Titre : La dernière espérance du poète.
Recueil : Les sonnets et poésies choisies (1878)
Lorsque je dormirai, — las, au sein de la terre,
Après avoir heurté tant de sourdes douleurs, —
Sans doute nulle amante au vallon solitaire
Sur ma tombe jamais ne versera des pleurs !
Peut-être aucun ami, — se voilant la paupière,
En songeant à des jours que je rêvais meilleurs, —
Ne cherchera mon nom dans l'herbe, sur la pierre
Où le vent du hasard jettera seul des fleurs ! —
En mon cœur cependant survit une espérance :
Car je me dis que vous, âpres senteurs des bois ;
Vous, oiseaux, qui chantez dans l'ombre et le silence ;
Vous, échos, dont la brise emporte au loin la voix,
Et vous, pâles lueurs de la lune discrète,
Vous resterez du moins fidèles au poète ! —
Clément Michaëls