Les 84 pensées et citations de Tristan Bernard :
On ne sait jamais, quand on donne un rendez-vous, si on consentira ou si on ne consentira pas. C'est même pour savoir ça qu'on donne un rendez-vous... Petite femme ! Ce qui ressemble à l'amour est toujours de l'amour.
Je vous souhaite d'être heureux autant que je l'ai été, mais plus longtemps tout de même, bien plus longtemps !
On doit faire faire par d'autres le travail qu'on n'est pas absolument obligé d'exécuter soi-même.
Le patriarche est tout, et quand le patriarche a parlé, aucune rouspétance.
Il y a des imprudents qui, pour ne pas avoir peur de leur imprudence, préfèrent en tirer un certain orgueil.
Tout s'arrange, le plus souvent, en ne s'arrangeant pas.
L'amour qu'il avait pour elle, l'amour qu'elle avait pour lui, se cherchèrent et se joignirent enfin sur leurs bouches unies. Ce baiser, enivrant pendant plusieurs secondes, dura très longtemps.
Lire chez soi, si loin de Paris qu'on habite, les œuvres dramatiques nouvelles, dont tout le monde parle et qu'on ne pourra entendre et applaudir que plus tard, c'est un des plus grands plaisirs intellectuels que l'on puisse éprouver.
Je suis à un âge où l'on se fout bien d'être cocu, mais on ne se fout pas d'être plaqué !
Le penseur a son atelier. Le politicien a son usine. Ce qu'on demande à ce dernier, c'est d'avoir, de temps en temps, recours au penseur. Ce qu'on demande au penseur, c'est de ne pas aller dans les assemblées, où sa pensée brute, qui n'est pas simplifiée, ni parée, n'aurait aucun succès, et ne trouverait aucun amateur.
Le grand tort des politiciens, c'est qu'ils ont discrédité la richesse morale du monde en créant des assignats d'honnêteté, de sincérité, de loyauté.
Un garçon d'une parfaite loyauté, d'une nature absolument franche et très sensible, c'est rare !
Il n'y a qu'une chose essentielle dans la vie, c'est d'avoir sa tranquillité parfaite, sa tranquillité matérielle. Pour ce qui est du reste, ça s'arrange toujours.
Toute réclame est bonne si elle fait faire du bruit autour de son nom.
Il y a toujours des mauvais bruits qui courent sur les gens d'affaires.
À certains maris, il ne suffit pas de n'être pas trompés par leur femme. Ils veulent avoir toute la gloire de ne pas l'être et courir tous les risques possibles.
C'est un temps si charmant que celui des fiançailles ! Si ça pouvait durer ! Ces moments d'attente délicieuse, on ne les retrouve jamais. Je ne profite pas des choses quand elles passent si vite.
Ah ! on ne pense pas assez au supplice des malheureuses femmes qui ont une profonde passion dans le cœur, qui voudraient l'exhaler devant leurs amis et connaissances et qui n'ont pour confident possible qu'un mari vulgaire, arriéré.
J'ai pour toi un grand amour, tu sais, et je me sens capable des plus grands sacrifices.
Ces sentiments profonds, cette pénétration de deux êtres, cette pensée qu'on n'est plus seul dans l'existence... Quand on n'a pas ça, la vie est incolore, la vie n'est plus rien.
Je ne suis pas de ceux qui s'imaginent qu'ils n'ont qu'à ouvrir la bouche pour que les alouettes y tombent toutes rôties... Non, mais tout de même j'ouvre la bouche de temps en temps... Le ciel peut m'aider d'ailleurs un peu, car je m'aide autant que je puis.
C'est curieux comme l'argent aide à supporter la pauvreté !
Une fois les cartes rangées, l'habileté du joueur intervient. Il s'agit de tirer d'un bon jeu le meilleur parti, ou de se défendre héroïquement, d'éviter le désastre complet avec un jeu lamentable.
J'avais cru qu'un certain atavisme avait fait de moi un fin connaisseur en matière hippique. Je sais ce que cette croyance m'a coûté aux guichets du Mutuel. Il n'est pas plus déshonorant d'acquérir de l'argent en gagnant des courses qu'en portant des fardeaux ou en écrivant des livres.
Un joueur endurci se console toujours d'une forte perte. À l'aide du raisonnement suivant : De quatre hypothèses l'une : ou je ne jouerai plus ; alors vraiment ce n'est pas payer trop cher ma guérison. Ou je jouerai encore et je gagnerai ; alors je n'ai pas besoin de m'affliger, puisque je dois rattraper tout ou partie de ma perte. Ou je jouerai encore et je ne ferai aucune différence ; alors j'aurai la satisfaction de m'amuser au jeu sans que ma situation empire. Ou je jouerai encore et je perdrai ; alors ma situation actuelle est encore moins triste que ma situation future. Et j'ai le temps de me faire de la bile plus tard.
Rien n'émancipe un homme autant que le jeu. Comme, dès que l'on a un peu joué, on se sent moins esclave de l'argent.
Les joueurs ne sont pas attirés par l'appât du gain, même ceux qui le croient. Ce qu'ils aiment dans le jeu, souvent sans s'en rendre compte, c'est le nombre des péripéties, qui décuple, qui centuple leur vie.
Si vous étiez Roi, que feriez-vous ? — Si j'étais Roi, je me méfierais des As.
Pourquoi ont été faits les kilomètres ? Ils ont été faits pour être bouffés.
Quand un admirateur vous invite à dîner, mieux vaut n'y pas aller. Il vous admire tant qu'on ne pourrait qu'y perdre.