Recueil de poésie et de citations ainsi que des proverbes.

Marie de Flavigny, comtesse d'Agoult (4)

Les plus belles citations de Marie d'Agoult :

Le vulgaire se croit sage parce qu'il se sent médiocre.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La sagesse est cette rare concordance, cette heureuse harmonie des facultés et des désirs que la nature, en ses jours de largesse, accorde aux hommes d'élite, et qui produit en eux une liberté d'âme parfaite.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La suprême vertu, en même temps que la suprême sagesse, consiste à ne considérer les événements du dehors que dans leur rapport avec notre être intime, et à ne les estimer qu'en raison de leur influence sur notre progrès moral.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La vie du genre humain me fait l'effet d'une symphonie, composée par un grand artiste, il est vrai, mais exécutée par des sourds.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Sachons mettre l'art dans la vie, et la vie dans l'art.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Si nous savions écouter les voix de la nature et suivre l'esprit intérieur, notre vie se composerait d'elle-même selon les lois d'une grande œuvre d'art. On n'y verrait ni contrastes heurtés, ni brusques transitions, ni déclin rapide. Avec le changement des saisons et des âges, l'harmonie première se modifierait sans s'interrompre ; elle perdrait peu à peu de sa force et de son éclat, mais elle ne serait jamais altérée : semblable à cette symphonie du maître, où les instruments se taisent un à un sans que le dessin en souffre, et de telle sorte que l'oreille charmée garde jusqu'à la fin l'illusion d'un parfait ensemble.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Le plus important, celui qu'on exerce le moins de tous les arts, c'est l'art de vivre. Combien peu d'hommes ont ce juste sentiment des proportions qui, supprimant le détail, ne s'attache qu'aux grandes lignes. Combien peu surtout concoivent un idéal d'après lequel ils modèlent leurs actions, auquel ils conforment leurs desseins. Je ne vois partout que la caricature, ou tout au plus la grossière ébauche de ce que pourrait être la vie humaine.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La suprême sagesse et la suprême vertu, c'est de se rendre libre. S'il était donné à l'homme de s'affranchir de toutes les servitudes où le retient l'ignorance ; s'il arrivait à une intelligence complète de sa nature et de sa destinée, il voudrait toujours son véritable bien et le bien d'autrui. Il deviendrait sur ce point semblable à Dieu qui, souverainement libre, ne peut pas, néanmoins, vouloir le mal. En un mot, et ce mot renferme à mes yeux toute notion de morale et de progrès, aussi bien pour les individus que pour les peuples : la parfaite liberté chez l'homme n'est autre chose que l'activité de sa raison.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La supériorité d'esprit chez une femme est un phénomène trop rare encore pour ne pas exciter la défiance du vulgaire. Il en résulte que c'est une supériorité inquiète, armée, et qui use à se défendre elle-même les forces qu'elle devrait consacrer utilement au bien de la famille et de la société.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les femmes ne méditent guère, elles se contentent d'entrevoir les idées sous leur forme la plus flottante et la plus indécise. Rien ne s'accuse, rien ne se fixe, dans les brumes dorées de leur fantaisie. Ce ne sont qu'apparitions rapides, vagues figures, contours aussitôt effacés. On dirait qu'elles n'ont nul souci delà vérité des choses, et que leur esprit n'a commerce qu'avec ces personnages énigmatiques de la scène grecque qu'Aristophane appelle les célestes nuées, les divinités des oisifs.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Penser est pour un grand nombre de femmes un accident heureux plutôt qu'un état permanent. Elles font, dans le domaine de l'idée, plutôt des invasions brillantes que de régulières entreprises et des établissements solides.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il est des femmes qui conservent la faculté d'aimer longtemps après avoir perdu celle de plaire ; je ne conçois guère d'état plus pitoyable. Il en est d'autres, au contraire, qui inspirent encore l'amour lorsqu'elles ne peuvent plus l'éprouver. Pour celles-ci, le déclin des ans est doux et facile. Elles restent jusqu'à la fin dans la dignité du rôle que la délicatesse de nos mœurs leur a tracé.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La finalité d'un être libre, c'est de parvenir à toute la dignité, à toute l'excellence de sa nature.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Lorsqu'une femme galante repousse les prétentions d'un homme, il ne voit là qu'un caprice outrageant pour lui ; il s'irrite et se venge. Quand, au contraire, une femme honnête, soit pour rester chaste, soit pour demeurer fidèle à un sentiment antérieur, refuse de céder aux sollicitations d'un amant, l'amour-propre du rebuté ne souffre pas ; il honore la cause du refus dont il se plaint ; son cœur seul est atteint, et le cœur pardonne. Il n'est pas rare de voir ces amants éconduits devenir les amis les plus dévoués de la belle insensible.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les hommes de nos jours ont l'âme si petite, que, s'ils viennent à inspirer l'un de ces héroïques amours dont le cœur féminin n'a pas perdu le secret, et qui les sollicitent en quelque sorte à la grandeur, on les en voit embarrassés, importunés. Ils prennent à tâche de l'amoindrir, de le déprimer, de le taillera leur mesure.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Je veux bien qu'une grande âme se dévoue à l'amour, mais que ce soit en reine et non en esclave. Les femmes abaissent le dévouement jusqu'à l'abandon de soi ; et quand elles se plaignent d'être abandonnées, elles oublient trop qu'elles ont, en quelque sorte, donné l'exemple.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les amours, et j'entends les plus nobles, périssent très souvent par trop peu de fierté chez la femme et trop peu de délicatesse chez l'homme. L'une excède la mesure de la condescendance et ennuie ; l'autre excède la mesure des exigences et révolte. Une conscience plus juste de sa propre valeur chez la femme, un sentiment moins rude de sa supériorité chez l'homme, maintiendraient l'harmonie, et prolongeraient la durée d'un sentiment qui n'est pas aussi essentiellement mobile et éphémère qu'on affecte chez nous de le croire.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il y a dans la faiblesse de la femme une puissance attractive que la force de l'homme subit avec étonnement, qu'il flatte et qu'il maudit tour à tour comme une tyrannie, parce qu'il en coûterait trop à son orgueil d'y reconnaître une loi providentielle. Les archives du genre humain, épopées, histoires et légendes, sont remplies de témoignages éclatants de ce charme mystérieux : Eve et Marie, Minerve et Vénus, les Muses et les Sirènes, Armide et Béatrix, Cléopâtre et Jeanne d'Arc, en sont les figures immortelles. La femme est plus voisine que l'homme de la nature. En dépit de la Genèse, je serais tenté de croire qu'elle l'a précédé dans l'ordre de la création. L'influence que la femme exerce, comme à son insu, participe des influences naturelles. Son œil a les fascinations de la mer ; sa riche chevelure est un foyer électrique ; les ondulations de son corps virginal rivalisent de grâce et de souplesse avec les courbes des fleuves et les enlacements des lianes ; et le Créateur a donné à son beau sein la forme des mondes.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

J'errais un soir sous les ombrages de la villa d'Esté. Pensif, je m'arrêtai auprès d'un mausolée dont la longue inscription rappelait apparemment les honneurs, les titres, le rang et les richesses d'un personnage jadis illustre. Un lierre avait poussé, et son feuillage touffu cachait presque en entier la pompeuse épitaphe. Éternelle sagesse de la nature, pensai-je, comme tu voiles avec douceur les vanités éphémères de l'homme !

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'homme voulait se faire semblable à Dieu ; les prêtres ont fait Dieu semblable à l'homme ; et la vanité de l'esprit humain s'est contentée.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il n'est point vrai, comme le craignent quelques-uns, que les peuples modernes s'acheminent, par la conformité des mœurs et l'égalité des conditions, vers une existence monotone. Dans la nature comme dans l'art, quand les grands contrastes cessent de s'accuser, les nuances délicates apparaissent. Entrez dans nos jardins, voyez comment, du rapprochement des espèces, naît une infinité de variétés charmantes. À mesure que les oppositions se fondent, de plus douces harmonies se combinent. La musique de Mozart, la peinture de Raphaël, n'offrent ni les tons heurtés ni l'éclat tapageur des œuvres de la barbarie.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les rapides changements qu'ont amenés dans les conditions de temps et d'espace les découvertes de la science moderne, peuvent faire pressentir pour l'avenir une immense amélioration, non seulement dans la condition sociale de l'espèce humaine, mais encore dans la constitution physique et morale de l'individu. Lorsqu'il sera donné à l'homme de parcourir avec la rapidité de l'éclair tous les points du globe ; quand il pourra passer incessamment d'un climat à l'autre, des neiges éternelles du Septentrion aux chaleurs tropicales, respirer presque au même instant les vapeurs subtiles des hautes montagnes, les courants salins des mers et l'épaisse atmosphère des plaines intérieures ; quand il sera devenu l'hôte familier de l'air, comme il est aujourd'hui l'hôte des océans ; quand non plus seulement la table des souverains et des grands, mais la table du moins riche des citoyens sera chargée des produits divers des latitudes les plus éloignées ; peut-on douter que l'organisation si souple et si modifiable de l'homme n'arrive, par toutes ces assimilations nouvelles, à un état plus parfait ? Joignons à cela le commerce spirituel par le mutuel échange des idiomes et des littératures, la participation facile à toutes les manifestations de la pensée, chez toutes les races, et nous ne pourrons pas mettre en doute que toutes ces influences combinées doivent concourir à la formation d'un être aussi supérieur à l'homme actuel que l'habitant des grandes villes, par exemple, l'est aujourd'hui au rustre de certaines campagne.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'homme n'arrive que par de bien lents progrès à comprendre, à aimer son semblable : le dernier sentiment auquel s'élève l'humanité, c'est l'humanité.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'homme moderne, dont le travail ardu et la science un peu sombre cherchent, dans les entrailles du passé, les origines cachées et le secret des formations primitives, c'est le mineur persévérant qui arrache aux profondeurs du sol les métaux précieux, mais qui respire, dans une ombre malfaisante, au grand détriment de sa constitution, une multitude de gaz délétères.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Rien de plus rare, de nos jours, qu'une activité bien tempérée. L'homme moderne est inquiet ou abattu. On dirait que les horizons de la vie se sont trop étendus pour la mesure de ses vues et de ses étreintes. Mais, hélas ! ne seraient-ce point des horizons d'automne, qui ne s'étendent, en apparence, que parce que les arbres se dépouillent ?

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'homme antique ne connaissait que la vie publique et la vie de famille, le forum et le foyer. Il n'avait point inventé ce commerce frivole dont les salons sont le théâtre, et d'où la passion, la sincérité, le sérieux sont bannis par les femmes qu'on y voit régner en souveraines. Il n'aurait pas même compris ce parti pris de fadeur, de faux semblants, de galanterie équivoque, de bel esprit subtil et sans autre but que celui de faire passer les heures, si courtes pour l'homme qui saurait vivre. Il n'eût pas consenti à abdiquer ainsi chaque soir la dignité de son caractère, à rabaisser son esprit, à travestir son âme pour le divertissement des femmes coquettes.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'homme des campagnes vit isolé ; l'homme des grandes villes, refoulé. Chacun d'eux soupire après le bien qu'il suppose être le partage de l'autre et qu'aucun d'eux ne possède : le libre et sympathique échange des idées et des sentiments avec son semblable.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Si l'homme sauvage reste trop voisin de l'animal, l'homme des civilisations raffinées s'en éloigne trop. Il a rompu avec ces traditions touchantes dont les récits symboliques plaçaient toujours un animal sacré comme témoin ou acteur muet, mais sensible, dans les grands événements de l'humanité. Ainsi, une chienne allaite Cyrus ; Romulus est nourri par une louve ; Moïse garde les brebis, et le Sauveur du monde naît dans une étable.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La femme connaît mieux l'homme que l'homme ne connaît la femme. L'amour ayant été chez tous les peuples la principale, presque l'unique affaire du sexe faible, il n'est pas étonnant qu'il y ait porté toute son intelligence et ce merveilleux don d'observation qui lui est propre. Là où les hommes, fatigués d'agir au dehors, ont cherché l'oubli des choses, les femmes en ont cherché l'explication. Elles se sont plu à surprendre, dans l'ivresse des sens et de la raison, le secret de la nature masculine, parce que de ce secret dépendait souvent toute leur destinée. Il y a eu toujours jusqu'ici, il y aura longtemps encore, un peu de Dalilah dans chaque femme.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Plus l'esprit humain pénétrera dans les profondeurs du monde moral, plus il reconnaîtra ces différences naturelles des âmes, mieux aussi les fondements de la famille seront assurés. À la loi de rigueur qui a pesé jusqu'ici sur l'union conjugale, succédera la loi de grâce, plus puissante et plus douce tout ensemble, qui enlacera de ses souples anneaux le père, la mère, l'enfant, ces trois existences inséparables dans l'idée divine, prédestinées à se compléter l'une par l'autre, qui s'appellent et se commandent en quelque sorte dans la vie spirituelle tout aussi bien que dans la vie charnelle.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

En lui laissant croire qu'il poursuit un but qu'il s'est posé, la sage et patiente nature conduit doucement l'homme à la fin qu'elle lui assigne.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Très peu de femmes, dans l'état actuel de nos mœurs, sont capables d'amitié. Habituée au despotisme ou à l'esclavage, leur âme faible ou altière, toujours emportée au delà du juste et du vrai, ne sait point goûter le charme tempéré d'un sentiment sérieux et solide qui repose sur une égalité parfaite.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La vieillesse avancée ne prétend rien pour elle ; n'ayant plus rien à espérer, plus rien à convoiter, elle est si près de la fin des choses qu'elle les voit sous leur jour véritable, sans illusion et sans colère.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Le vulgaire n'est pas capable d'apprécier une œuvre d'art dans son ensemble et selon les conditions essentielles du beau, qu'il ignore. Il ne sait ce que c'est que composition, proportion, développement logique. L'art si difficile des transitions, le secret des nuances, la préparation des effets, les délicatesses du style, le choix des circonstances et jusqu'à l'habileté des omissions, tout cela échappe à ses perceptions grossières, qu'aucun exercice intellectuel n'a raffinées. Il n'est guère sensible qu'au choix du sujet. C'est par là qu'il est tout d'abord attiré ou repoussé. Puis il se laisse prendre à la déclamation, à l'emphase, à la banalité surtout des sentiments et des paroles dans laquelle il se retrouve lui-même avec délices.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il y a l'art serf et l'art libre ; l'artiste subalterne qui s'asservit à la nature, et l'artiste, si bien nommé maître, qui la possède. Pour l'un, le but suprême est de copier une forme ; pour l'autre, c'est de faire obéir la forme à sa pensée.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La mémoire est poète en ce sens qu'elle laisse tomber le détail, pour ne conserver que les grandes masses. Elle fait le travail de l'artiste quand il idéalise son modèle en ne reproduisant que les lignes simples et caractéristiques. De là cette locution proverbiale : que les choses s'embellissent dans le souvenir.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'habit ne fait pas le moine ; espérons qu'il ne fait pas le guerrier, l'homme d'État, le magistrat, le poète. Quelle pitoyable idée il nous faudrait concevoir de la société où nous vivons, dont l'habit est si absurde et si ridicule, que la peinture est aux expédients et la statuaire aux abois, quand il leur est commandé de reproduire un de nos grands hommes contemporains !

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Le mouvement est le caractère essentiel de la société moderne. C'est par les arts du mouvement qu'elle trouvera son expression. La musique et l'art oratoire sont appelés, par la force des choses, à la prééminence sur les arts plastiques jusqu'au jour où les conditions nouvelles de l'état nouveau étant acceptées par la conscience publique, un ordre véritable rendra aux esprits le sentiment de la permanence et l'amour de la stabilité.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

J'entends se plaindre et dire en accusant le temps présent : « Tout s'abaisse, tout s'alanguit, tout meurt. » Je regarde, je prête l'oreille, j'écoute les battements de mon cœur et je réponds : « Tout s'élève, tout se transforme, tout se vivifie. » Qui donc a raison ? Qui se trompe? La parole profonde d'un grand écrivain va nous mettre d'accord : « En ce temps-là, écrit Chateaubriand, il y avait beaucoup de mort parce qu'il y avait beaucoup de vie. »

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Sachez convaincre ou persuader, sinon ne vous mêlez ni d'élever, ni de gouverner les hommes.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La philosophie française a pour père un soldat. Dans ce simple fait on pourrait trouver, peut-être, une explication de son caractère plus positif que rêveur, et de ses allures plus du bon air que scolastiques. L'épée de Descartes m'apparaît comme un symbole ; j'y crois voir une image expressive de l'inspiration qui domine le génie français dans tous les ordres de la pensée.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Ce qui domine dans la nationalité française, c'est l'élément géométrique; dans la nationalité allemande, c'est l'élément métaphysique; dans la nationalité italienne, l'élément artiste. Les Grecs, ces enfants gâtés de la nature, avaient tout réuni.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Si vous êtes entré dans un de ces temples où la ligne droite et la ligne courbe unissent en une exquise harmonie la rectitude à la grâce, vous aurez eu l'image parfaite de la pensée virile et de l'intelligence féminine rapprochées, combinées, enlacées en une même vie par ce divin artiste qu'on nomme amour.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Tout homme est sujet à se tromper, mais persister dans son erreur, c'est signe d'ignorance.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Rarement ceux que nous aimons nous trompent ; d'ordinaire, c'est nous qui nous trompons en eux.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

À celui qui trouve naturel de posséder tout, il semble aussi très simple, à l'occasion, de quitter tout ; et c'est là un trait distinctif de l'homme bien né.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les devoirs de la maternité sont compatibles avec les grandes pensées, mais ils ne sauraient s'allier aux goûts frivoles. Une femme, en allaitant son fils, peut rêver avec Platon et méditer avec Descartes. Son humeur en sera plus sereine, les qualités de son lait n'en seront point altérées. Mais qu'elle se pare, se farde, veille, danse, intrigue, son sang s'échauffe, sa bile s'irrite, ses mamelles tarissent, son enfant pâtit : elle devient haïssable ou ridicule. Pourquoi donc les hommes de nos jours redoutent-ils si fort une femme philosophe, et souffrent-ils avec tant de complaisance une femme coquette ?

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La maternité est une révolution dans l'existence de la femme, et c'est le propre des révolutions de susciter toutes les puissances de la vie. Il faudrait supposer une bien complète déchéance pour qu'en cette crise douloureuse de la nature créatrice, la femme ne sentît pas l'enthousiasme du dévouement palpiter dans son sein. Le premier vagissement de son enfant est l'oracle qui lui révèle sa propre grandeur ; et le fer qui détache de ses flancs une créature immortelle en qui elle se voit revivre, la détache du même coup des puérilités et des égoïsmes de sa jeunesse solitaire. Cette rude étreinte des forces génératrices, ce labeur étrange imposé à sa faiblesse, ces espérances, ces angoisses, ces effrois qui l'oppressent, l'exaltent, et éclatent en un même gémissement ; puis cette convulsion dernière à laquelle succède aussitôt le calme auguste de la nature rentrée dans sa paix après avoir accompli son ouvre suprême ; tout cela n'est point, comme on l'a dit, le châtiment ou le signe de l'infériorité de tout un sexe. Loin de là ; cette participation plus intime aux opérations de la nature, ce tressaillement de la vie dans ses entrailles, sont pour la femme une initiation supérieure qui la met face à face avec la vérité divine dont l'homme n'approche que par de longs circuits, à l'aide des appareils compliqués et des disciplines arides de la science.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

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