Recueil de poésie et de citations ainsi que des proverbes.

Joséphine Lazerac de Limagne

Quelques mots sur l'auteur :

Photo de Joséphine Lazerac de Limagne Institutrice et poétesse française née à Paris le 10 juillet 1848, Joséphine Lazerac de Limagne est décédée le 5 janvier 1873 à Paris des suites d'une maladie de poitrine à l'âge de 24 ans. Elle repose dans le cimetière Montparnasse. Mlle de Limagne prit de bonne heure l'habitude de noter les petits incidents de ses journées dans son journal intime ; elle ajouta peu à peu à ces comptes rendus les réflexions que lui suggéraient ses retours sur elle-même et sur le spectacle de la vie humaine.

Les 56 pensées et citations de Joséphine Lazerac de Limagne :

Les voyages, je ne vois rien de plus agréable ; la portière du wagon qui nous emporte, c'est une fenêtre qui s'ouvre sur le monde.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La vie est une ombre de ce qui n'est pas, une illusion, une chimère.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

L'ennui, ce fond de la vie humaine, qui rentre par une porte quand on le chasse par l'autre.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Qu'y a-t-il de plus naturel à l'homme que ce mouvement d'un cœur qui se penche vers un autre pour y verser un secret ?

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Je veux tout ou rien, les demi-mesures ne valent jamais grand-chose.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La joie de mourir en paix vaut bien la peine de vivre sans plaisirs.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La jeunesse a besoin d'occupation, l'oisiveté n'est bonne qu'à entretenir les rêves.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

L'étude est un assez bon spécifique contre l'ennui, cet hôte incommode qui s'enracine si vite en nous pour y faire le vide et paralyser nos autres facultés. Quand le travail intellectuel n'aurait que ce seul bon côté, c'est déjà quelque chose.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La vocation religieuse ne s'improvise pas, c'est la greffe de l'ange sur l'homme, et la greffe meurt si la tige qui la porte n'a déjà des racines dans le ciel.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Hélas ! le bonheur n'est bien souvent qu'un accident dans la vie humaine !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Je crois fermement que c'est centupler la durée de sa propre existence que de vivre de celle des autres.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Ecrire ses mémoires, en vaut-il la peine ? Les chrétiens ont mille fois mieux que le souvenir, ils ont l'espérance, alors à quoi bon ? Les souvenirs sont souvent comme ces personnes qui ne s'accordaient guère lorsqu'elles étaient sous le même toit, mais qui de loin et après s'écrivent.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Le monde, c'est le grand Calvaire que chacun gravit à son tour en portant sa croix. Le monde, c'est la vie pour tous avec ses exigences, ses déceptions et ses douleurs ; c'est cette chose qui, à la minute où j'écris, n'est déjà plus ce qu'elle a été, qui ne sera jamais ce qu'elle devait être ! Le monde c'est le lendemain désenchanté du désir, ou la veille tourmentée de l'attente ; c'est le réveil du rêve, c'est le désespoir de l'espérance. C'est un pauvre monde que ce bas monde ; c'est une grande misère que ce luxe dont on éblouit les yeux pour tromper les cœurs.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Plaisir, liberté, poésie, famille, amour, trésors, il faut tout jeter à la mer ! Deux choses seulement dans l'esquif, la voile et la boussole !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Les épines fleurissent : Courage ! le malheur fleurit aussi.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

On fait encore plus de bien aux âmes par le respect et l'affection qu'on leur inspire que par l'amour qu'on leur porte.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Il n'y a qu'un amour, véritablement amour, qui est celui de Dieu et des hommes, ou la charité. C'est ce grand sentiment qui forme les mystiques et les dévoués, deux races d'élite dont l'une a les yeux constamment fixés sur Dieu pour l'adorer, l'autre sur les misères du monde pour les guérir.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

De quelque côté que nous inclinions la torche, la flamme se redresse et monte vers le ciel.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Les âmes élevées qui ont l'heureux sentiment de l'enthousiasme sont des âmes créatrices qui idéalisent tout sur leur chemin. Les âmes sceptiques et railleuses forment une terrible bande noire, qui détruit tout ce qu'elle trouve sur sa route. Anéantir est plus facile que de fonder et d'élever.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Il suffit parfois de la lueur d'un éclair pour entrevoir des abîmes inconnus.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La scrupuleuse exactitude, avec laquelle certaines personnes remplissent leurs devoirs, dénote malheureusement quelquefois un désenchantement qui ne peut mener qu'à l'indifférence, ce spleen moral.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Pour comprendre une âme, un peuple, une époque, il faut les voir éclairés par l'événement comme la campagne par le soleil.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Je crois qu'il faut voir le passé comme on regarde la peinture, à la distance voulue par l'œil de chacun pour embrasser l'ensemble, et savoir faire, ainsi que les maîtres l'ont voulu en composant leurs tableaux, le sacrifice des détails sans importance qui détruisent parfois, dans la réalité, l'harmonie de la nature.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Il y a autant de vanité dans l'affectation de parler de ce qui nous humilie que dans celle de parler de ce qui nous relève devant les hommes. La règle sûre est de ne point parler de soi sans un motif réel.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Certains bonheurs ressemblent au désespoir.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

J'ai en horreur la coquetterie banale par laquelle le commun des femmes se dépense en minauderies et en manèges bons à prendre les alouettes. Je me croirais amoindrie si j'en usais.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La mer, qu'elle soit effrayante, révoltée, superbe comme à Biarritz ; molle, limpide et bleue comme à Nice ; caressante et harmonieuse comme à Gênes, ou qu'elle se montre fantasque comme à Dieppe, elle est belle, elle est attirante, elle nous émeut et fait monter notre pensée jusqu'aux profondeurs qu'elle réfléchit.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La mer est le grand poème dont chaque page est un chef-d’œuvre ; le tableau aux teintes lumineuses sur lequel varient les effets de la lumière qu'elle renvoie ; le spectacle aux scènes imposantes au- dessus duquel plane l'esprit de Dieu !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

J'ai l'âme tendre et le verbe sec ! Excepté à Dieu, je n'ai jamais pu dire à personne : I love you. Il y a un je ne sais quoi jaloux qui altère sur mes lèvres toute parole de tendresse et lui donne une teinte d'ironie.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Trop de violence exclut la profondeur, dit-on ; et cependant j'ai le rêve de l'infini. Que de fois mes yeux, le soir, ne se sont- ils pas mouillés de larmes à la vue d'un lac dont mes regards cherchaient à sonder l'étendue sous les vaporeuses clartés d’un ciel d'automne ! J'y voyais l'image des choses sans limites et me demandais si rien sur cette terre ne pourrait égaler l'immensité.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Toutes les angoisses me paraîtraient douces à côté de la monotonie. Le bonheur même, s'il était frère de la tranquillité, me deviendrait insipide. Une légende ne raconte-t-elle pas que les salamandres se nourrissent de feu ? Cela est vrai pour certaines âmes.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Avez-vous jamais eu la conviction intime que certains objets, certains visages ont une relation quelconque avec votre destinée, un sens plus profond, une signification tout autre pour vous que pour le reste du monde, une influence que vous sentez peser sur votre âme sans être capable de l'analyser ?

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

L'homme est grand, parce qu'étant libre, il est roi ; l'homme est faible, parce que sa royauté est fragile. Il est grand, parce que le ciel s'étend sur sa tête et lui forme avec les étoiles une royale couronne ; il est infirme, parce que ce ciel est orageux. La tempête s'y forme à l'improviste, et il ne faut qu'un coup de foudre pour ébranler ce trône, mettre cette pourpre en lambeaux et coucher ce roi dans la poussière.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Beaucoup de dévotes font consister la religion dans le cher ennui de parler de soi, et je plains ceux qui sont forcés d'écouter tous ces racontages. Le mieux qu'il en puisse arriver, ce me semble, c'est qu'ils restent sans fruit.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Que ferons-nous lorsque, à mesure que nous avancerons en âge, nous comprendrons mieux le vide et les douleurs de la vie ; lorsque nous verrons toute fleur se faner, toute illusion mourir, et qu'à force d'être trompés dans nos espérances, nous ne voudrons plus espérer ; lorsque nous aurons vu le roseau des affections humaines sur lequel nous comptions pour franchir les passages difficiles, se briser et nous percer la main ; lorsque ceux que nous aimions nous feront voir qu'ils dédaignent notre tendresse ; lorsque là où nous espérions trouver la perfection, nous aurons avec tristesse reconnu la chancelante humanité ; lorsque nous saurons bien, et que nous aurons bien vu que le mal est sur la terre ; qu'arraché d'un lieu, il renaît plus vivace dans un autre, et que ni travaux ni veilles ne le pourront détruire entièrement ? Alors que ferons-nous ? Nous rassemblerons toutes les forces de notre cœur et nous bénirons Dieu !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

La vie se compose d'une longue suite de morts ; nous mourons en nous, nous mourons autour de nous, nous mourons dans nos espérances trompées et plus cruellement encore dans nos espérances réalisées. Il faut regarder passer la vie et se taire. Des choses que nous appelons, peu viennent, elles passent, et nous les rappelons en vain, elles ne reviennent pas. Mais nos âmes doivent se former dans ces tempêtes qui emportent les fleurs et brûlent toute verdure. Que Dieu me préserve de la mélancolie !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Je suis triste, et je voudrais donner la joie ; je suis faible, et je voudrais donner la force ; ma vie est un souffle léger, et je voudrais ranimer de ce souffle tous ceux qui ont quelque douleur.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Il ne faut pas médire de la vie ; la moins heureuse n'est pas exempte de quelques bonnes heures.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Souffrir, combattre, c'est le fond de la vie humaine. Il est nécessaire que tout passe sous la meule, soit fauché, soit pétri, que tout subisse l'action du feu pour être épuré.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

On ne reste pas insensible aux outrages qui s'adressent à une mère.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Que notre vie soit pure comme un champ de neige où les pas s'impriment sans laisser de souillure.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Le découragement est un mauvais conseiller.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Le soir quand je suis seule, les figures de mes proches morts me reviennent. Je n'ai pas peur, mais mes pensées prennent le deuil et le monde me paraît un tombeau.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Les regards profonds et un peu énigmatiques sont comme une confidence qui ne s'achève pas.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Un ami est pour moi ce que l'ancre est au vaisseau, ce que l'ormeau est pour la vigne ! Ce cœur vient-il à nous manquer, c'est un membre frappé de paralysie au moment où quelque autre membre réclame plus impérieusement son secours. C'est une faculté de l'âme qui ne répond plus aux questions que les autres lui adressent. Souvent même le sommeil d'un ami nous est plus dur que ne le serait une rupture ouverte, une séparation assurée qui nous apprendrait que nous n'avons plus à compter sur lui. Son sommeil nous laisse dans une incertitude cruelle. Il renverse pierre par pierre, en commençant par le faîte, l'édifice de nos espérances.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

On a souvent parlé de cette inconstance des amitiés humaines, inconstance qui est quelquefois pour nous une cause d'agonie et toujours un surcroît de souffrance morale. Dans l'ordre même des affections naturelles, une personne chère devient pour l'homme toute une famille et un peuple !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Les baisers d'enfant sont pour moi le plus suave des parfums.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

J'apprends à m'oublier pour m'identifier aux souffrances des plus malheureux.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Travaillé le plus possible. Le travail purifie et fortifie ; j'ai besoin de l'un et de l'autre.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

On me demande à grands cris partout ; j'ai plus que je ne puis faire, mais je ne refuse rien. J'ai besoin de mouvement, d'activité, de travail : je suis heureuse de n'avoir plus le temps de penser à moi. Tous ces travaux comblent un peu le vide de mon isolement.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Plus que jamais l'inaction me serait fatale ! Il me faut du travail, de l'activité ; j'ai besoin de dépenser mes forces. Tout ce qui finit est si court !

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Jusqu'à quand durera-t-il donc ce rêve toujours persistant et toujours impuissant d'aimer pour toujours et non pour une heure, d'aimer dans l'âme et non dans les sens, d'aimer l'idéal et non la réalité dé chue ! Oh ! c'est en vain qu'on a voulu faire de la virginité l'ennemie de l'amour, elle en est le perfectionnement. La virginité est le besoin d'aimer dans une autre vie ; le goût exclusif des amours éternels et infinis.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Allons, mon âme, courage ! plus que jamais veille sur toi, afin que cette solitude du cœur qui me pèse tant, ne me conduise pas au sarcasme, comme je le crains parfois. Je me fais pitié à moi-même, voilà pourquoi, tentant de m'oublier complétement, je me laisse aller, un peu par inadvertance, à cette pente sceptique de tourner toute chose en plaisanterie. Force, noblesse, austérité : c'est là ma devise ; que ce ne soit pas une fiction, mais une réalité.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Les grandes luttes conduisent aux grands triomphes ; mon âme est un champ de bataille, et l'Infini est pour moi, selon le mot des Ecritures, un époux sanglant dont on ne conquiert l'anneau qu'avec l'épée.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

Hélas ! nous nous disséminons dans la vie ; toujours des adieux et des séparations.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

C'est une chose étrange et heureuse pour l'âme humaine que l'espèce d'impossibilité de croire tout de suite à la disparition complète d'un être qu'on a beaucoup aimé. Sa pensée, son image, ses traits, le son de sa voix, le génie particulier de ses paroles, le charme de son visage, tout reste si présent à mon cœur qu'il me semble que cette personne aimée est là plus que jamais, qu'elle m'enveloppe, qu'elle m'entretient, qu'elle m'appelle par mon nom, et qu'en me levant je vais la rejoindre. C'est une distance que Dieu met entre la certitude de la perte et l'illusion de la présence, comme les sens en mettent une entre la hache que l'ail voit tomber sur le tronc de l'arbre et le coup que l’oreille entend re sentir longtemps après. Cette distance amortit la douleur en la trompant. Quelque temps après avoir perdu ce qu'on aime, on ne l'a pas encore tout à fait perdu ; on vit de la prolongation de cette existence en soi-même. Ce n'est que peu à peu et à mesure que les impressions s'éteignent et se précisent, qu'on arrive à la séparation sentie et complète.

Joséphine Lazerac de Limagne - Journal, pensées et correspondance (1874)

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