Toute règle trop générale comporte des exceptions !
Le malheur d'un homme, la souffrance d'un homme, la solitude d'un homme, le désespoir d'un homme est plus grand, tellement plus atroce, plus intolérable lorsqu'il n'a plus sa mère.
Depuis que je fuis mes camarades, mes camarades me fuient. Cela est juste et répond parfaitement aux règles du jeu. Depuis deux mois je ne reçois plus d'appels téléphoniques, on ne me relance plus pour me demander : « Et alors, que fais-tu ce soir ? » J'ai la solitude désirée, celle qui me permet de penser intensément à toi, d'attendre, en toute fébrilité d'esprit, cette lettre qui finira bien par arriver. La tristesse circule en moi comme un vin aigre. Je viens de vivre quelques secondes d'intense émoi. Étendu sur mon divan, immobile, les yeux ouverts, je pensais à toi.
Par ta seule présence à mes côtés, présence éphémère, mais combien fascinante, tu as ennobli mon âme. Je n'aurai pas eu besoin des réponses de ton cœur, de ton esprit et de ta volonté pour que tu demeures le grand souvenir de ma vie, le vrai bonheur de mon existence.
L'absence quotidienne de tes lettres d'amour accentue chaque jour ma décomposition.
L'attente n'est plus une souffrance pour moi. Je suis à ce point annihilé que je n'offre plus aucune prise à l'attente ; elle ne mord plus sur moi. Je suis dans un état presque absolu d'insensibilité. J'ai dû dépasser certaine frontière.
Qu'il est donc difficile à un célibataire de mon âge, qui n'a jamais écrit une lettre d'amour, de s'y aventurer ! Oh ! bien sûr, des visages m'ont ému, jeune homme, qui ont traversé ma vie. Mais j'étais alors d'une timidité maladive, je n'osais pas, je tergiversais pendant des semaines, des mois, et lorsque j'allais écrire l'aveu qui me brûlait, j'apprenais que l'élue n'était plus libre. N'allez pas conclure de ce qui précède que j'ai collectionné les amours, et plus particulièrement les amours ratées. Je n'ai rien d'un conservateur de musée. Mais deux fois j'ai frôlé, sans oser la saisir, sans tenter de la saisir, ou alors en le tentant trop tard, une possibilité de bonheur. Par un revirement de cet humour cruel dont elle a si souvent le secret, la fatalité s'acharnera-t-elle de nouveau sur moi et me fera-t-elle, cette fois, parler trop tôt ?
Tant que monsieur n'a pas eu ce qu'il désire, c'est comme si vous parliez à un bloc de marbre.
Je puis bien t'avouer, aujourd'hui, je puis bien te crier, comme j'ai souffert de ne pas émouvoir ton cœur, de n'être pour toi qu'une amie, de n'être pas ta chose, ta femme. J'ai eu faim de toi jusqu'à en hurler.
Les bras d'une inconnue sont quelquefois moins trompeurs que certaines poignées de main ou que certaines effusions. Ils sont au moins sans lendemains, ces embrassements, et donc sans trahison !
L'arme du démon, c'est le scrupule.
Un malade espère toujours, mais quand le médecin lui dit : « C'est sérieux, vous savez, votre cas, » et même s'il s'empresse d'ajouter : « Remarquez, bien des gens dans votre état en sont revenus », sa phrase classique reste sans effet : l'angoisse s'est ancrée.
Un véritable chagrin d'amour dure toute la vie.
S'il est une personne qui ne devrait être surprise du succès d'un homme, c'est bien son épouse !
L'ivrognerie, voyez-vous, est sans doute l'habitude qui a le moins de conséquence dans l'éternité. Un ivrogne expie de son vivant : il subit le mépris de tous les honnêtes gens que sont parfois les orgueilleux, les avares, les envieux, les coléreux, les paresseux et les impudiques. Moi, j'ai toujours pensé que l'ivrognerie était d'abord une maladie.
Heureux les gens qui ne recherchent pas d'oasis dans le désert de leur cœur !
Le bonheur est une mauvaise école.
Comme chez tous les scrupuleux, la peur du péché conduit au péché.
Quand le doute est solidement implanté, le découragement suit.
Pour la plupart des gens, l'amitié n'est qu'un moyen élégant et commode de fuir la solitude.
Les remords n'ont jamais empêché de récidiver !
Les médecins c'est comme les épouses ; elles ne sont jamais là quand on en a besoin.
L'enfer, c'est l'attente sans espoir.
L'âge est une question de foi, d'espérance, d'amour, une question de disponibilité ; le temps ne marque pas les êtres constamment à l'affût de la vie.
Certains remords facilitent les séparations.