Le vrai génie de l'éloquence séditieuse, qui mêle la raillerie, le raisonnement et la colère, sait avilir par le ridicule celui qu'elle veut écraser sous la haine.
Abel-François Villemain ; Les discours et mélanges littéraires (1823)
Le vrai génie de l'éloquence séditieuse, qui mêle la raillerie, le raisonnement et la colère, sait avilir par le ridicule celui qu'elle veut écraser sous la haine.
Le pouvoir apaise une sédition, un mouvement populaire, il ne fait rien sur les opinions, même en les réduisant. Elles se fortifient en attendant, et il arrive toujours quelque moment de relâche ou de faiblesse qui leur rend l'occasion d'agir.
Ce qu'il y a de pur, de noble, d'élevé dans le plus sublime des beaux-arts, n'est pas fait pour être senti par une âme rampante et avilie ; elle n'entend pas ce langage ; elle trouve dans sa propre bassesse une incrédulité toute prête contre les sentiments généreux.
Le faux, presque toujours, est la ressource et le déguisement de la faiblesse.
Il y a dans la faveur, dans la confidence du pouvoir, une sorte d'enivrement qui séduit jusqu'à la conscience, et qui fait encore plus de dupes que d'hypocrites.
Si la haute éloquence a besoin pour se produire d'un langage perfectionné, la perfection de langage ne mérite ce nom que lorsqu'elle est mise en usage pour graver des pensées profondes et de généreux sentiments. L'éloquence qui maîtrise le cœur de l'homme lui est réciproquement soumise ; pour montrer toute sa force, pour atteindre son plus haut point de sublime, elle doit s'exercer sur l'intérêt général, sur l'affection la plus vive du peuple qui l'écoute.
Les mœurs ne gouvernent plus l'Europe, les traditions se sont effacées, les usages ont disparu.
La loi n'est que le supplément de la modération qui manque aux hommes.
Il faut avoir de l'âme pour avoir du goût.
Un homme médiocre peut avoir un sot orgueil, mais il est impossible qu'un homme doué de quelque talent n'ait pas l'âme fière, sensible, impatiente du mépris.
Une remarque fausse mais polie n'est jamais un affront.
Que la critique évite toujours l'ironie, elle embarrassera les amours-propres les plus intraitables.
La raillerie est l'expression irrévocable du dédain.
De nos jours, les abus sont partout.
Le blâme n'exclut pas l'estime, il laisse la consolation de discuter, de contredire.
Le plus grand ridicule est de trouver tous les genres de mérite à l'homme dont on fait l'éloge.
L'imagination humaine est moins puissante à peindre la félicité que la souffrance.
L'amour-propre consent bien à être blâmé, mais il ne peut souffrir d'être raillé.
Le philosophe use ses esprits à démêler les vices et le ridicule des hommes.
Telle est l'influence d'un grand homme, il anime le génie de ceux qu'il éclaire.
Rien n'est inépuisable comme l'admiration que le sublime inspire.
Par le degré de liberté se mesure la richesse d'un État.
Pour être un excellent critique, il faudrait pouvoir être un bon auteur.
À force d'abuser de sa conscience, on parvient à se fausser l'esprit.