Les 68 pensées et citations d'Auguste Guyard :
Ô femmes ! C'est à vous, après Dieu, que je dois et la vie et tout le bonheur de ma vie ! Une femme m'a porté neuf mois dans son sein et a subi, pour me donner le jour, l'auguste martyr de la maternité ! Une femme a bercé dans ses bras mon enfance et l'a endormie au bruit de ses caresses et de ses chants ! Une femme m'a nourri de sa substance ! C'est à sa blanche et rose mamelle que j'ai sucé, avec le lait, cet amour et cette tendresse que plus tard mes lèvres brûlantes lui rendirent en voluptueux baisers ! C'est dans les enivrements et les transports d'un premier amour, qu'à seize ans, j'ai goûté, sur la terre, les plaisirs et les joies du ciel ; ces plaisirs et ces joies que le cœur suffit à peine pour sentir et qu'aucune langue ne saurait exprimer. C'est à l'affection, au dévouement et à la tendre amitié d'une femme que je devrai les jouissances plus calmes et non moins douces de l'âge mûr, les consolations et les adoucissements de la vieillesse. Merci donc, ô femmes ! merci, trois fois merci de tout le bonheur que j'ai reçu et de celui qui m'est réservé encore ! La reconnaissance la plus vive, une reconnaissance éternelle me voue pour jamais à votre défense, à votre amour et à votre culte, légitime comme celui des anges. Car, vous aimer, c'est aimer les plus charmants et les plus doux attributs de Dieu ; vous honorer et vous défendre, c'est honorer et défendre les anges de Dieu ; vous posséder enfin, c'est posséder le ciel de Dieu.
Apprendre et oublier, c'est perdre son temps, On n'est pas savant par cela qu'on a appris, mais par cela qu'on a retenu. La répétition est donc d'une haute importance, elle est nécessaire, elle doit être incessante et se faire toujours sous un point de vue nouveau, afin d'apprendre à chaque fois quelque chose de plus.
S'il est dans la nature de l'homme d'apprendre et de retenir, il est aussi dans sa nature d'oublier. Or il n'y a qu'un seul moyen de fixer d'une manière durable et indélébile dans notre mémoire les idées qui lui ont été confiées, c'est la répétition. La répétition est le plus puissant de tous les exercices mnémoniques, il est la base de tous les autres.
L'Émancipation est un bien que tous les parents devraient ambitionner de laisser, en mourant, à leurs enfants, comme le trésor le plus réel et le plus précieux, comme un anneau magique et préservateur qui peut tenir lieu de tout, mais que rien ne peut remplacer !
L'Émancipation est le premier besoin de l'homme, la seule chose qui lui soit nécessaire, indispensable ; l'homme peut se passer de la science, de la fortune, d'un rang élevé, il peut se passer de tout, mais il a toujours besoin d'être lui-même, d'être émancipé, d'être homme.
Ce n'est pas le métier qui dégrade l'homme, mais bien l'homme qui dégrade le métier.
Non contente de persécuter ses bienfaiteurs, la société d'aujourd'hui repousse d'abord et sans examen toutes les idées nouvelles et providentielles qui, plus tard, deviennent pour elle une source inépuisable de biens et de plaisirs.
L'enfant est un artiste qui cherche le pourquoi de tout et qui le trouve.
S'il est nécessaire que les occupations, les conditions et les fortunes soient diverses et inégales parmi des citoyens, il faut que l'éducation et l'instruction soient égales et uniformes parmi des hommes ; parce que l'homme est fait pour comprendre son semblable et pour en être compris ; parce qu'il est né pour le progrès et une perfection indéfinie qu'il ne peut atteindre que par le développement intégral de toutes les facultés de sa triple nature matérielle, intellectuelle et morale, c'est-à-dire par l'éducation et l'instruction les plus élevées.
L'instruction que l'on donne au peuple sous le nom d'instruction primaire, et qui consiste à enseigner à lire, à écrire et à chiffrer à un être capable de com prendre comme Newton les lois de l'équilibre des mondes, de recomposer avec un os une race éteinte comme Cuvier, ou de lire comme lui, sur des débris, l'âge de notre planète, est une véritable dérision ; c'est une goutte d'eau jetée à un malheureux que dévore une soif ardente, une miette de pain à un homme affamé.
Rien ne pare une femme qui aime comme le sentiment religieux, il ajoute à la beauté, et embellirait la laideur si une femme qui aime pouvait être laide.
L'amitié d'un sot est cent fois plus dangereuse que la haine d'un homme d'esprit. Un sot ami vous nuit toujours, et vous le verrez, tôt ou tard, devenir un de vos plus chauds ennemis.
Le plaisir est une rose églantine qui s'épanouit sur la terre, au bord des précipices, parmi des épines nombreuses, acérées, brûlantes ; le bonheur est un fruit qui ne mûrit qu'aux latitudes du ciel.
L'amitié est un nuage transparent derrière lequel l'amour se lève dans le cœur des femmes.
La pudeur est le plus bel ornement des femmes. L'impudicité les dégrade.
Les femmes, en général, sont de belles petites bêtes qui mettent dans la toilette et les colifichets l'unique intérêt de la vie.
Pourquoi la plus douce amitié est-elle celle qui lie les personnes d'un sexe différent ? C'est que cette amitié est toujours, à notre insu, parfumée d'un peu d'amour.
Les animaux les plus doux, les plus courageux, les plus intelligents du globe se nourrissent de végétaux. Le mouton, le bœuf, le cheval, l'éléphant, le singe, etc., sont herbivores. Le chien, qui vit parfaitement de soupe et de pain, est plus féroce au service du boucher qu'à celui du berger.
Les ténèbres, le froid , la haine, la laideur, la méchanceté, le désordre, la maladie, la douleur, la mort, l'erreur et le mal, dans toutes leurs nuances, ne sont point nécessairement les contraires de la lumière, de la chaleur, de l'amour, de la beauté, de la bonté, de l'ordre, de la santé, du plaisir, de la vie, de la vérité et du bien ; ils n'en sont que des contrastes, des diminutifs, des doses variées, des degrés différents. Absolument parlant, les ténèbres et le mal n'existent pas, pas plus que le néant. Rien n'est absolument que l'être ou le bien ; et l'être ou le bien absolu ne peut produire, à son tour, que des êtres ou des biens relatifs.
Sans doute, l'homme est fait pour la vérité absolue ; mais en sa qualité de sujet du temps et de l'espace, il ne peut y arriver que par les mille sentiers de la vérité relative ou de l'erreur. Oui, c'est en errant, c'est-à-dire en courant à travers le temps et l'espace, après chaque forme successive de la vérité qui passe ; c'est en prenant faussement la succession pour la synthèse ; la partie pour le tout ; un des infinis et fugitifs aspects de l'être, pour l'être lui-même ; une vérité, enfin, pour la vérité, que l'homme arrivera, non pas à la pratique, mais à la contemplation de l'absolu. Ainsi, le mathématicien détermine la perpendiculaire au moyen des obliques ; ainsi, par ses chutes réitérées, l'enfant apprend à se tenir debout et à marcher.
Aujourd'hui, le mariage est, avant tout, une sympathie de fortunes, une communion entre deux corps ; les âmes sympathisent et communient ensuite si elles peuvent. Or, comme on s'est uni par le côté matériel essentiellement divisible et diviseur, et non par le côté spirituel, qui seul unifie, on ne peut tarder longtemps à se séparer publiquement ou secrètement, et c'est ce qui a lieu dans quatre-vingt-dix ménages sur cent.
Qu'est-ce que le mariage ? C'est, le plus souvent, un sacrement qui en vaut deux : le mariage et la pénitence ; c'est un lien contradictoirement indissoluble qui unit les corps, désunit les âmes, et dissous les mœurs ; c'est un pays désolé que les étrangers visitent et que les habitants fuient ; c'est une sottise à deux et une galère à trois ; c'est l'extrême-onction de l'amour et le tombeau de l'enthousiasme et de l'idéal ; c'est... c'est... on ne finirait point ! Il faut avouer, cependant, que le mariage est un bien social relatif comparé au concubinage, en ce qu'il assure une assistance légale aux femmes et aux enfants.
Coquette de corps, c'est bien ; coquette d'esprit, c'est mieux ; coquette de cœur, c'est très mal !
L'amour est la loi de tous les règnes. Dans tous les règnes, l'amour n'est pas libre. Voilà un morceau de marbre : c'est un composé, un mariage de chaux et d'acide carbonique. La chaux et l'acide carbonique sympathisent assez pour s'unir ; mais si l'on vient à verser sur ce marbre de l'acide sulfurique, l'affinité de la chaux pour cet acide étant plus grande que pour l'acide carbonique, elle quitte celui-ci pour s'unir à celui-là. Il en est absolument de même des affinités ou sympathies humaines.
Le cœur est fait pour aimer ainsi que l'eau pour couler ; un cœur peut bien avoir ses hivers, ses cristallisations, ses léthargies, mais il se dilate, se fond et se remet en mouvement aux premières chaudes brises du printemps, au premier rayon de soleil.
Distinguons l'amour de la passion. La passion, née du hasard, délire, folie du cœur ou des sens, ainsi que toute maladie aiguë, dure peu. L'amour, au contraire, basé sur les qualités morales, sur l'estime et la vertu, est éternel : c'est un morceau de cire qui peut changer de forme et de nom, mais jamais de fond.
N'en déplaise aux psychologues, l'amour n'est point une faculté ; c'est un mouvement de rotation de l'âme sur elle-même pour s'élancer vers l'objet qui l'attire ; c'est bien un commencement de vouloir, mais non le mouvement de locomotion de la volonté qui, étant une faculté, peut toujours commander, sinon à l'amour lui-même, du moins à l'expression de l'amour.
Notre cœur est toujours à la hauteur de notre esprit, car l'amour est l'enfant de la pensée.
Femmes ! ne l'oubliez point ; la bonne tenue et la décence sont les sentinelles de votre vertu. Prenez garde au laisser-aller ! du laisser-aller au laisser-faire il n'y a guère que l'épaisseur d'un fichu mal mis.
Les métaux les plus oxidables, le fer, le cuivre, par exemple, sont aussi les plus répandus et les plus utiles : ils sont l'image des classes laborieuses. L'or, l'argent, le platine qui ne s'oxident point et ne se mêlent à rien sont rares et d'une utilité restreinte : c'est l'image des riches avares et des conservateurs inintelligents.