Un cheval est, d'entre les animaux, comme une jolie femme, capricieux, peureux, difficile sur la nourriture et de santé fragile. Il est de trop grande valeur et trop indocile pour être abandonné à lui-même, en sorte que vous voilà rivé à votre monture comme à un compagnon de chaîne sur une galère.
Les gracieuses façons hospitalières ornent l'existence et embellissent les heures ordinaires.
Les coups ne hâteront pas la marche d'un âne stupide.
Une faute, dûment reconnue, doit être pardonnée.
Je bois en cachette. Oui, je bois trop. Cette faiblesse a enlevé à mes études, à tout mon travail, l'influence salutaire qu'ils eussent pu avoir. Cette faiblesse m'a gâté le caractère.
Il n'y a pas de pardon qui déshonore.
On retrouve dans le tissu de toute querelle quelque fil de sa propre quenouille.
Quiconque est incapable de pardonner une offense, quelle qu'elle soit, ne sera jamais qu'un blanc-bec en ce monde.
La langue trahit tout ce qu'il y a de pire et de plus caché dans l'homme.
J'ai gaspillé mon amour, je n'en ai plus.
Il faut toujours considérer la fausseté d'une amitié comme chose possible.
L'amour qui ne sait pas se bâtir un foyer n'est pas l'amour.
Il est difficile d'aimer pour deux !
Les qualités propres à chaque sexe sont une perpétuelle surprise pour l'autre.
Un enfant a souvent autant de cervelle qu'un homme.
La discrétion est de toute nécessité pour conduire à bien une entreprise.
Aucun devoir n'est plus sous-estimé que le bonheur.
Beaucoup amassent une fortune considérable tout en restant mal éduqués et bêtes à pleurer.
Un silence peut être parfois le plus cruel des mensonges.
Il n'est pas donné à tout le monde de tomber amoureux.
L'Espoir est un enfant, un garçon aveugle, fougueux et séduisant, bon à mettre du sel sous la queue des pigeons ; la Foi est un homme grave, plein d'expérience, mais souriant.
Il est légitime de prier Dieu de ne pas nous soumettre à la tentation, mais il n'est pas permis de se dérober à celles qui se présentent à nous.
La pitié est proche parente de l'amour.
Les époux déchoient chaque jour un peu plus de l'idéal initial, mais, pendant un certain temps, ils refusent avec un aveuglement indécent de voir qu'ils ont changé. L'Amour finit par s'éveiller et regarder autour de lui ; il trouve son héros ravalé au rang de vieille brute ventripotente et avinée ; il trouve son héroïne dépouillée de son éclat angélique ; et dans l'éclair de ce premier désenchantement, il s'enfuit à tout jamais.
Il faut un certain talent à ceux qui ont l'intention de passer leur vie ensemble sans mourir d'ennui. Mais ce talent, comme l'accord, doit être un talent pour la vie.
L'amour devrait courir au-devant de l'amour les bras ouverts. De fait, l'histoire idéale est celle de deux personnes qui entrent dans l'amour d'un pas égal, pleins d'émoi, comme deux enfants qui pénètrent ensemble dans une pièce obscure. Dès le premier moment où ils s'aperçoivent, avec un frisson de curiosité, en passant par tous les stades d'un plaisir et d'une gêne croissants, ils lisent l'expression de leur propre trouble dans les yeux de l'autre. Il n'y a pas alors de déclaration à proprement parler ; le sentiment est si évidemment partagé, que dès que l'homme le reconnaît dans son propre cœur, il est sûr de le retrouver dans celui de la femme.
Un homme aveugle ne peut s'attendre à être très impressionné par un paysage romantique.
Bien des gens dignes d'amour se manquent en ce monde, ou se rencontrent sous une étoile funeste. À cause de la timidité et des occasions manquées, une bonne moitié des relations amoureuses possibles n'en arrive jamais là, et un autre quart au moins s'y termine inexorablement.
Un homme voudrait un ange pour femme, mais il sait qu'elle est sujette à l'erreur, étourdie et déloyale, et comme lui elle est emplie de promesses éclatantes qui peinent à se faire jour, et dotée de vaines qualités.
L'Espoir est un bon vieux païen, mais la Foi a grandi à l'ère chrétienne et a appris très tôt l'humilité.
L'homme qui renonce au mariage est dans la même situation que celui qui fuit le champ de bataille. Eviter une occasion de montrer ses vertus est un échec pire que d'avancer avec courage et de tomber.
Il faut quatre hommes pour faire une salade composée, et le quatrième est un fou qui la mélange.
Le vent souffle où il lui plaît de souffler.
Les grands causeurs, une fois lancés, dépassent les limites de leur être ordinaire, s'élèvent jusqu'à la hauteur de leurs prétentions secrètes et se font passer pour ces héros, courageux, pieux, charmeurs et sages que, dans leurs moments les plus glorieux, ils aimeraient tant être.
Il vaut mieux parler franc même au risque d'offenser.
Le premier devoir d'un homme, c'est de parler ; voilà sa tâche principale dans l'existence ; et la conversation, qui est l'échange harmonieux entre deux personnes ou plus, est de loin le plus accessible des plaisirs. Elle ne coûte rien ; elle rapporte beaucoup ; elle parfait notre éducation, noue et entretient nos amitiés, s'apprécie à tout âge.
La littérature n'est rien d'autre que l'ombre d'une bonne conversation.
Bien des jeunes gens s'épuisent à la tâche et sont emportés dans un corbillard orné de plumes blanches. Les desseins pour lesquels ils ont sacrifié leur précieuse jeunesse ne sont peut-être, pour autant qu'ils sachent, que chimère ou méfaits. La gloire et les richesses qu'ils briguent ne viendront peut-être jamais, ou leur importeront peu en définitive.
Il n'existe pas d'individu dont les services soient indispensables.
À chacun ses propres difficultés paraissent plus grosses qu'elles ne le sont en effet.
Je suis fou, mais un fou dont la folie ne manque pas de fond.
Il est aussi brave de tuer un jeune chat qu'un homme qui ne se défend pas.
Les mensonges les plus cruels se disent souvent dans le silence.
Buvons à ce qu'il reste de bon dans cette mauvaise vie. Buvons à notre vieille amitié.
La lune, telle qu'une viole, ne sait que louer ou pleurer notre destinée particulière. Seules les étoiles, sereines confidentes, s'entretiennent avec chacun de nous comme des amies ; comme des vieillards pleins de sagesse et riches en tolérance, elles écoutent en souriant le récit de nos misères ; et par leur double balance, si infimes à l'œil, si vastes à notre imagination, elles rappellent constamment à notre esprit le caractère double de la nature et de la destinée humaines.
Je suis comme saint Paul, je désire toujours faire ce qui m'est interdit.
Ayez pleine confiance en moi, ou redoutez-moi, vous avez le choix.
Mieux vaut regarder la réalité en face et savoir, en se mariant, que l'on accueille dans sa vie une créature avec des fragilités égales, quoique différentes ; et dont le faible cœur humain ne bat pas moins mélodieusement que le vôtre.
L'Espoir se nourrit d'ignorance ; la Foi au regard perçant est construite sur notre connaissance de la vie, de la tyrannie des circonstances et de la fragilité.
Il y a dans le monde trop de misères à soulager !
La justice de Dieu ne connaît ni règle ni limites.
Plus une histoire sent le louche, moins je m'informe.
Mieux vaut être saigné à blanc par un neveu insolent que tourmenté au quotidien par un oncle grognon.
S'ils veulent être heureux ensemble, les époux doivent être nés avec le don du compromis gracieux.
Le courage respecte le courage.
La difficulté, en littérature, n'est pas d'écrire, mais d'écrire ce que l'on pense.
Quand il s'agit d'une question de vie ou de mort, il faut savoir jouer serré.
C'est toujours un métier hasardeux que la recherche des trésors.