Réfléchir est utile, mais agir sans trop réfléchir est parfois nécessaire.
L'action seule révèle la nature de notre intelligence et la valeur de notre caractère.
Les passions modérées sont les plus durables. On arrive vite à ne plus se supporter quand on commence par trop s'aimer.
L'amour élève ou abaisse, il ne nous permet donc pas de rester nous-mêmes.
L'affectif étant mal exprimable en termes intellectuels, vouloir raisonner sur l'amour c'est forcément déraisonner.
La morale s'apprend seulement par la pratique.
Canalisée par une bonne méthode, l'intelligence la plus faible arrive à progresser.
On ne se conduit pas avec son intelligence mais avec son caractère.
L'intelligence fait penser ; la croyance fait agir.
Les foules ne créent pas l'opinion mais lui donnent sa force. Une opinion populaire devient vite contagieuse.
Le foule comprend rarement quelque chose aux évènements qu'elle accomplit.
Le jugement sans volonté est aussi inutile que la volonté sans jugement.
La discipline qui n'a pas d'autre soutien que la peur des lois n'est jamais bien sûre, et une société qui ne repose que sur le gendarme n'est jamais bien solide.
La discipline peut remplacer bien des qualités ; aucune ne remplace la discipline.
Instruire n'est pas éduquer. L'instruction enrichit la mémoire. L'éducation crée chez l'homme des réflexes utiles et lui apprend à dominer les réflexes nuisibles.
La hardiesse sans jugement est dangereuse ; le jugement sans hardiesse, inutile.
Mariage de raison ou fantaisie passagère, voilà parfois les formes de l'amour !
La blessure faite par la parole ne se cicatrise jamais.
Qui abandonne le certain pour courir après l'incertain fuit à la fois le certain et l'incertain.
La fortune met en lumière les qualités, comme le soleil éclaire tout ce qui existe.
L'intolérance des opinions est plus forte que la tolérance parce que la première est d'origine affective et la seconde d'origine rationnelle.
La souris ne peut engendrer qu'une souris.
Dans une bouche qui sait se taire une mouche ne saurait entrer.
L'avenir est contenu dans le présent comme le chêne l'est dans le gland. Le temps fait sortir le chêne du gland, mais ne le crée pas.
La nourriture intellectuelle donnée par l'instruction est comparable à la nourriture matérielle. Ce n'est pas ce qu'on mange qui nourrit, mais seulement ce qu'on digère.
L'intelligence et les sentiments sont des compagnons inséparables, mais qui, depuis l'origine des âges, ont rarement réussi à s'entendre.
On ne peut venir à bout des femmes ni par force, ni par préceptes : ce sont des êtres indomptables.
L'aptitude à réfléchir implique toujours l'aptitude à l'attention.
Il n'est d'éducation utile que celle cultivant les aptitudes spéciales de chaque être. On obtient alors tout ce que l'élève peut donner sans exiger un inutile travail.
À quoi sert l'étude des livres à celui qui est naturellement dépourvu d'intelligence ?
Une entente sans écrit vaut mieux qu'un écrit sans entente.
La raison cherche la vérité, la croyance incarne nos désirs, c'est pourquoi l'homme préférera toujours la croyance à la connaissance.
De tous les biens, la science est le plus grand, parce qu'on ne peut ni l'enlever à autrui, ni l'acheter, et qu'elle est impérissable.
Les sentiments simulés finissent quelquefois par devenir des sentiments éprouvés.
Une illusion tenue pour vraie agit comme une vérité.
Le milieu crée nos opinions ; les passions et l'intérêt les transforment.
L'arbuste qui produit la rose produit aussi l'épine.
C'est en poursuivant des chimères que l'homme a souvent réalisé des progrès qu'il ne cherchait pas.
La grande force des croyances est de donner des espérances que la raison ne saurait créer.
Malgré tous ses progrès, la science contient encore plus de croyance que de connaissance.
Si les opinions les moins fondées sont généralement très opiniâtres, c'est qu'elles ont pour soutien des éléments affectifs et mystiques sur lesquels la raison est sans prise.
Contester la valeur d'une opinion d'origine affective ou mystique, c'est la fortifier.
L'absence d'esprit critique favorise beaucoup l'adoption des opinions générales nécessaires à l'existence d'une société. Un peuple dont toutes les unités seraient douées d'esprit critique ne durerait pas longtemps.
La libre pensée ne constitue souvent qu'une croyance qui dispense de la fatigue de penser.
La nécessité enseigne la tolérance.
Une absurdité propagée par contagion mentale cesse bientôt de passer pour une absurdité.
Qui sait dompter ou séduire n'a pas besoin de discourir pour persuader.
Le plaisir est éphémère, le désir durable. C'est pourquoi les hommes sont plus facilement menés par le désir que par le plaisir.
Toutes les émotions sont contagieuses. L'orateur doit d'abord éprouver celles qu'il veut faire partager.
La raison se brise toujours devant le mur de la croyance.