Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville (3)

Se vanter de n'avoir aucune prétention, c'est en avoir au moins une.

Qui est toujours lui-même est rarement dénué de quelqu'intérêt pour les autres.

Qui se vante de sa simplicité, la perd.

On déjoue une plaisanterie en ayant l'air d'y applaudir.

Jugez, mais ne critiquez point.

L'estime des autres doit être le résultat plutôt que le but de notre conduite.

On est plus heureux d'un bonheur qui ne porte pas ombrage que de celui qui fait des envieux.

Une grande exaltation peut donner à l'esprit des apparences sans réalité.

Il est adroit de ne jamais rougir de ses actions, et sage de n'avoir jamais à les regretter.

On aime dans la jeunesse le courage improvisé et la prudence acquise.

Les cœurs les plus impressionnables ne sont pas toujours les plus tendres.

Il faut savoir se faire pardonner ses succès.

L'innocence du langage cache souvent le crime au fond de l'âme.

La modestie ajoute au mérite, et fait pardonner la médiocrité.

L'injustice détruit l'affection.

Il n'y a de mérite à donner que lorsqu'en donnant on se prive.

L'honneur purement humain ne résiste pas à toutes les épreuves.

L'âme pure est semblable à un météore qui reste inaperçu de la multitude.

L'indulgence est une vertu, l'aveuglement une sottise.

La simplicité, qui devrait être une qualité naturelle, a souvent besoin d'étude pour s'acquérir.

Les apparences font souvent d'un vaurien un honnête homme.

La passion peut donner un moment l'apparence de l'affection : bien fou qui s'y fie.

L'amour-propre est presque toujours un égoïsme déguisé.

Le cœur est souvent plus facile à contenter que l'esprit.

On peut plaindre l'homme coupable sans transiger avec les principes qui le condamnent.

Si vous ne pouvez détruire l'amour-propre, dirigez-le.

Une âme tendre pardonne tout si elle se croit aimée.

La douleur qui se tait est celle qui inspire le plus d'intérêt.

La conscience est un tribunal sans appel.

C'est souvent soi qu'on aime et préfère quand on parle d'amour.

L'homme croit aimer, quand il désire ; il oublie après avoir obtenu.

La calomnie passe, la médisance reste.

Le pardon devient aussi parfois une vengeance.

L'expérience du monde endurcit le cœur.

Un ami est plus fidèle qu'un amant.

L'enfance est une tige fragile qui a besoin d'appui.

L'homme discret parle quelquefois pour ne rien divulguer de par son silence.

On échappe souvent à la critique des autres par la sienne.

L'homme coupable fuit la solitude, et craint en même temps la société.

Le cœur qui déleste est plus près de l'affection que celui qui s'est refroidi.

Ne permettez jamais qu'on vous humilie ; mais il est louable de s'humilier soi-même.

La témérité, qui est une qualité dans un soldat, devient un défaut dans un général.

Rien ne remplace dans le cœur l'enfant qu'on a perdu.

L'esprit ne donne pas de la raison ; le bon sens donne souvent de l'esprit.

Les regrets que laisse le bonheur sont encore une jouissance.

L'instant qui suit la mort est le seul redoutable ; il est l'éternité.

On déjoue d'une plaisanterie, en ayant l'air d'y applaudir.

L'hypocrisie porte un masque qui déteint.

L'affection s'altère toujours plus ou moins par la négligence.

L'étude est le garde-fou de la jeunesse.