Le devoir d'un professeur est d'enseigner avec droiture tout ce qui dépend de son enseignement, et il doit, dédaignant à la fois et les périls et les honneurs de l'indépendance, ne fuir que l'erreur, mais aussi ne chercher que la vérité dans les limites et dans l'étendue des fonctions confiées à ses soins.
Dès qu'un homme écrit pour écrire, pour briller ou pour faire fortune, il écrit mal ou du moins il écrit sans grandeur, parce que la vraie grandeur ne peut sortir que d'une âme naturellement grande qui s'émeut pour une grande cause.
La plus grande de toutes les injustices, parce qu'elle les comprend toutes, c'est l'esclavage. L'esclavage est l'asservissement de toutes les facultés d'un homme au profit d'un autre. L'esclave ne développe son intelligence que dans l'intérêt du maître. Ce n'est pas pour l'éclairer, c'est pour le rendre plus utile qu'on lui permet quelques exercices de la pensée. L'esclave n'a pas la liberté de ses mouvements ; on l'attache à la terre, on le vend avec elle ou on l'enchaîne à la personne du maître. L'esclave n'a pas d'affection, il n'a pas de famille, il n'a point de femme, il n'a point d'enfant : il a une femelle et des petits. Son activité ne lui appartient pas, car le produit de son travail est à un autre. Mais pour que rien ne manque à l'esclavage, il faut aller plus loin, il faut abolir dans l'esclave le sentiment inné de la liberté ; il faut éteindre en lui toute idée de droit ; car tant que cette idée subsiste, l'esclavage est mal assuré, et à un pouvoir illégitime et odieux peut tout d'un coup répondre le droit terrible de l'insurrection, cette raison dernière des opprimés contre les abus de la force.
La plus belle des actions est de contribuer au bonheur des autres.
Les actions les plus généreuses n'ont souvent d'autre source que l'amour-propre.
L'inceste est un véritable crime.
La toute-puissance contraint, elle n'oblige jamais.
Le plaisir attaché à la bienveillance ne peut devenir l'objet d'un calcul égoïste, ce plaisir n'est attaché qu'à l'affection désintéressée.
La vraie générosité exclut tout regard au plaisir même qu'elle donne.
L'idiot loue un ennemi généreux dans le temps même qu'il lui cause tout le mal possible.
Il faut employer la torture avec un véritable ami pour le forcer à révéler le secret de ses amis.
Il n'est rien de pire que de payer d'ingratitude un homme qui nous a comblés de bienfaits.
Il en est des systèmes comme des hommes, les meilleurs sont les moins imparfaits.
Le raisonnement est en philosophie ce que le calcul est en physique.
En redoublant de vigilance et d'attention on diminue les chances d'erreur.
L'espérance est la sœur de la crainte.
L'immortalité toute seule ne vaut pas une heure de vertu.
La durée ne fait pas la vie, c'est la dignité qui en fait le prix.
Condamné à se battre toujours, l'homme se soutient qu'à force de vigilance et de courage.
Le plaisir d'avoir bien fait se dissipe vite dans le torrent des affaires qui nous emporte.
La plus belle de toutes les sciences est celle de l'éducation des hommes.
Il faut inculquer l'idée du devoir aux enfants en les soumettant de bonne heure à des règles inflexibles. Tel est le mérite de l'éducation publique : elle nous met tous de bonne heure sous l'empire d'une loi commune, qui ne fléchit ni devant la prière d'une mère, ni devant le crédit d'un père, et qui commande à la fois et aux maîtres et aux élèves.
Au lieu de prescrire le devoir il faut en insinuer le goût au moyen d'ouvrages agréables.
On n'est pas toujours en verve d'enthousiasme.
Approuver, c'est juger ; juger, ce n'est pas sentir.
Dieu est le foyer immortel de la justice dont un rayon éclaire notre esprit et notre cœur.
La justice est le rapport nécessaire qui unit non seulement l'homme à l'homme, mais l'homme à Dieu et Dieu à l'homme.
Dieu ne peut faire que deux nombres pairs composent un nombre impair.
Du calcul heureux ne sort jamais une jouissance intérieure qui accompagne une bonne action désintéressée.
Si vous faites une action vertueuse dans l'intention de jouir du plaisir qui la suit, ce plaisir vous échappe, on ne l'obtient qu'autant qu'on ne cherche pas à l'obtenir.
Faire une action parce qu'elle est suivie d'un plaisir intérieur, c'est pratiquer la vertu pour le plaisir ; cette morale ne détruit pas l'égoïsme, elle le perfectionne ; son seul mérite est de choisir mieux le plaisir.
Soyez vertueux, le prix ne vous manquera pas, il est au fond de votre cœur.
Être maître de soi, régler son âme et sa vie, surmonter l'orgueil, la volupté, le désespoir, sont des actes de vertu bien autrement héroïques qu'un mouvement de pitié, de générosité, de bonté même, bien qu'assurément la bonté, la générosité, la pitié soient des choses admirables.
Un trésor donné à un pauvre coûte mille fois moins au cœur et pèse moins dans la balance éternelle qu'un seul désir étouffé ou combattu.
Toute œuvre d'art qui n'exprime pas une idée ne signifie rien ; il faut qu'en s'adressant à tel ou tel sens elle pénètre jusqu'à l'esprit, jusqu'à l'âme, et y porte une pensée, un sentiment capable de la toucher ou de l'élever.
Sans doute il faut savoir oser, mais c'est encore la prudence qui est, sinon le principe, au moins la règle du courage ; car le vrai courage n'est pas un emportement aveugle, c'est avant tout le sang-froid et la possession de soi-même dans le danger.
Le respect des droits d'autrui s'appelle la justice : toute violation d'un droit quelconque est une injustice.
Le mensonge, en rompant l'alliance naturelle de l'homme avec la vérité, lui ôte ce qui fait sa dignité. Voilà pourquoi il n'est pas d'insulte plus grave qu'un démenti, et pourquoi les vertus les plus honorées sont la sincérité et la franchise.