La sympathie est cette intelligence de l'âme, ce don mystérieux de s'identifier avec toutes les existences, cette logique intime et rapide, au moyen de laquelle se devine instantanément le secret de toute individualité, personnelle ou collective.
La candeur est à l'âme ce que le naturel est à l'esprit ; quand on est candide, on ne peut manquer d'être profond. Les paroles des enfants sont souvent les plus profondes. Il est certain qu'à un esprit droit toutes choses se présentent plus pures, n'étant pas embarrassées de formules, pourvu que ces esprits joignent à la droiture la force.
Il n'y a pas de culture sans littérature, il n'y a pas de littérature hors des livres ; un cours de rhétorique n'est pas de la littérature ; il fait tout soupçonner et ne fait rien voir.
Nous ne voyons pas pourquoi le bon exclurait le beau ; leur divorce n'est qu'un accident, leur union est dans l'ordre, et quand le bon se revêt du beau, il ne fait que reprendre ce qui est à lui.
Le langage, admirable empreinte de l'homme, irrécusable délateur de tous ses secrets, le langage rend nos impressions plutôt que nos réflexions, et souvent, par conséquent, l'apparence plutôt que la réalité.
Toutes les idées simples ne sont pas grandes, mais on peut dire que toutes les idées grandes se distinguent par leur simplicité.
Que de gens se croient savants et éclairés lorsqu'on les a mis en état de nier !
Aucune place ne peut rester vacante dans l'âme ; et le trône qu'un ange n'a pas occupé, un démon, soyez-en sûrs, viendra s'y asseoir.
La moralité d'un peuple ne se proportionne pas nécessairement à son instruction, il y a des causes de mal que l'instruction ne peut pas écarter, et qui en empêchent les bons effets ou lui en font produire de mauvais.
L'ennui s'attache au travail inconstant et décousu ; dans l'école, et partout ailleurs, c'est la paresse qui s'ennuie, c'est l'activité qui jouit : rien ne pèse comme un devoir qu'on a voulu rendre léger.
L'étude date du moment où l'on commence à s'enseigner soi-même.
Instruire est quelque chose de plus qu'informer ; c'est en même temps armer, fortifier intérieurement.
L'âme se rassasie aisément de ce qui n'est pas vrai ; et le dégoût alors se proportionne à l'enthousiasme.
L'admiration, l'enthousiasme, renferment tacitement l'aveu d'une infériorité. L'admiration sied à la jeunesse, et la reconnaissance à tous les âges.
Une individualité n'a pas deux éditions.
Les défauts des femmes sont produits ou accrus par leur ignorance ; avoir l'esprit vide et à la fois actif, quel danger !
Celui qui veut sérieusement arriver au but risque peu de manquer le chemin ; la conscience ; à l'ordinaire, parle assez distinctement à quiconque veut l'écouter.
Ne parlez de certaines choses que de l'abondance du cœur. L'abus des paroles de piété est ce qu'il y a de plus propre à affaiblir dans le cœur les sentiments qu'elles expriment.
On fait toujours volontiers ce qu'on aime ; si vous aimiez le bien, vous le feriez.
Les douleurs de la charité valent mille fois les joies de l'égoïsme ; aimer est la récompense d'aimer, aimer est la consolation d'aimer.
Mettre un frein à sa langue ! Le plus difficile des devoirs et l'un des plus importants pour vivre en paix.
Mettons tout ce que nous avons de facultés à tout ce que nous avons à faire ; usons le mieux que nous pouvons de la vie que Dieu nous donne.
Ce qu'on veut que soient les enfants, il le faut être, alors tout coule de source.
Le temps ne se compose pas seulement d'heures et de minutes, mais d'amour et de volonté : on a peu de temps quand on a peu d'amour.
Travaillons avec le même soin que si nos travaux et nous-mêmes nous devions subsister toujours. Nous qui ne durons pas, faisons des œuvres qui durent.
Vivre, c'est faire une œuvre qui dure.
C'est peut-être sous sa forme la moins éclatante, sous l'aspect uniforme de la paix, que la joie exerce le plus sûrement son heureux empire.
La vraie richesse de la vie, c'est l'affection ; sa vraie pauvreté c'est l'égoïsme.
La tristesse est la mort de l'âme : la joie en est la vie.
L'habitude, mise au service du bien, est une des grandes forces de notre faiblesse.
Dans nulle carrière on n'est grand homme sans courage.
La crédulité n'est que la servile complaisance d'un esprit faible.
Qui connaît bien ce que je crois sait aussi bien ce que je dois.
Le génie sans la volonté a créé moins de merveilles que la volonté sans le génie.
Je voudrais ne mène à rien ; Je veux est seul efficace.
Le monde est plein de bonnes intentions, mais toutes ces bonnes intentions réunies ne valent pas une seule volonté.
La vie, avec la conscience de la vie, constitue la personnalité.
Malheur à celui qui ne voit dans la liberté qu'un moyen d'opprimer la liberté de son prochain !
Les hommes ne valent que ce que le temps et leurs idées leur permettent de valoir.
Si chacun écoutait et respectait sa conscience, jamais une institution n'absorberait les individualités, jamais elle n'apparaîtrait comme un monument du préjugé et de la tyrannie d'opinion.
Chaque siècle, chaque individu, apporte avec soi de nouvelles lumières.
Individualité ou personnalité, on n'est jamais grand que par là.
L'habitude ne remplace pas le bien, mais le bien ne peut guère se passer de l'habitude.
Il n'y a que la liberté, la spontanéité, l'énergie morale, qui ennoblissent les petites destinées.
Il n'y a pas dans cette vie du bonheur pour tout le monde.
Être individuel, c'est, autant qu'il est possible, être propriétaire de ses opinions, de ses sentiments, de tout son être, au lieu d'en être simplement locataire, comme tant d'hommes, même des plus éclairés, ont bien voulu s'y réduire.
Il n'est tel que le savant pour sentir son ignorance, ni tel que l'homme de bien pour se reconnaître pécheur.
Nos misères sont les premières choses dont nous sommes tentés de parler à nos amis ; et n'eussent-ils pas un mot de consolation ou d'encouragement à nous adresser, nous nous sentons soulagés rien que de leur avoir parlé de ce qui nous afflige.
Ecrire une lettre est quelquefois plus difficile à faire qu'un volume.
C'est aimer réellement quelqu'un que de penser à lui fort souvent, de s'émouvoir tendrement à son souvenir, de lui envoyer des pensées de reconnaissance et des vœux, de le regretter, d'avoir soif de sa vue et de ses entretiens, de recueillir avec empressement les moindres de ses nouvelles, et de parler de lui à tout venant, il me semble que je puis dire que je vous aime.
Je l'aime cette terre de mes pères, ce séjour de mon enfance ; ses intérêts et son honneur m'ont toujours été à cœur. Mais du même fond de sensibilité qu'on aime sa terre natale, on s'attache à sa patrie d'adoption.
Le fruit de la justice se sème dans la paix.
Quand on n'est pas sujet aux aventures, on aime à conter les moindres.
Il faut du courage pour marcher dans une voie où peu de souhaits l'accompagnent, et il en faut à un homme bienveillant pour infliger de sévères critiques.
C'est une si grande privation d'être retenu loin de toi, de ne pouvoir t'embrasser, te consoler quand tu souffres, te témoigner une partie de la tendresse dont mon cœur est plein pour toi. Je prie Dieu d'adoucir tes souffrances, de te bien persuader qu'il t'aime plus que père et mère, de t'enseigner à faire de cet amour ton trésor et ton tout, qui ne t'abandonnera jamais. Je t'embrasse tendrement.
L'indifférence dans une âme, ce n'est pas la maladie, c'est la mort vivante.
On n'est pas croyant par tradition ; mais la tradition peut conduire à le devenir, soit qu'on examine la religion avec sa raison, soit qu'on la sonde ou qu'on la goûte avec son cœur.
L'indifférentisme est une dégénération de l'âme.
La plus cruelle des peines est de courir sans relâche après un terme qui fuit sans cesse.
Le moi cherche toujours à faire invasion sur le terrain du devoir. Quand ce n'est pas à force ouverte, c'est furtivement ou par des détours ; il se présente comme un auxiliaire du devoir ; il s'offre à remplir les mêmes offices, à faire les mêmes choses, et, dans un certain sens, il en est capable. En conséquence, on le reçoit, mais introduit dans la place, il s'en rend le maître, et l'âme se croit encore aux ordres de la conscience et du dévouement, qu'elle obéit depuis longtemps à un autre chef.
Le mystère est, dans toute idée, le demi-jour qui séduit, la sève qui enivre.
L'influence est la reine du monde.
La véritable puissance, dans ce monde, ce n'est pas l'autorité, c'est l'influence.
Il n'y a d'autorité constamment utile, d'autorité bien fondée que celle que l'on respecte. Il est plus beau, plus rare et plus important d'être cru que d'être obéi.
La haine a été souvent la préface de l'amour.
Le vrai chemin dans la connaissance religieuse n'est pas de Dieu à l'homme, mais de l'homme à Dieu ; c'est qu'avant de se connaître l'homme ne saurait connaître Dieu.
Long ou court, direct ou détourné, tout chemin est vrai, qui conduit au pied de la croix.
La haine, tout horrible que cela est à dire, la haine vaut mieux que l'indifférence.
Il y a dans chaque être indifférent l'étoffe d'un ennemi, étoffe qui attend l'occasion de se dérouler.
Dire la vérité qui désespère, c'est faire la moitié du chemin vers la vérité qui console.
La plus cruelle des peines est de ne trouver de réconfort en aucune chose de ce monde.
Le bonheur ouvre le cœur à la bienveillance.
L'âme est faite pour aimer comme l'oiseau pour voler.
Le bonheur est la force de l'âme.
Le monde est plein de fugitifs d'eux-mêmes.
On n'est heureux qu'autant qu'on peut vivre avec soi-même.
Il y a un soleil qui luit pour tous.
L'habitude de jouir amortit le sens de la pitié.
Pour plaindre ceux qui souffrent, il faut avoir souffert.
Bien des personnes ne connaissent le bonheur que par ouï-dire, et n'ont vu tomber sur elles, de cette douce rosée, que quelques gouttes rares, et pour ainsi dire égarées.
Chacun de nous n'a pas place au soleil.
L'individualité, c'est une chance d'être mieux compris, mieux senti, et le principe d'une vaste et vivante unité.
Tous les hommes sensés sont d'accord que si le bonheur ne nous vient pas de nous, il ne nous viendra de nulle part.