Lorsque je regarde autour de moi, lorsque je me retourne vers le passé de mon existence, qui, cependant, fut heureuse, et que je vois des enfants, je suis pris de tristesse en me demandant ce que la destinée leur réserve. L'insouciance, la joie, la santé, l'imprévoyance d'un lendemain auquel on ne saurait songer, les dorloteries maternelles, tout cela s'en ira, pour faire place à l'angoisse, au chagrin, à la maladie, à l'inquiétude, au regret de ceux que l'on aime et qui meurent, à la lutte quotidienne, aux déceptions, à la ruine et peut-être à l'infortune. C'est pourquoi je suis de ceux qui gâtent les enfants et qui, en prévision de l'avenir, cherchent à leur faire quelques années heureuses au début de la vie.(Extrait de : Une histoire d'amour, roman publié en 1889.)