, c'est donner un sens objectif à l'infinité de l'amour pour une mère.
Pour le savant, la connaissance sort de l'ignorance comme la lumière sort des ténèbres.
Pour penser, pour sentir, pour vivre, il faut mettre de l'ordre dans nos actions, en agglomérant des instants dans la fidélité des rythmes, en unissant des raisons pour faire une conviction vitale.
Voulez-vous être calme ? Respirez doucement devant la flamme légère qui fait posément son travail de lumière.
Le mangeur d'opium, pour profiter de la rêverie calmante, doit avoir de vastes loisirs.
Il y a si loin du livre imprimé au livre lu, si loin du livre lu au livre compris, assimilé, retenu !
Aimer, c'est échapper au doute, c'est vivre dans l'évidence du cœur.
L'amertume de la vie, c'est le regret de ne pouvoir espérer, de ne plus entendre les rythmes qui nous sollicitent à jouer notre partie dans la symphonie du devenir.
L'échec n'est qu'une preuve négative, l'échec est toujours expérimental.
L'être livré à la raison trouve ses forces dans la solitude.
Dis-moi comment l'on te cherche, je te dirai qui tu es.
Toute rêverie devant la flamme est une rêverie qui admire.
L'habitude est la volonté de commencer à se répéter soi-même.
Pour être heureux, il faut penser au bonheur d'un autre.
L'amour n'est qu'un feu à transmettre ; le feu n'est qu'un amour à surprendre.
Tout rêveur de flamme est un poète en puissance.
Avouer qu'on s'était trompé, c'est rendre le plus éclatant hommage à la perspicacité de son esprit. C'est revivre sa culture, la renforcer, l'éclairer de lumières convergentes. C'est aussi l'extérioriser, la proclamer, l'enseigner. Alors prend naissance la pure jouissance du spirituel.
La poésie, c'est le langage qui est libre à l'égard de soi-même.
Le possible est une tentation que le réel finit toujours par accepter.
La manière dont on imagine est souvent plus instructive que ce qu'on imagine.
Toute nouvelle vérité naît malgré l'évidence.
L'amour devient famille ; le feu devient foyer.
L'individualité est un apanage de la complexité, et un corpuscule isolé est trop simple pour être doué d'individualité.
On ne critique pas la technique de ses pères.
La profondeur, c'est ce qu'on cache ; c'est ce qu'on tait. On a toujours le droit d'y penser.
Une idée qui évolue est un centre organique qui s'agglomère.
On tient beaucoup à ce qu'on a péniblement acquis.
Le courage intellectuel, c'est de garder actif et vivant cet instant de la connaissance naissante.
On se souvient d'avoir été, on ne se souvient pas d'avoir duré.
La désillusion de l'enfant toujours déçu par l'intérieur du polichinelle n'a d'égale que la désillusion de l'amoureux quand il connaît sa maîtresse.
On démontre le réel, on ne le montre pas.
La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres.
Il faut que la volonté imagine trop pour réaliser assez.
En toutes circonstances, la vie prend trop pour avoir assez.
L'image démontre, le symbolisme affirme.
Les nuits profondes nous rendent à l'équilibre de la vie stable.
Le mot âme est un mot immortel : Dans un poème, il est ineffaçable.
Comprendre la vie, c'est plus que la vivre, c'est la propulser.
Amour de la paix ; respect de la vie.
Un vrai sur fond d'erreur, telle est la forme de la pensée scientifique.
Une intuition ne se prouve pas, elle s'expérimente.
On ne résiste jamais complètement à un préjugé qu'on perd beaucoup de temps à attaquer.
La raison n'est nullement une faculté de simplification. C'est une faculté qui s'éclaire en s'enrichissant. Elle se développe dans le sens d'une complexité croissante.
Le rêve est plus fort que l'expérience.
Entendre est plus dramatique que voir.
La flamme est un monde pour l'homme seul.
La page blanche ! ce grand désert à traverser, jamais traversé.
Se moquer de soi-même, c'est avancer.
Être poète, c'est multiplier la dialectique temporelle, c'est refuser la continuité facile de la sensation.
Quand il s'agit d'écrire des sottises, il serait vraiment trop facile de faire un gros livre.
La poésie a un bonheur qui lui est propre, quelque drame qu'elle soit amenée à illustrer.
Le feu couve dans une âme plus sûrement que sous la cendre.
Si, dans une expérience, on ne joue pas sa raison, l'expérience ne vaut pas la peine d'être tentée.
Sans un regard de femme, que vaut la peine des hommes ?
La science est l'esthétique de l'intelligence.
L'amour est le contact de deux poésies, la fusion de deux rêveries.
La mort accumule le désespoir, mais c'est peut-être le désespoir qui fait désirer la mort.
Le temps des hypothèses décousues et mobiles est passé, comme est passé le temps des expériences isolées et curieuses. Désormais, l'hypothèse est synthèse.
Reconnaître n'est pas connaître ; on reconnaît facilement ce qu'on ne connaît pas.
Qui est enseigné doit enseigner.
Dis-moi ce que tu vois et je te dirai ce que c'est.
Il ne suffit point à l'homme d'avoir raison, il faut qu'il ait raison contre quelqu'un. Sans l'exercice social de sa conviction rationnelle, la raison profonde n'est pas loin d'être une rancune.
La plus grande des forces, c'est la naïveté.
Les mots et leurs tendres flexions, nous aident à bien rêver. Donnez des qualités aux choses, donnez, du fond du coeur, leur juste puissance aux êtres agissants, et l'univers resplendit. Une bonne lampe, une bonne mèche, de bonne huile et voilà une lumière qui réjouit le coeur de l'homme.
La flamme est un sablier qui coule vers le haut. Plus légère qu'un sable qui s'écroule, la flamme construit sa forme, comme si le temps lui-même avait toujours quelque chose à faire.
L'âme rêvante sait que cette vie est un long sommeil, une mort alanguie, lente.
L'homme est animé du besoin de paraître grand, d'élever le front.