Les 76 pensées et citations de Jean Baptiste Blanchard :
Présomption : Opinion trop avantageuse de soi-même.
On doit porter secours à tous, personne ne doit être exclus.
La beauté fait mal à la tête, et la laideur au cœur.
La dissimulation ne doit aller que jusqu'au silence, il n'est pas permis d'y joindre le mensonge et la duplicité.
L'ami de son salut et de la sagesse est ami du silence.
Que de peines ne s'épargne-t-on pas en pardonnant ! Quelle foule de mouvements furieux dans l'âme de celui qui cherche à se venger ! Il en est agité nuit et jour, il ne goûte pas un moment de repos, si son ennemi est à l'abri de ses coups et se rit de ses vains efforts ; quel cruel désespoir !
On ne juge souvent les autres que d'après soi-même.
À l'égard de l'amitié entre personnes de différents sexes, si elle est quelquefois plus agréable, elle est aussi plus dangereuse, surtout pour les femmes. Plusieurs d'elles, d'un excellent caractère et de beaucoup de mérite, ont été perdues par des hommes sous le prétexte de l'amitié. En supposant dans un homme la probité et l'honneur au plus haut degré, son amitié pour une femme tient de si près à l'amour, que, si elle a quelques charmes dans sa personne, elle aura bientôt pour amant celui qu'elle ne voulait avoir que pour ami.
C'est une chose assez rare de savoir manier la louange, et de la dispenser avec agrément et avec justice. L'orgueil grossier ne loue que soi-même, et on le méprise ; la vanité fine et délicate ne loue que pour avoir du retour, et l'on s'en aperçoit ; le misanthrope ne loue point, parce qu'il n'est content de personne, et personne n'est content de lui ; le louangeur se décrédite, et ne fait honneur ni à lui, ni aux autres, l'homme sage loue ce qui mérite d'être loué.
Que vos remontrances soient moins des leçons que des conseils ; qu'elles paraissent dictées par l'amitié et inspirées par l'intérêt que vous prenez à la personne qui en est le sujet. La raison peut éclairer, mais c'est le sentiment qui persuade ; et lorsque c'est le cœur qui parle, il est toujours sûr de toucher le cœur qui l'écoute. Il faut blâmer le vice sans irriter le vicieux.
Il est bien plus honorable de laisser de beaux exemples à ses descendants, que d'en recevoir de ses ancêtres et de les imiter si mal, comme il n'arrive que trop souvent : car il est rare que le mérite des grands hommes passe à leurs enfants, et que leurs successeurs soutiennent dignement toute la gloire dont ils ont hérité.
Si la noblesse est vertu, elle se perd par tout ce qui n'est pas vertueux ; et si elle n'est pas vertu, c'est peu de chose. Si vous n'êtes pas noble, méritez de l'être. Soyez honnête homme, généreux, ami du vrai, inviolable dans vos paroles, maître de vos passions ; on ne regardera point, pour vous donner son estime, si vous êtes gentilhomme.
Lorsque vous faites l'aumône, faites-la promptement et de bon cœur. La faire à regret, pour se délivrer de l'importunité, c'est vouloir en perdre tout le mérite.
Nourrir les mendiants c'est contribuer à multiplier les gueux et les vagabonds qui se plaisent à ce lâche métier, et qui se rendent à charge à la société, la privant encore du travail qu'ils y pourraient faire.
Les seuls éloges dont les riches et les grands soient en droit de ne pas se défier, ce sont les éloges qu'ils obtiennent de la reconnaissance ; toute autre louange peut s'adresser à leur fortune, celle-là ne s'adresse qu'à leur personne.
Les plus prompts à décider sont presque toujours ceux qui ne devraient jamais décider.
Tachons de faire mieux que ceux qui font bien, c'est la plus belle et plus glorieuse vengeance que nous puissions exercer contre ceux qui pourraient être l'objet de notre jalousie.
Il ne faut pas être moins prudent à se rendre caution qu'à prêter.
Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ; faites-leur ce que vous voudriez raisonnablement qui vous fût fait à vous-même. Aimez Dieu, aimez vos semblables, aimez davantage ceux qui ont plus de droit à votre amour, tels que tous vos bienfaiteurs, et surtout vos parents.
Si vous avez le malheur d'avoir une méchante femme qui vous afflige par sa mauvaise humeur ou par ses désordres, gardez-vous bien de vous en plaindre publiquement. C'est un mal honteux qu'à peine faut-il découvrir aux médecins. Que la femme soit libertine, qu'elle soit violente, le mari se fait tort dès qu'il en parle et qu'il l'accuse. Le déshonneur de la femme est la honte du mari. Il n'est pas moins de son intérêt de tenir le mal secret que de le guérir. Le point est d'y remédier efficacement, et d'empêcher pourtant, que le malade ne crie : il faut pour cela beaucoup de force et de prudence. Ne faites des remontrances que quand la réflexion est de retour, pour n'avoir pas à combattre le sort du caprice. On est rarement en état d'entendre la voix de la raison dans la fougue des emportements, et la femme encore moins que l'homme.
Celui qui répand le sang, et celui qui prive l'homme du fruit de son travail, sont frères. C'est un de ces péchés qui crient vengeance au ciel, et que la justice divine laisse rarement impunis dès cette vie même.
La flatterie est toujours un vice ; et la véritable politesse, ainsi que la parfaite droiture, rougirait de s'en servir. C'est essentiellement une louange fausse, au lieu qu'on peut flatter par des louanges véritables ; et il est souvent même à propos de le faire, pour mieux s'insinuer et pour mieux persuader quelques avis salutaires, ou faire recevoir une correction utile. Mais si l'on ne peut plaire qu'en employant le déguisement et le mensonge, il faut sacrifier la politesse à la vérité.
Mieux vaut demeurer avec un lion ou avec un dragon que vivre avec une femme méchante.
De toutes les bonnes qualités, il n'en est peut-être point qui demande plus de discernement que la complaisance. Faites trop peu, vous tombez dans la rudesse ; faites trop, vous devenez rampant et servile. Le milieu est délicat ; mais aussi la vraie complaisance est une vertu bien estimable. Il faut avoir le cœur bien fait, pour aimer à faire plaisir : il faut beaucoup d'esprit pour se plier décemment à celui des autres ; il faut bien de la patience pour supporter les humeurs, les défauts, et quelquefois les caprices, sans en être rebuté ; il faut bien de la fermeté pour ne jamais rien accorder de ce que défend le devoir. C'est ce qui fait qu'il y a si peu de vrais complaisants. Au lieu de plier, dans tout ce qui est permis, ses goûts et ses idées à celles des autres, chacun au contraire veut dominer, se faire écouter, l'emporter.
Promettez ce que vous pouvez à votre ami, mais ne vous mettez pas en peine de rien tenir.
L'homme qui a des sentiments, regarde le déguisement, la fourberie, comme une tache honteuse et flétrissante ; et il aimerait mieux périr que de se procurer les plus grands avantages par une trompeuse dissimulation.
L'honnête homme ne méprise pas seulement le mensonge, mais il le hait, il le déteste. Ne craignez jamais de dire la vérité, et abhorrez le mensonge plus que la mort.
La vie des menteurs est une vie sans honneur, leur confusion les accompagne sans cesse.
La plus légère désobéissance d'un enfant doit être punie. Pliez sa volonté dans toutes les occasions, et accoutumez-le même doucement à être refusé, à être privé des choses pour lesquelles il a témoigné trop d'ardeur, afin qu'il apprenne à modérer ses désirs : cela est d'une grande conséquence pour la suite.
Il faut pétrir le pain des enfants avec le levain de la raison, et les accoutumer à la sentir et à la goûter.