L'âme, créée avec un penchant pour aimer, se porte vers toute chose qui lui plaît, aussitôt que le plaisir actuel la sollicite. L'esprit des hommes puise dans un être réel ces impressions qui se développent en eux et qui portent leur âme vers elles ; et, si l'âme s'y abandonne, cet abandon est l'amour, c'est une nouvelle nature que le plaisir fait naître en eux. Puis, comme le feu s'élève vers le ciel, parce qu'il tend naturellement à monter aux lieux où sa matière a plus de durée, ainsi l'âme éprise se livre au désir, qui est un mouvement spirituel, et qui ne s'arrête pas qu'il n'ait possédé la chose aimée. On voit combien la vérité est inconnue à ceux qui prétendent que tout amour est une chose louable en soi : ils estiment que la matière de l'amour est toujours bonne ; mais toute empreinte n'est pas bonne, quoique la cire le soit.