Il faut toujours un peu flatter les Français, non seulement en paroles, mais en paraissant donner la préférence à leur pays, à leurs manières et à leurs usages ; c'est payer bon marché pour une bonne réception.
Chaque homme devient, jusqu'à un certain degré, ce que sont ceux avec qui il converse ; il acquiert leurs airs, leurs manières et même leur façon de penser. S'il les observe avec attention, il les égalera bientôt, et même, à la longue, il contractera l'habitude de leurs manières, sans s'efforcer de les imiter.
Un homme, excessivement grand, par ses manières et sa politesse, rend tous les autres petits.
L'état de courtisan est un métier comme celui de cordonnier.
La vérité est le principe invariable de tout homme qui a de l'honneur sans dire toutes les vérités qu'il sait.
Le mensonge et la perfidie sont le refuge des sots et des poltrons.
Les hommes ont communément quelque partialité pour leur profession ; ils aiment à en parler, et sont même flattés qu'on les consulte sur ce sujet.
Une dispute obstinée souvent aliène les deux parties pour quelque temps.
L'activité laborieuse et la puissante main du travail terrassent le besoin.
Quand tu t'es bien assuré qu'un homme a la probité en partage, cache-le dans ton sein comme un trésor inestimable.
Ne te défie pas sans raison, la défiance est opposée à la charité.
Ne te fie à qui que ce soit avant que d'avoir bien sondé son cœur.
Que l'exemple des autres te rende sage, et que leurs fautes servent à corriger les tiennes.
Ne souffre pas que la prospérité aveugle la circonspection, ni que l'abondance éloigne la frugalité. Celui qui se livre trop au superflu de la vie regrettera avant sa fin le nécessaire.
Que tes divertissements ne soient point trop chers, de peur que la peine de te les procurer ne surpasse l'agrément de leur jouissance.
Sois toujours pourvu du nécessaire, suivant ta condition ; mais ne fais pas toute la dépense que tu pourrais faire, afin que l'économie de ta jeunesse soit ta consolation dans un âge plus avancé.
La raillerie piquante est le poison de l'amitié. Celui qui ne sait pas retenir sa langue, doit s'attendre à bien du chagrin.
Le babil excessif est inséparable du repentir ; le silence produit la sûreté.
Mets un frein sur ta langue, et une sentinelle sur tes lèvres, pour qu'il n'en échappe rien qui détruise ta tranquillité.
Écoute ce que dicte la prudence, fais attention à ses conseils, et garde-les dans ton cœur.
L'envieux est perpétuellement à l'affut et à méditer pour trouver les moyens de nuire ; mais la haine de tout l'univers le poursuit, et il est enfin écrasé ainsi qu'une araignée dans sa toile.
Le cœur de l'homme envieux n'est que fiel et qu'amertume.
L'homme paresseux est à charge à lui-même, ses heures lui pèsent sur la tête.
Exécute promptement ce que tu as résolu, et ne diffère pas jusqu'au soir ce qui peut s'accomplir le matin.
Le vaniteux porte la tête levée, et regarde avec dédain le pauvre.
Considérez l'homme vain, et vous le verrez, vêtu superbement, porter ses yeux de tous côtés, ne marcher que pour se donner en spectacle, et chercher sans cesse à se faire remarquer.
Le plus grand ornement de la sagesse est une conduite décente.
Si tu ne veux pas passer pour fou dans l'esprit des autres, renonce à la folie de te regarder comme sage dans ta propre opinion.
Le premier pas vers la sagesse, c'est de connaître ton ignorance.
Écoute la voix de la réflexion, ses paroles sont celles de la sagesse.
La paresse d'esprit ou l'inattention ne sont pas moins ennemies du savoir que l'incapacité.
Les affaires ne dispensent pas des formes usuelles de la politesse et du savoir-vivre.
Sans la politesse, aucune qualité ne peut paraître dans son jour le plus favorable.
Il est impossible de vivre dans le monde sans une indulgence complaisante sur les faiblesses d'autrui.
Exposez toujours votre opinion avec modestie, c'est le seul moyen de convaincre.
Tâchez, autant que vous pouvez, de ne fréquenter que des personnes au-dessus de vous.
Un homme qui prend un fourbe ou un sot pour ami a dessein de cacher quelque mauvaise action.
L'amitié ne produit jamais de bons fruits sans la réciprocité.
On oublie souvent les injures, mais le mépris ne se pardonne jamais.
L'argent, la cause de bien des maux, est aussi la première cause de querelles entre parents et enfants.
L'assurance et l'intrépidité, sous l'apparence de la modestie, ouvrent le chemin au mérite.
L'effronterie est l'avant-coureur de l'impertinence et de la folie.
Une ferme résolution et de la persévérance surmontent tous les obstacles.
L'amour est une maladie comme la petite vérole, que les hommes attrapent tôt ou tard.
Les plaisirs honteux coûtent toujours davantage que les plaisirs honnêtes.
Le plaisir sexuel est de courte durée, la position est ridicule, la dépense absurde.
Plus on a d'argent, plus on a de pouvoir, et moins on use de l'un, plus on abuse de l'autre.
Prenez toujours soin de ne jamais parler de cordes dans la maison d'un pendu.
Sans une bonne éducation un savant n'est qu'un pédant, et le philosophe un cynique.
Les bienséances sont une des parties les plus nécessaires de la science du monde. Elles consistent dans les relations de personnes, de choses, de temps et de lieu. Le bon sens les indique, la bonne compagnie les perfectionne (en supposant toujours l'attention et le désir de plaire), et la bonne politique les recommande.