Les 59 pensées et citations d'Albert Guinon :
Je dis que je crois que je t'aime, parce que, n'est-ce pas, quand on n'a jamais aimé, on n'est pas sûr, on n'est pas certain.
Il faut se garder de confondre le mariage avec l'amour. L'amour est un sentiment frivole ; le mariage, une institution sérieuse.
Laissons aux hypocrites le temps de se calmer en notre absence : leur fausse indignation n'en tombera que plus vite.
La rapidité des moyens de communication a développé l'inexactitude.
Lorsqu'on n'élit pas le plus bête, il semble que ce ne soit plus la démocratie.
On aime sa France à la fois comme une mère et comme une petite femme.
En supprimant la guillotine, on supprime la seule chose qui pouvait contribuer à réhabiliter un assassin : la mort.
Chez beaucoup de gens, la sociabilité n'est que le besoin constant d'un appui.
Un peu de bien-être moralise l'homme ; beaucoup de bien-être le démoralise.
Pour un peuple, une civilisation trop rapide est comme un habit somptueux endossé à même la peau.
Les gens qui savent très bien l'histoire ont un grave défaut, ils excellent à transformer leur science du passé en erreurs sur le présent.
La femme vraiment amoureuse d'un homme ne veut plaire aux autres qu'à travers son amour.
L'humour, chez tel comédien, n'est que le raisonnement par l'absurde constamment appliqué au jeu.
Au lecteur qui juge fausse telle observation d'un auteur de haute classe, il ne manque, pour avoir raison, que de valoir cet auteur.
Être copié, pour un commerçant, c'est un dommage, et pour un auteur, un hommage.
Il y a quelque chose de pire encore qu'une majorité qui opprime, c'est une minorité qui se venge.
Moralement les solitaires demeurent très longtemps jeunes, car l'impression du temps nous vient surtout du contact avec les autres.
N'empêchons jamais les femmes de suivre la mode, c'est à peu près la seule discipline qui leur reste encore.
Le vrai écrivain est celui qui sait rendre avec force ce qu'il lui a suffi de sentir faiblement.
L'observateur qui a démêlé les petitesses morales de ses amis ne les en aime pas moins, mais eux lui en veulent de se sentir pénétrés.
Les humoristes sont les taquins de l'intelligence.
Il y a une fausse prospérité qui est pour les peuples ce que l'obésité est pour les individus.
Un des signes les plus sûrs de l'homme vraiment courageux, c'est qu'il prête naturellement du courage à tout le monde.
Il y a beaucoup de façons de gouverner mal ; il n'y en a guère qu'une de gouverner bien.
On aime sa France - la France de l'Histoire - glorieuse et rieuse, auguste et charmante, orageuse et tendre, d'un amour qui est plus que le simple patriotisme.
Par le suffrage universel la plèbe domine les autres classes sans pouvoir se dominer elle-même.
Socialement l'ouvrier doit être aussi loin de l'idole qu'on encense que de l'animal qu'on attelle.
Le point d'honneur n'existe qu'entre gens d'une même catégorie sociale.
L'avarice et le jeu n'inspirent que des pièces de théâtre sans vraie beauté, parce que ce sont des passions solitaires.
Quand on aime, si l'on n'est pas malheureux, ça n'est pas vraiment de l'amour.
L'amour de l'argent, tant décrié chez la femme galante, est cependant le seul lien qui la rattache à la vie régulière.
C'est surtout quand les gens nous sentent très indifférents à leur opinion qu'ils sont enclins à nous être favorables. C'est, pour eux, le seul moyen de s'assurer notre attention.
Quand une femme dit d'un homme « C'est lui le seul qui m'aime », on peut être à peu près sûr que c'est celui-là qu'elle n'aime pas.
On trouve beaucoup de femmes qui sont franches, mais on n'en trouve guère qui soient précises.
De quel cœur on s'armerait contre l'injustice si l'on n'était pas sûr d'avance qu'elle sera remplacée par une injustice équivalente !
L'obstination dans les vétilles est une des formes de la mauvaise éducation.
Toutes les opinions sont respectables, pourvu qu'elles soient sincères.
La lâcheté prend toutes les formes, même la forme de l'honneur.
Le véritable chef n'est pas celui qui châtie, c'est celui qui inspire la crainte du châtiment.
Un homme d'État gouverne avec son caractère bien plus qu'avec ses opinions.
La politique a ses bêtes puantes : il ne suffit pas de les combattre, il faut les débusquer.
En France, parmi les hommes politiques, combien de républicains d'opinion sont devenus des républicains de métier !
Entre le pays qu'ils représentent et le pays où ils sont accrédités, certains diplomates ne sont guère qu'un téléphone qui fonctionne mal.
Un des effets les plus imprévus de cette guerre aura été d'apprendre aux riches de combien de choses ils peuvent se passer.
Le bon sens doit nous servir à former notre opinion, et la passion, à la formuler.
Tout homme politique, dont les votes en temps de paix ont prouvé l'inaptitude à prévoir et à préparer une guerre, ne devrait pas avoir le droit d'exprimer une opinion, dès que la guerre a éclaté.
La vérité est un fusil chargé qu'il ne faut pas mettre dans toutes les mains.
La première condition pour faire quelque chose de grand, c'est l'idée fixe.
Deux peuples ne s'aiment vraiment que dans la haine contre un troisième.
La meilleure chance qu'on ait encore trouvée de ne pas être battu, c'est de se battre.
À tendre la joue gauche, quand on a reçu un soufflet sur la droite, on est Jésus-Christ ou un pleutre.
La grandeur d'une nation est peut-être faite avant tout de sa continuité dans l'égoïsme.
Avec un pessimiste qui se met en colère, il y a de la ressource : il est encore capable de devenir un optimiste.
L'envieux du temps de paix fait généralement un pessimiste du temps de guerre.
L'expression supérieure de l'idée de patrie ce n'est pas de vivre en commun, c'est de mourir ensemble.
Pendant une guerre, le pessimisme est pour le civil ce que la désertion est pour le soldat.
Un peuple industriel peut mourir ; un peuple agricole est immortel.
Quand les Allemands veulent faire de l'esprit avec les Français, ils sont un peu comme ces sourds qui s'obstinent à vous crier à l'oreille.
Chaque époque dramatique a son romantisme car, à dire vrai, le romantisme, c'est la boursouflure. Notre époque a le romantisme apache.