Les amers désespoirs de la vie, de Jacques Villebrune.

Titre : Les amers désespoirs où je suis.

Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Dans les soirs apâlis, au bord de la rivière,
Je m'en vais promener, tout seul, mes longs ennuis,
Confiant mes chagrins dans le sein brun des nuits,
Dans le sein de velours de l'ombre solitaire.

La douce nuit m'écoute en son charmant mystère ;
Je lui dis mes douleurs, tous mes beaux jours enfuis,
Ma plainte, et les amers désespoirs où je suis,
Et j'entends sa voix calme et sa douceur austère ;

Tais-toi, mon cœur, les Dieux eux-mêmes ont souffert,
Et ce beau ciel vaste est, peut-être, un autre enfer ;
La nature a ses deuils, cette fée enchantée :

N'accuse plus, mon cœur, un déclin trop cruel,
Car vois le triste soir se mourant dans le ciel,
Et qui traîne sa grande robe ensanglantée.

Jacques Villebrune
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