Quand la liberté a disparu, il reste un pays, mais il n'y a plus de patrie.
Votre ami vient de partir ; vous vous croyez fort contre l'absence : allez visiter la demeure de votre ami, elle vous apprendra ce que vous avez perdu et ce qui vous manque.
Un avenir sera, un avenir puissant, libre dans toute la plénitude de l'égalité évangélique ; mais il est loin encore, loin au-delà de tout horizon visible. On n'y parviendra que par cette espérance infatigable, incorruptible au malheur, dont les ailes croissent et grandissent à mesure que tout semble la tromper.
Redemande au repentir la robe de l'innocence : c'est lui qui l'a trouvée, et qui la rend à ceux qui l'ont perdue.
Tant que le cœur conserve des désirs, l'esprit garde des illusions.
Quelquefois on oublie un moment ses douleurs, puis on les reprend comme un fardeau qu'on aurait déposé un instant pour se délasser.
Les grandes afflictions semblent raccourcir les heures comme les grandes joies.
La postérité se souvient des hommes qui ont changé les empires, très peu de ceux qui les ont rétablis, à moins que ce rétablissement n'ait été durable. On admire ce qui crée, on estime à peine ce qui conserve : une grande gloire couvre de ténèbres tout ce qui la suit.
Celui qui aime est toujours dans la joie : il court, il vole, il est libre, et rien ne le retient ; il donne tout pour tous et possède tout en tous, parce qu'il se repose dans ce bien unique et souverain qui est au-dessus de tout et d'où découlent et procèdent tous les biens.
Les grands hommes ne doivent être vus qu'en grand.
On n'a rien à craindre du temps lorsqu'on est rajeuni par la gloire.
La vie n'est pas toute en plaine, on monte quelquefois, on descend souvent.
Les vertus ne sont des vertus qu'autant qu'elles refluent vers leur source, c'est-à-dire vers Dieu.
Les devoirs ne sont jamais si énergiques que quand il en coûte à les remplir.
Sans religion on peut avoir de l'esprit, mais il est difficile d'avoir du génie.
On est bien près de tout croire quand on ne croit à rien.
On se réconcilie avec un ennemi qui nous est inférieur pour les qualités du cœur ou de l'esprit ; on ne pardonne jamais à celui qui nous surpasse par l'âme et le génie.
Il n'y a qu'une minute de la vie à la mort.
Il suffit qu'une mère voit sourire son enfant pour être convaincue de la réalité d'une félicité suprême.
La justice est le pain du peuple, il en est toujours affamé.
En général on parvient aux affaires par ce que l'on a de médiocre et l'on y reste par ce que l'on a de supérieur.
Le temps et le monde que j'ai traversés n'ont été pour moi qu'une double solitude et je me suis conservé tel que le ciel m'avait formé.
Les larmes sont mères des vertus, et le malheur est un marchepied pour s'élever vers le ciel.
L'orgueil est le péché de Satan, c'est le premier péché du monde. L'orgueil est si bien le principe du mal, qu'il se trouve mêlé aux diverses infirmités de l'âme ; il brille dans le souris de l'envie, il éclate dans les débauches de la volupté, il compte l'or de l'avarice, il étincelle dans les yeux de la colère, et suit les grâces de la mollesse.
La mort est variée à l'infini, mais toujours bouffonne à l'instar de la vie, qui n'est qu'une sérieuse pantalonade.
La religion, dans tous les siècles et dans tous les pays, a été la source de l'éloquence.
Les soins d'une mère pour son enfant sont le fruit de l'expérience de toute sa vie.
La religion tire ses raisons de la sensibilité de l'âme, des plus doux attachements de la vie, de la piété filiale, de l'amour conjugal, de la tendresse maternelle : L'athéisme réduit tout à l'instinct de la bête ; et pour premier argument de son système, il vous étale un cœur que rien ne peut toucher.
La religion ne parle que de la beauté de l'homme : L'athéisme a toujours la lèpre et la peste à vous offrir.
La femme a naturellement l'instinct du mystère, elle prend plaisir à se voiler, elle ne découvre jamais qu'une moitié de ses grâces et de sa pensée, elle est pleine de secrets, elle séduit surtout par son ignorance.
L'amour tend toujours en haut, et il ne souffre point d'être retenu par les choses basses.
L'amour de Dieu est généreux, il pousse les âmes à de grandes actions, et les excite à désirer ce qu'il y a de plus parfait.
Le ver de la tombe commence à ronger la conscience du méchant avant de lui dévorer le cœur.
Il est bon de se prosterner dans la poussière quand on a commis une faute, mais il n'est pas bon d'y rester.
Les sentiments les plus merveilleux sont ceux qui nous agitent un peu confusément.
Il est difficile d'aimer avec toutes les conditions de bonheur, jeunesse, beauté, temps opportun, harmonie de cœur, de goût, de caractère, de grâces et d'années. Il ne manque à l'amour que la durée pour être à la fois l'Eden avant la chute et l'hosanna sans fin. Faites que la beauté, que la jeunesse demeure, que le cœur ne se puisse lasser et vous reproduirez le ciel.
Il faut avoir le cœur placé haut pour verser certaines larmes : La source des grands fleuves se trouve sur le sommet des monts.
Mon chagrin est devenu une occupation qui remplit tous mes moments, tant mon cœur est naturellement pétri d'ennui et de misère !
Souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes : un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues, que ton cœur demande.
Les sons que rendent les passions dans le vague d'un cœur solitaire, ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre.
Oh ! argent que j'ai tant méprisé, tu as pourtant ton mérite : source de la liberté tu arranges mille choses dans notre existence où tout est difficile sans toi... Quand on n'a point d'argent on est dans la dépendance de toutes choses et de tout le monde.
La nation française n'aime pas au fond la liberté, mais elle adore l'égalité ; sa vanité lui commande de n'obéir qu'à ce qu'elle s'impose.
Les passions sont les mêmes dans tous les siècles, les idées changent avec la succession des âges.
L'incapacité est une franc-maçonnerie dont les loges sont en tout pays.
De tout pouvoir éventré et exposé à la lumière sort la vermine que l'on avait adorée.
Le désir est le père de la puissance ; quiconque désire fortement, obtient.
Les événements font plus de traîtres que les opinions.
L'amour est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l'on est aimé comme l'on aime.
Aimer, c'est chercher la félicité dans ce qu'on aime.
La passion dominante de l'homme sera toujours la vérité ; quand il aime l'erreur, c'est que cette erreur, au moment qu'il y croit, est pour lui comme une chose vraie. Nous ne chérissons pas le mensonge, bien que nous y tombions sans cesse.