Les 83 pensées et citations de Maxime Du Camp :
Ma femme n'est pas une femme, c'est une fleur ; on ne la possède pas, on la respire !
Faire du bien à ceux qui souffrent, c'est se faire du bien à soi-même.
Plus nous devenons incapables d'inspirer de l'amour, plus l'amour nous apparaît ineffable ; on regrette les heures gaspillées, au temps de la jeunesse, à autre chose qu'à aimer.
L'amour a peu de chances d'émouvoir un petit cœur sec et personnel.
J'ai plus d'amour au cœur que je n'en puis porter !
Il n'y a d'éternel que la vérité.
Ils étaient dans une telle sécurité sur eux-mêmes, vis-à-vis l'un de l'autre et des événements possibles, qu'ils furent saisis par l'orage sans l'avoir vu se former. Ils en étaient arrivés à cette heure singulière et douloureuse qui ne manque jamais de sonner à un certain moment pour les liaisons de cette sorte, si solidement nouées qu'elles soient ; l'instant de la crise était venu. Les heureux, les prédestinés, les indifférents peut-être, les sages à coup sûr, traversent courageusement cette étape pénible et se retrouvent après, fatigués, diminués, mais n'ayant point désespéré d'eux-mêmes, et ils peuvent, se reprenant par la main, continuer sans trop de malaise la route qu'ils avaient commencée ensemble. Mais ceux qui sentent battre dans leur cœur le sang trop chaud de la passion, les ardents, les convaincus s'arrêtent, luttent, se meurtrissent mutuellement et s'en vont, pleins de regrets, de souvenirs amers, de récriminations injustes, mourir chacun dans son coin comme un loup blessé. Ceux-là ont sans doute vécu plus vite, plus fort, plus amplement que les autres ; mais de quelles incurables douleurs, de quelles cicatrices toujours ouvertes ne payent-ils pas les heures d'extase qu'on leur a enviées sans savoir quel en serait le châtiment ? On ne revient jamais sain et sauf de ces batailles occultes et acharnées, on y laisse toujours la meilleure part de soi-même et l'on s'en retire avec une sorte de déchéance morale qu'on ne connaissait pas.
La bourgeoise s'imagine qu'il suffit d'avoir beaucoup d'amants pour être une grande dame.
Je reviens d'enterrer ma tante, je l'ai mise dans son cercueil, elle me laisse assez de rente pour me permettre un joli deuil ! Elle est dans un coffre de chêne où tout de son long on peut tenir ! Il ne faut pas que ça la gêne ! où y a d'la gêne, y a pas de plaisir.
La plupart des filles sont aussi bêtes que décolletées.
Jurer, c'est la dernière ressource des hommes quand ils ne savent plus que dire.
La vie n'est pas faite pour les rêvasseries malsaines ou tout au moins inutiles.
Les vieux moines n'ont jamais converti les jeunes pécheurs.
Tout changement porte en soi son chagrin, et je dirai même sa punition.
Larmes d'amour, pluie de printemps, sont séchées en peu de temps.
On doit se marier quand on aime et qu'on est aimé, sinon il vaut mieux rester libre.
La femme rêve de se fixer à jamais et veut se donner tout entière ; l'homme cherche à n'accepter que ce qu'il pourra quitter sans peine, car il veut demeurer libre toujours, différence essentielle qui divise irrémissiblement les deux sexes et en fait souvent des frères ennemis.
Il faut dans la vie toujours savoir où l'on va sous peine de se casser le cou dans le premier trou ouvert sur la route.
À vingt-deux ans, le cœur est bientôt pris, et, à seize ans, il aime à se donner.
L'amour est une force indépendante de l'homme, elle lui est donnée momentanément en vertu de raisons et de circonstances dont souvent il n'a pas conscience et dont il est rarement responsable.
Nous nous faisons dans nos rêveries premières une haute idée de l'existence ; nous lui demandons plus qu'elle ne contient, et nous ne lui pardonnons pas de ne nous offrir que ce qu'elle renferme. Nous cherchons et nous ne trouvons pas. Nous interrogeons l'oracle, il reste muet, car il n'aurait rien à nous apprendre que nous ne sachions ; nous mangeons le fruit de l'arbre de la science et nous demeurons surpris et indignés de ne point nous sentir plus savants et « devenus semblables aux dieux. » Quand enfin l'expérience a fait la lumière en nous, nous arrivons souvent à cette amère conclusion que changer d'amis, de position, de patrie, de maîtresse, ce n'est le plus souvent que changer d'ennui.
Quand le chevreau est là, la chèvre est tout proche.
Plus on approche de l'instant désiré, plus les heures deviennent lentes et se traînent lourdement.
Le raisonnement et la résignation ne sont généralement pas le partage de la première jeunesse.
Certains hommes portent durant leur vie entière quelque chose de triste et de pesant comme si leurs pères leur avaient légué les mélancolies et les humiliations que leur imposa la ruine de leurs espérances.
Nul homme ne peut être sans aimer.
C'est la loi du couple : Qui ne se renouvelle pas, meurt ; qui s'absorbe, périt.
Les jours se suivent et se ressemblent, ils sont uniformément ennuyeux et pesants.
Quand un ivrogne voit un cabaret, il y entre ; quand je vois un orchestre, j'y cours.
Lorsque je regarde autour de moi, lorsque je me retourne vers le passé de mon existence, qui, cependant, fut heureuse, et que je vois des enfants, je suis pris de tristesse en me demandant ce que la destinée leur réserve. L'insouciance, la joie, la santé, l'imprévoyance d'un lendemain auquel on ne saurait songer, les dorloteries maternelles, tout cela s'en ira, pour faire place à l'angoisse, au chagrin, à la maladie, à l'inquiétude, au regret de ceux que l'on aime et qui meurent, à la lutte quotidienne, aux déceptions, à la ruine et peut-être à l'infortune. C'est pourquoi je suis de ceux qui gâtent les enfants et qui, en prévision de l'avenir, cherchent à leur faire quelques années heureuses au début de la vie.