Également dédaignés, le droit et le devoir sont de vains mots dont la foule se rit. On ne connaît plus aujourd'hui que les intérêts ; et comme ils se résolvent dans les biens matériels, les désirs se portent vers ces seuls biens, oubliant tous les autres.
Les jours passent et emportent dans les muettes ténèbres les générations successives.
Le bon vouloir n'est jamais sans fruit : à travers un cœur droit, il passe toujours quelque rayon de la lumière de Dieu.
Tout se lie et s'enchaîne tellement dans les sociétés humaines comme dans l'univers que l'on ne saurait traiter une question de quelque importance sans en remuer un grand nombre d'autres.
Le désir instinctif qui pousse les peuples à la liberté n'est au fond que le désir de l'ordre, puisqu'il n'est que le besoin senti de subordonner la force au droit, la matière à l'intelligence.
Ceci est remarquable : réunis les hommes valent mieux qu'isolés. Non seulement ils ne veulent pas se montrer les uns aux autres par ce qu'ils ont de mauvais ; mais le rapprochement réveille, excite ce que leur nature contient de généreux et de bon. Les plus faibles alors sont capables de tout ce qu'il y a de grand.
Aujourd'hui tout semble également ébranlé, et la foi commune qui unissait les hommes, et les principes qui les divisaient.
Il est aisé d'être en certains moments héroïque et généreux ; ce qui coûte, c'est d'être constant et fidèle.
Le cœur du vrai chrétien est une fête continuelle ; il jouit plus de ce qu'il se refuse que l'incrédule ne jouit de ce qu'il se permet.
Le premier devoir de l'homme est d'être humain pour tous les âges, pour tout ce qui n'est pas étranger à l'homme.
Le bonheur n'est pas de posséder beaucoup, mais d'espérer et d'aimer beaucoup.
L'amour repose au fond des âmes pures comme une goutte de rosée dans le calice d'une fleur.
Quand la main d'une épouse essuie le visage mouillé de sueur de son mari, toutes ses fatigues sont à l'instant oubliées.
On respire un air plus pur loin de la bassesse, de la fourberie et de l'hypocrisie.
La véritable joie, et par conséquent la vie heureuse, ne se trouve qu'en Dieu.
Chacun, maître de sa raison, de son cœur, de ses actions, ne connaît de loi que sa volonté.
L'amour excessif de soi a étouffé l'amour des autres.
Le calme, la sérénité, l'inaltérable contentement sont le partage de la conscience pure. Elle ressemble au passereau, qui repose doucement sur son nid lorsqu'au dehors la tempête secoue et brise les cimes de la forêt.
Il y aune grande puissance dans la conscience du devoir.
La mère doit à ses enfants son lait et les soins assidus et le dévouement infatigable d'où dépend leur conservation dans les premières années. Le père doit à ses enfants, avec sa tendresse et sa protection vigilante, le pain et le vêtement, le père doit pourvoir à tous leurs besoins jusqu'à ce qu'ils puissent y pourvoir eux-mêmes.
L'homme et la femme ne forment en deux corps qu'une même unité, et les enfants qui procèdent d'eux ne sont en réalité qu'un prolongement, une continuation de leur être commun ; ils revivent en eux, et par les générations successives, se perpétuent indéfiniment.
La patience émousse peu-à-peu les aspérités les plus rudes.
Supportez les autres pour qu'ils vous supportent.
Les tristesses de la vie se dissipent aux rayons de l'amour fraternel comme les gelées d'automne fondent le matin quand le soleil se lève.
Faire pour autrui ce que nous voudrions qu'il fît pour nous, voilà la charité.
Le devoir est la base de la société, l'indispensable condition de l'existence commune.
Le devoir pur est le pur dévouement, ou la justice et l'amour suprême.
Nul homme ne peut se passer de l'aide et du secours d'autrui ! Nous en avons tous besoin dans l'enfance, nous en avons besoin dans la maladie, nous en avons besoin en tout et toujours. Représentez-vous un homme seul, sans relations avec ses semblables, n'en recevant rien, et ne leur rendant rien. Cet homme ne serait qu'un sauvage au milieu des bois, il serait bien moins qu'un sauvage.
Le droit est la garantie de notre existence individuelle et de notre liberté, il est notre liberté même ; il fait que nous sommes une personne et non une pure chose dont le premier venu est maître d'user à sa fantaisie.
Toute loi à laquelle le peuple n'a point concouru, qui n'émane point de lui, est nulle de soi.