Il n'est pas de thème si stérile que l'amour et la jeunesse ne puissent féconder.
Ceux qui rient aux éclats ne sont pas toujours les plus gais ; on peut pleurer sans douleur, et rire sans joie.
Si les vieillards sont conteurs, les enfants, de leur côté, sont très avides de récits, ce qui justifie l'adage que les extrêmes se touchent.
Le puissant pardonne quelquefois une offense, jamais une raillerie.
Il n'est pas nécessaire d'avoir atteint l'âge de raison pour perdre la raison.
Les champions de la raison même n'ont le droit, ni de manquer de générosité dans la lutte, ni de se proclamer infaillibles.
Quand la cruelle expérience de la vie nous a endurcis, nous avons contre la douleur le bouclier de l'indifférence ; mais les amertumes du premier âge sont indélébiles parce que, nous frappant à l'improviste, elles nous surprennent désarmés.
Les paroles doivent être guidées par la pensée, et la pensée par l'esprit et par le cœur.
Donnez au peuple toute l'instruction dont sa vie laborieuse le rend susceptible ; car, si la flamme du génie est un rayon descendu du ciel sur la terre, son éclat brillera vainement au milieu d'une génération d'aveugles.
Pourquoi la Fortune est-elle sympathique à l'audace et à la jeunesse ? Parce qu'elle est femme.
Savoir tirer parti de tout ce qui arrive, de tout ce qui se présente, saisir l'occasion fournie par un mot, par un geste, en somme, ne laisser échapper aucune chose, si petite qu'elle paraisse, sans en faire sortir un enseignement, voilà ce qu'un bon instituteur doit se proposer ; c'est là un champ plus fécond que les meilleurs traités.
Que les enfants aient la manie de dégrader, de détruire, on le comprend ; mais que les instituteurs ne trouvent pas la force et le courage de l'empêcher, qu'ils ne sachent pas leur inspirer un peu de respect pour le domaine public, qui est en définitive le patrimoine de chaque citoyen, voilà ce qui un jour paraîtra fabuleux.
La nature, qu'il faut toujours tenir pour notre véritable institutrice, a elle-même assigné aux mères le soin de l'éducation première.
Les excès de la passion du bien ne sont jamais fort redoutables.
L'automne est la saison des transitions ; il nous donne les fruits, mais il dépouille les arbres ; il remplit les greniers, mais il fait de la campagne un désert, et derrière lui s'avance l'hiver, la solitude, la mort.
La plus grande de toutes les humiliations pour les gens en place, c'est de voir détruire sous leurs yeux, et pendant qu'ils exercent encore une autorité nominale, l'œuvre qu'ils avaient mis des années à édifier.
L'enfant qui entre dans l'adolescence, la femme sur le retour, n'ont pas de physionomie propre et déplaisent généralement. Un beau vieillard excite notre sympathie ; une barbe blanche a un caractère de majesté ; mais l'homme qui commence à chanceler sur ses jambes mal assurées, une barbe grisonnante ont un aspect disgracieux.
L'homme, essentiellement égoïste, conclut toujours du particulier au général.
L'autorité sans limites dégénère toujours en licence.
Aucune société durable ne peut s'établir entre des hommes guidés par des intérêts purement égoïstes ; on peut les comparer à ces corps chargés de la même électricité qui se repoussent mutuellement.
Les peuples ne cesseront de jouer le rôle de moutons qu'on mène à la boucherie, et ne deviendront des sociétés d'hommes libres que par le développement de leur intelligence ; tant qu'ils seront livrés à l'ignorance et aux préjugés, ils resteront courbés sous le joug de leurs passions aveugles ou sous le despotisme des tyrans.
Le principe d'autorité tue le libre examen ; le libre examen, à son tour, tue l'autorité : c'est un duel à mort.
La perfection de l'amour consiste dans le sacrifice des désirs de l'amant, qui ne cherche qu'à satisfaire aux désirs de l'objet aimé.
L'amour envers les autres contribue à notre propre bonheur ; l'amour déréglé de nous-même fait notre malheur et celui des autres.
L'amour sans espoir n'a de refuge que dans la mort.
L'émotion de l'amant naïf et timide, au moment d'entrevoir sa belle, se pourrait comparer à celle de Sémélé attendant, d'un cœur palpitant, l'apparition de Jupiter dans la splendeur de sa divinité.
L'amour des hommes se compose de soupçons pour un tiers, de jalousie pour un autre tiers, le tout combiné avec un immense orgueil.
Ce qu'on appelle aujourd'hui l'amour n'est qu'une mesquine vanité personnelle que l'homme cherche à satisfaire ; or, comme cette satisfaction cesse ou diminue aussitôt qu'elle ne rencontre plus d'obstacle, l'homme sûr d'être aimé tombe dans l'indifférence et se livre à d'autres pensées, à de nouveaux désirs, à de nouveaux caprices.
La femme qui aime sincèrement n'est plus coquette, et, sans coquetterie, la femme cesse bientôt de plaire.
Pour une femme, un homme trop aimé est un tyran qu'elle se donne dans le présent et une grande douleur qu'elle se prépare dans l'avenir.
L'idée la plus folle semble toujours la plus probable aux amoureux, quand elle flatte leur passion.
L'âme, créée avec un penchant pour aimer, se porte vers toute chose qui lui plaît, aussitôt que le plaisir actuel la sollicite. L'esprit des hommes puise dans un être réel ces impressions qui se développent en eux et qui portent leur âme vers elles ; et, si l'âme s'y abandonne, cet abandon est l'amour, c'est une nouvelle nature que le plaisir fait naître en eux. Puis, comme le feu s'élève vers le ciel, parce qu'il tend naturellement à monter aux lieux où sa matière a plus de durée, ainsi l'âme éprise se livre au désir, qui est un mouvement spirituel, et qui ne s'arrête pas qu'il n'ait possédé la chose aimée. On voit combien la vérité est inconnue à ceux qui prétendent que tout amour est une chose louable en soi : ils estiment que la matière de l'amour est toujours bonne ; mais toute empreinte n'est pas bonne, quoique la cire le soit.