Les 88 pensées et citations d'Auguste Guyard :
Les critiques, les moralistes et les rhéteurs ressemblent à ces index barbouillés sur des poteaux aux carrefours des chemins, ils montrent la route qu'ils ne peuvent suivre.
Puisque la parole divise, il faut en user sobrement. Tout ce qui n'est pas nécessaire à formuler une pensée est de trop. L'éloquence est le sauf-conduit du mensonge. L'erreur a besoin de se cacher sous l'abondance et la superfluité des mots ; la vérité s'exprime brièvement ; les axiomes sont toujours courts.
Ô femmes ! C'est à vous, après Dieu, que je dois et la vie et tout le bonheur de ma vie ! Une femme m'a porté neuf mois dans son sein et a subi, pour me donner le jour, l'auguste martyr de la maternité ! Une femme a bercé dans ses bras mon enfance et l'a endormie au bruit de ses caresses et de ses chants ! Une femme m'a nourri de sa substance ! C'est à sa blanche et rose mamelle que j'ai sucé, avec le lait, cet amour et cette tendresse que plus tard mes lèvres brûlantes lui rendirent en voluptueux baisers ! C'est dans les enivrements et les transports d'un premier amour, qu'à seize ans, j'ai goûté, sur la terre, les plaisirs et les joies du ciel ; ces plaisirs et ces joies que le cœur suffit à peine pour sentir et qu'aucune langue ne saurait exprimer. C'est à l'affection, au dévouement et à la tendre amitié d'une femme que je devrai les jouissances plus calmes et non moins douces de l'âge mûr, les consolations et les adoucissements de la vieillesse. Merci donc, ô femmes ! merci, trois fois merci de tout le bonheur que j'ai reçu et de celui qui m'est réservé encore ! La reconnaissance la plus vive, une reconnaissance éternelle me voue pour jamais à votre défense, à votre amour et à votre culte, légitime comme celui des anges. Car, vous aimer, c'est aimer les plus charmants et les plus doux attributs de Dieu ; vous honorer et vous défendre, c'est honorer et défendre les anges de Dieu ; vous posséder enfin, c'est posséder le ciel de Dieu.
Apprendre et oublier, c'est perdre son temps, On n'est pas savant par cela qu'on a appris, mais par cela qu'on a retenu. La répétition est donc d'une haute importance, elle est nécessaire, elle doit être incessante et se faire toujours sous un point de vue nouveau, afin d'apprendre à chaque fois quelque chose de plus.
S'il est dans la nature de l'homme d'apprendre et de retenir, il est aussi dans sa nature d'oublier. Or il n'y a qu'un seul moyen de fixer d'une manière durable et indélébile dans notre mémoire les idées qui lui ont été confiées, c'est la répétition. La répétition est le plus puissant de tous les exercices mnémoniques, il est la base de tous les autres.
L'Émancipation est un bien que tous les parents devraient ambitionner de laisser, en mourant, à leurs enfants, comme le trésor le plus réel et le plus précieux, comme un anneau magique et préservateur qui peut tenir lieu de tout, mais que rien ne peut remplacer !
L'Émancipation est le premier besoin de l'homme, la seule chose qui lui soit nécessaire, indispensable ; l'homme peut se passer de la science, de la fortune, d'un rang élevé, il peut se passer de tout, mais il a toujours besoin d'être lui-même, d'être émancipé, d'être homme.
Ce n'est pas le métier qui dégrade l'homme, mais bien l'homme qui dégrade le métier.
Non contente de persécuter ses bienfaiteurs, la société d'aujourd'hui repousse d'abord et sans examen toutes les idées nouvelles et providentielles qui, plus tard, deviennent pour elle une source inépuisable de biens et de plaisirs.
L'enfant est un artiste qui cherche le pourquoi de tout et qui le trouve.
S'il est nécessaire que les occupations, les conditions et les fortunes soient diverses et inégales parmi des citoyens, il faut que l'éducation et l'instruction soient égales et uniformes parmi des hommes ; parce que l'homme est fait pour comprendre son semblable et pour en être compris ; parce qu'il est né pour le progrès et une perfection indéfinie qu'il ne peut atteindre que par le développement intégral de toutes les facultés de sa triple nature matérielle, intellectuelle et morale, c'est-à-dire par l'éducation et l'instruction les plus élevées.
L'instruction que l'on donne au peuple sous le nom d'instruction primaire, et qui consiste à enseigner à lire, à écrire et à chiffrer à un être capable de com prendre comme Newton les lois de l'équilibre des mondes, de recomposer avec un os une race éteinte comme Cuvier, ou de lire comme lui, sur des débris, l'âge de notre planète, est une véritable dérision ; c'est une goutte d'eau jetée à un malheureux que dévore une soif ardente, une miette de pain à un homme affamé.
Il n'est pas toujours bon dans une société corrompue d'exprimer ses sympathies, c'est même souvent un devoir de ne le point faire. La volonté ne peut pas empêcher la combinaison fatale de deux fluides, mais elle peut toujours en empêcher la déclaration et l'aveu.
L'amour et les scrupules s'alimentent par les efforts même qu'on fait pour les détruire. Dans les deux cas, le traitement par les contraires est funeste. Amants et scrupuleux ! point de salut pour vous hors de l'homéopathie. L'amour de Dieu ou de l'humanité vous guérira de l'amour qui vous pèse, et vous ne guérirez de vos scrupules que par celui d'être scrupuleux.
Couper court et sans s'arrêter : voilà comment il faut passer un torrent à la nage. Le traverser en biais c'est allonger le chemin, et l'on se noie lorsqu'on s'arrête ou qu'on se laisse aller mollement au courant. Ah ! coupons court aussi le torrent du malheur !
Rien ne pare une femme qui aime comme le sentiment religieux, il ajoute à la beauté, et embellirait la laideur si une femme qui aime pouvait être laide.
L'amitié d'un sot est cent fois plus dangereuse que la haine d'un homme d'esprit. Un sot ami vous nuit toujours, et vous le verrez, tôt ou tard, devenir un de vos plus chauds ennemis.
Le plaisir est une rose églantine qui s'épanouit sur la terre, au bord des précipices, parmi des épines nombreuses, acérées, brûlantes ; le bonheur est un fruit qui ne mûrit qu'aux latitudes du ciel.
L'amitié n'est, hélas ! pour la généralité des hommes, qu'un vil commerce dans lequel chacun espère retirer un intérêt usuraire de ses avances.
L'amitié est un nuage transparent derrière lequel l'amour se lève dans le cœur des femmes.
Un refus fait de bonne grâce appelle plutôt la reconnaissance qu'un service rendu de mauvaise humeur. En certaines choses, la forme vaut mieux que le fond.
S'il est vrai que les espèces évoluent et progressent, c'est-à-dire que les hommes d'aujourd'hui sont des singes d'hier, le meurtre d'un animal, pour s'en nourrir, est un homicide et une anthropophagie anticipés.
La pudeur est le plus bel ornement des femmes. L'impudicité les dégrade.
Les femmes, en général, sont de belles petites bêtes qui mettent dans la toilette et les colifichets l'unique intérêt de la vie.
Pourquoi la plus douce amitié est-elle celle qui lie les personnes d'un sexe différent ? C'est que cette amitié est toujours, à notre insu, parfumée d'un peu d'amour.
Les animaux les plus doux, les plus courageux, les plus intelligents du globe se nourrissent de végétaux. Le mouton, le bœuf, le cheval, l'éléphant, le singe, etc., sont herbivores. Le chien, qui vit parfaitement de soupe et de pain, est plus féroce au service du boucher qu'à celui du berger.
Avant sa chute, l'homme vivait heureux dans un jardin de délices, c'est-à-dire plein de fruits exquis ; depuis sa déchéance, qui fut sans doute le meurtre d'un animal, il vit malheureux sur la terre transformée par lui en une immense boucherie. II engloutit dans ses entrailles une chair qui a souffert et il s'étonne, et il se plaint de souffrir. Le bonheur n'est que dans les jardins, retournons-y.
La terre nous emporte dans l'espace avec une vitesse de 379 lieues par seconde ! C'est à peine si deux hommes ont le temps de se donner la main avant de mourir ; et nous trouvons le temps de nous disputer, de nous haïr, de nous proscrire et de nous entretuer pour des mots mal définis !
Les ténèbres, le froid , la haine, la laideur, la méchanceté, le désordre, la maladie, la douleur, la mort, l'erreur et le mal, dans toutes leurs nuances, ne sont point nécessairement les contraires de la lumière, de la chaleur, de l'amour, de la beauté, de la bonté, de l'ordre, de la santé, du plaisir, de la vie, de la vérité et du bien ; ils n'en sont que des contrastes, des diminutifs, des doses variées, des degrés différents. Absolument parlant, les ténèbres et le mal n'existent pas, pas plus que le néant. Rien n'est absolument que l'être ou le bien ; et l'être ou le bien absolu ne peut produire, à son tour, que des êtres ou des biens relatifs.
Sans doute, l'homme est fait pour la vérité absolue ; mais en sa qualité de sujet du temps et de l'espace, il ne peut y arriver que par les mille sentiers de la vérité relative ou de l'erreur. Oui, c'est en errant, c'est-à-dire en courant à travers le temps et l'espace, après chaque forme successive de la vérité qui passe ; c'est en prenant faussement la succession pour la synthèse ; la partie pour le tout ; un des infinis et fugitifs aspects de l'être, pour l'être lui-même ; une vérité, enfin, pour la vérité, que l'homme arrivera, non pas à la pratique, mais à la contemplation de l'absolu. Ainsi, le mathématicien détermine la perpendiculaire au moyen des obliques ; ainsi, par ses chutes réitérées, l'enfant apprend à se tenir debout et à marcher.