Un aspic rendrait sa morsure plus venimeuse s'il trempait son dard dans le cœur d'une coquette.
Il n'y a pas de folie que je n'aie faite jusqu'à présent en amour, excepté celle de me marier.
Les femmes aiment les bals et les spectacles, comme le chasseur aime les lieux où le gibier abonde.
Il est bien plus sûr de montrer des désirs à certaines femmes que de leur déclarer des sentiments, fussent-ils honnêtes.
Un homme à prétentions hâte et arrange la déclaration qu'il doit faire. Celui qui aime, ne sait ni quand ni comment il dira qu'il aime. Il l'a dit longtemps avant de parler, et son aveu lui échappe plutôt qu'il ne le fait.
Si l'amour ne causait que des peines, les oiseaux amoureux ne chanteraient pas tant.
L'orgueil est quelquefois un obstacle à la jalousie : qui s'estime trop ne redoute point de rival.
Deux jeunes hommes qui se disputent la conquête d'une femme qu'on cite partout pour sa maigreur, quand on parle de leur rivalité, on dit qu'ils ressemblent à deux chiens qui se disputent un os.
Les agaceries d'un amant qu'on n'aime plus ne servent qu'à le rendre ridicule, puisque, le plus ordinairement, c'est son rival qui se chauffe au feu qu'il allumait pour lui.
La faveur d'un écrit laisse aux mains d'un amant des témoins trop constants de notre attachement.
Les femmes comparent un homme constant en amour à un avare : Tous deux ont des trésors dont ils ne savent pas faire usage.
L'amour est un charmant visiteur que les amants accueillent tous les jours avec plaisir : mais, pour la plupart des époux, ce n'est plus, hélas ! qu'un pauvre mendiant à qui on fait l'aumône toutes les fois que la lune change.
Près de vous la résistance est vaine ; vos beaux yeux savent tout enflammer, un penchant secret vers vous m'entraine, et malgré moi me force à vous aimer ! Un cœur tendre peut-il se défendre, et pourrait-il braver d'aussi puissants attraits ? L'amour même dirait qu'il vous aime, si vos beaux yeux, sur lui, daignaient lancer leurs traits.
Le bonheur que l'on diffère est toujours du bonheur perdu.
Les désirs des femmes sont comme les asperges ; à peine coupées, elles repoussent plus vigoureusement.
Les femmes sont les prêtresses de l'inconnu.
L'amour-propre est le premier des amours, et le seul qui ne fasse pas d'inconstants.
La contrainte est la mère des désirs ; s'opposer à ceux d'une femme, c'est donner aux ressorts de son imagination plus de force et plus d'élasticité. Telle qui aurait été sage par tempérament, devient coquette par contradiction.
Une femme adultère en rendez-vous galant ne demande que de l'amour. Si vous faites de l'esprit, vous n'êtes qu'un sot doublé d'un maladroit, car vous perdez le temps et l'occasion, profitez plutôt de ce qu'elle veut vous offrir : son corps, et taisez-vous un peu !
Les femmes ne pleurent jamais plus douloureusement que lorsqu'elles pleurent de dépit.
À côté de l'amant qu'elle a, une épouse regrette toujours, dans le beau jeune homme qu'elle rencontre, l'amant qu'elle pourrait avoir.
La plupart des femmes se rendent plutôt par faiblesse que par passion. De là vient que pour l'ordinaire, quoique souvent moins aimables, les hommes entreprenants réussissent mieux que ceux qui ne le sont pas.
Lorsque les femmes se parent, la plus jolie est toujours la plus mal parée.
Le serpent, après avoir séduit la femme, lui prêta sa langue.
Les femmes sont comme les grands seigneurs : pour donner du prix à ce qu'elles accordent, elles commencent d'abord par le refuser.
En France, les maris ne parlent presque jamais de leurs femmes, c'est sans doute qu'ils ont peur d'en parler devant des gens qui les connaissent mieux qu'eux !
Les femmes ont en horreur un mari jaloux, mais elles supportent sans peine la jalousie d'un amant. Serait-ce parce qu'elles sont plutôt portées à manquer à leurs époux qu'à leurs amants ?
En France, une femme mariée est un fruit qu'il n'est pas absolument défendu de cueillir, pourvu qu'on laisse l'arbre où on le trouve : un mets auquel il est presque permis de goûter, pourvu qu'on n'enlève point le plat.
Comme il est rare que le cœur d'une femme soit sans amour, si elle n'en a pour son mari, elle en a pour un autre.
Les vieillards sont toujours jaloux ; ils ressemblent à ces enfants gourmands qui veulent à toute force garder pour eux seuls jusqu'aux gâteaux qu'ils ne peuvent plus manger.
Les femmes qui affectent le plus de dédaigner les plaisirs de l'amour, ressemblent à ces petits enfants qui disent très sérieusement qu'ils n'aiment pas les confitures, et qui s'en tartinent copieusement de très grandes toutes les fois qu'ils peuvent les manger en secret.
Les défauts que nous reprochons aux femmes deviennent des qualités lorsque nous en profitons ; ils restent des défauts lorsqu'ils s'exercent contre nous. En cela, comme en toutes choses ; notre intérêt fait notre opinion.
Dans la recommandation qu'une mère fait à sa fille de ne point se décolleter pour aller au bal, il y a peut-être moins de respect pour les convenances que de jalousie secrète : Les femmes ne consentent jamais de bon cœur à voir chez d'autres les attraits qu'elles ne possèdent plus.
À quinze ans la danse est un plaisir, à vingt-cinq ans un prétexte, à quarante ans une fatigue.
Les jeunes filles sont toujours fort curieuses d'apprendre ce que leurs mamans ont voulu ne pas ignorer.
Les femmes qui n'ont point de gorge, trouvent toujours, comme le renard de la fable, que celles envers qui la nature s'est montrée plus généreuse, en ont de trop. Mais celles-ci se consolent aisément de ces envieuses critiques, en songeant que les hommes, juges suprêmes en cette matière, admirent et prisent beaucoup le superflu qu'on leur reproche.
Lorsque je vois une coquette sexagénaire découvrir aux yeux des hommes les débris de ce qui la faisait belle dans sa jeunesse, je songe involontairement à ces vieilles reliques dont l'antiquité nous inspire un si profond respect, qu'on n'ose, en les regardant, les toucher même du bout des doigts.
Enfermez neuf cents femmes ensemble pendant quarante-huit heures, placez-vous au milieu d'elles, et de quelque côté que vous portiez votre attention, vous les entendrez toutes parler de la seule chose qui les occupe sérieusement, vous les entendrez parler chiffons.
Une jeune fille de seize ans se laisse aimer, une femme de trente ans se fait aimer.
Le plaisir de l'amour est le parfum qui nous suit jusqu'au tombeau.
L'adultère est dans les yeux de tout homme qui regarde une femme qu'il trouve jolie.
L'adultère est dans la pensée de toute femme qui voit un homme qui lui plaît.
Un paysan picard venait d'arriver à Paris. Son hôte voulant le distraire, lui demanda s'il voulait voir la Veuve du Malabar (tragédie de Lemierre qu'on jouait à cette époque au Théâtre-Français). — La veuve du Malabar ! Oh ! nenni-da, m'sieur, répondit le paysan, j'suis pas un coureux de filles, moi, j' m'en tiens à not' femme.
S'il est vrai que d'ordinaire on ne fasse parade que de ce que l'on n'a pas, la crinoline me semble le moyen le plus ingénieux que les femmes puissent employer pour faire savoir au public les appas qui leur manquent.
Les faveurs dont les vieux libertins s'enorgueillissent le plus, ne sont en réalité que des ignominies ; car, si ce n'est la misère, c'est la débauche ou la cupidité qui les accorde.
Une jolie femme est un charmant joujou qui plaît à tout le monde ; mais quand elle n'est que jolie, les hommes d'esprit s'en amusent et les sots s'en amourachent.
En faisant l'oraison funèbre d'une dévote qui venait de mourir, un prêtre s'étendait longuement sur la sagesse exemplaire dont elle avait fait preuve durant toute sa vie. — Bast ! dit à son voisin un poète que l'expérience avait rendu très incrédule sur ce chapitre : Marthe, dit-on, fut toujours sage ; jamais personne n'eut son cœur, mais cette vertu, je le gage, elle la dut à sa laideur.
Un ami d'enfance de Charles le voyant, à cinquante-neuf ans, courir encore la minette, lui dit : — Mais s'il m'en souvient, mon cher ami, à l'âge où nous volions ensemble des pommes vertes dans le jardin de ton père, ce fut une femme de quarante ans qui devint l'objet de ton premier amour. — Ta mémoire ne te trompe pas, mon ami, lui répondit en riant Charles, mais ce que tu dis là ne prouve qu'une chose : c'est qu'en sortant du collège j'aimais les pommes vertes et les femmes mûres, tandis que maintenant, à mon âge, j'aime les femmes vertes et les pommes cuites.
Une femme d'un certain âge très avancé, qui venait de perdre son mari, le pleurait à chaudes larmes devant un vénérable ecclésiastique. — Mon pauvre mari !... mais où donc est-il maintenant ? s'écriait-elle au milieu de ses sanglots. — Il est au ciel, Madame, lui répondit le prêtre, touché de son désespoir. — Au ciel, dites-vous ? Ah ! monsieur le curé, que n'y est-il monté vingt ans plus tôt, reprit la veuve inconsolable... j'aurais pu du moins profiter de mon veuvage !
Un jeune homme tout frais débarqué de sa province, vint un jour trouver l'ancien du village, et le pria de lui donner quelques renseignements sur une demoiselle qu'il aimait beaucoup, et qu'il voulait épouser, disait-il, parce qu'il la croyait sage, honnête et vertueuse. — Épouser ! Ah ! monsieur, gardez-vous en bien, répondit l'ancien du village, car si depuis qu'elle a des amants, votre future avait exigé de chacun d'eux une pierre de taille pour en bâtir une pyramide, comme fit autrefois une princesse d'Égypte, elle en pourrait construire une qui monterait jusqu'au troisième ciel.
Il y a des femmes auxquelles la froideur de leur tempérament tient lieu de vertu. Celles-là n'ont pas plus de mérite à être chastes, que celles qui se réfugient par crainte de l'amour derrière les grilles d'un couvent. Christine de Suède, visitant un jour un de ces établissements, disait avec beaucoup de raison à la supérieure : — Si vous faites des vœux, pourquoi des grilles ? et si vous avez des grilles, pourquoi des vœux ? — Il n'y a point de mérite, dit un philosophe latin, à ne pas faire ce que l'on ne peut pas faire : Nulla igitur laus est non facere quoi facere non possis.
Quelques jours après le décès de Gaston, un de ses amis s'avisa de faire son panégyrique au milieu d'une assez nombreuse compagnie. Un poète qui se trouvait là, ne pouvant écouter de sang-froid ce qui lui semblait très risqué, se pencha vers son voisin, et lui dit : — Je l'ai connu, ce pauvre cher homme ! austère comme un cénobite, il vécut toujours chastement, mais il dut sa bonne conduite, à son mauvais tempérament !
Qu'est-ce qu'un amant ? — Le successeur d'un mari trompé, d'un pauvre cocu. — Qu'obtient-il ? — La permission d'effacer le soir les baisers que sa maîtresse a reçus le matin ! — Combien d'hommes, qui chassent impunément sur les terres d'autrui, seraient honteux de leurs bonnes fortunes s'ils se faisaient une seule fois cet humiliant aveu !
La vérité, Mesdames, ne se trouve pas seulement dans le vin, elle est aussi dans le sommeil : in vino vel in somno veritas. Si donc votre conscience vous reproche un amant, éloignez-vous de la chambre nuptiale, faites lit à part. Les fortes passions rêvent, a dit un philosophe ; on prend plaisir à songer à ce que l'on aime ; et plus d'une fois, le nom d'un amant, prononcé pendant le sommeil, est venu révéler à de pauvres maris cocus les blessures qu'ils portaient au front !
Quand j'entends un sot se vanter de ses bonnes fortunes et de ses conquêtes, je me hâte de me souvenir, pour n'être point sa dupe, que ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit, ça me rassure !
Dans l'ampleur exagérée des robes de nos grandes dames, il y a quelque chose de plus blâmable encore que le ridicule de leurs robes, c'est l'ampleur de ces dames.
Pour réussir auprès des femmes, il n'est pas nécessaire d'être un galant homme, bien moins encore un homme d'esprit ; il faut être tout simplement un homme bien fait. Les femmes n'estiment en nous que ce qu'elles y trouvent à leur portée. L'arrangement des cheveux les séduit beaucoup plus que la noblesse du cœur, et la distinction de l'esprit est peu de chose pour elles, quand elles peuvent admirer l'élégance des formes, certaines disent même que : L'amour n'est jamais le prix de la vertu, c'est par les agréments que l'on touche une femme, et pour une de nous que l'amour prend par l'âme, il en est plus de cent qu'il séduit par les yeux.
L'action de deux femmes qui s'embrassent ne prouve pas grand-chose, car deux femmes peuvent se jeter au cou l'une de l'autre, et se haïr très cordialement.
La crainte du diable et de l'enfer n'intimide les femmes que pour un quart d'heure, et n'a jamais retenu personne. Une femme oublie son devoir en sortant du sermon, si elle sait que l'homme qu'elle aime l'attend avec impatience au rendez-vous donné.
Une jeune femme reprochait un soir à son compagnon de danse de n'avoir point suivi la mesure : — Vous êtes un grand coupable, Monsieur, lui disait-elle, en grossissant sa jolie voix, et vraiment je vous en veux beaucoup. — De grâce, Madame, soyez indulgente, lui répondit le poète, car : Si pour vous je sors de cadence, tout ce que vous devez penser, c'est qu'un homme en votre présence, ne sait plus sur quel pied danser.
En amour, la blonde inspire de l'amour, et la femme brune fait naître les désirs ; on cherche plus à vaincre celle-ci qu'à lui plaire.
D'ordinaire un homme quitte sa femme qui n'a souvent d'autre défaut que celui d'être la sienne, pour vivre avec une autre qui peut n'avoir d'autre mérite que d'avoir été celle de tout le monde.
Un bouquet de fleurs d'oranger passé dans la ceinture d'une jolie fille, et une branche de sapin suspendue devant la porte d'un cabaret ont cela de commun, qu'ils promettent souvent ce qu'ils ne donnent pas.
Si vous voulez réussir auprès des femmes, obligez leur amour-propre : il est toujours reconnaissant.
Les femmes ont pour coutume d'être fières avec les hommes qui ne leur plaisent pas.
Les fats sont comme les échaudés, dont le dehors est brillant et dont le dedans est vide.
C'est plutôt par vanité que par coquetterie que les femmes portent des diamants. En cela, leur instinct ne les trompe pas ; car les hommes accordent plus d'attention à la beauté qu'on a qu'à celle qu'on se donne, et les femmes qui sont belles sont plus belles à leurs yeux que celles qui se font riches.
En prenant la crainte de Dieu, les femmes n'abandonnent pas tout à fait l'amour du diable ; et lors même qu'elles allument publiquement un cierge pour les archanges du paradis, elles n'oublient pas de faire brûler en cachette une chandelle pour le démon.
Le dépit de ne pouvoir épouser l'homme qu'elles aiment, fait souvent accepter aux jeunes filles l'époux qu'elles n'aiment pas. À mon sens, il vaudrait beaucoup mieux qu'elles ne se mariassent point ; car dans une union mal assortie, le temps amène tôt ou tard deux malheurs inévitables : un parjure pour la femme, un ridicule pour le mari.
En amour, aujourd'hui vaut mieux que demain.
Il est peu de cousins qui n'aiment point leurs jolies cousines : Dans cette parenté sans conséquence, il y a presque toujours un danger sérieux ; l'habitude de se voir le fait naître, et l'occasion de se rencontrer le rend menaçant.
Le plus sage de tous les maris n'est jamais assez sage pour n'être point trompé.
Dans le célibat d'un homme opulent, il y a presque toujours des vices cachés.
Un amant qu'on n'aime plus est encore bon à quelque chose : il sert à cacher celui qu'on aime.
En contribuant au bonheur d'autrui, on assure quelquefois le sien.
La pudeur et la naïveté d'une femme touchent beaucoup plus que les mignardises de certaines femmes qui, cherchant l'art de plaire, ne trouvent que le secret de se faire mépriser.
La magnificence de la toilette d'une femme qui n'a pas de fortune, atteste deux choses qui lui font peu d'honneur : la prodigalité de son amant et la sottise de son mari : Quand madame les porte beaux, disait Scarron, monsieur les porte belles.
S'il était permis, en France, d'avoir plusieurs femmes, elles seraient peut-être aussi captives qu'en Turquie. Mais comme un Français ne peut en avoir qu'une, il ne la cache pas, de pour que son voisin ne cache aussi la sienne.
Une femme galante fait bien plus de fond sur un amant forcé au célibat que sur ceux qui peuvent lui échapper un jour pour songer au mariage. Une fille qui se livre aux hommes de cette classe, affiche publiquement le tempérament et le libertinage.