Dans la jeunesse, où l'âme est encore flexible, le vice loin de nous peut être repoussé ; mais dans un âge plus avancé, il est souvent incorrigible.
L'utile à l'agréable, chez les gens bien sensés, doit toujours être préférable.
Pacifique ou conquérant, régnez toujours en maître, et jamais en tyran.
Le temps passe et coule avec rapidité ; sachez dans le bel âge en faire un bon usage.
La sympathie unit nos destinées, et sans raisonnement détermine nos cœurs.
En violant les lois de la reconnaissance on se déclare indigne des bienfaits : de ce devoir rien ne nous dispense, ne nous en écartons jamais.
Esprits présomptueux, souffrez que l'on vous parle avec franchise ; sachez, vous qui vous admirez, que tout le monde vous méprise.
De cet âge indocile à peine nous sortons, que nous ouvrons les yeux sur nos vrais avantages ; connaissons-les, et souhaitons de devenir plus vieux, pour devenir plus sages.
Le jeu ne fut jamais ami de la prudence, il amuse moins qu'il ne nuit ; souvent par les rires il commence, et par la dispute il finit.
Des demandeurs insatiables, les importunités méritent des refus.
Réfléchissez longtemps, téméraires humains, avant que l'hymen vous engage ; faites un choix louable et sage : époux mal assortis, hélas ! que je vous plains.
N'accablez jamais sous votre autorité ni la faiblesse ni l'innocence.
De la suprême autorité, on n'abuse jamais avec impunité.
De ses habitudes premières toujours on se défait malaisément.
La ruine de deux partis est bien souvent le fruit de la guerre.
Des grandeurs et des biens ne soyons jamais avides ; et jamais l'ambition ne voit ses vœux remplis, c'est le tonneau des Danaïdes.
Les biens, les grandeurs d'ici-bas, s'évanouissent comme un songe.
Les grands de leur pouvoir doivent tout présumer, plus jaloux de se faire craindre que contents de se faire aimer.
Il est bien rare de trouver une âme généreuse et désintéressée.
La fortune et l'amour n'ont qu'un temps, à des retours fâcheux leurs faveurs sont sujettes.
Un langage trop flatteur n'est souvent qu'une adresse pour nous suborner mieux et nous mieux éblouir.
Bien souvent, quand on vous flatte et quand on vous caresse, c'est un piège adroit qu'on vous tend.
Qui d'un faux ornement fuyant la vaine amorce, joins l'exemple au précepte et la grâce à la force.
Il ne faut jamais rien entreprendre avant que de s'être éprouvé.
Quand un fourbe ennemi vous loue et vous caresse, prenez garde, il veut vous trahir.
Voulez-vous être en assurance contre vos ennemis ? Contre eux mettez la mésintelligence.
Qui satisfait un emprunteur peut et doit s'attendre à la perte de la dette ou du débiteur.
Dans un poste élevé toujours mal affermis craignons une chute éclatante.
On risque à se précipiter quand on est assez vain pour prendre l'essor d'un vol trop élevé.
Un noble par mainte bassesse souvent déroge et perd ses droits.
L'envie et l'intérêt, inflexibles tyrans, chez nous ont été de tous temps les ministres de la discorde.
Les dieux doivent punir le crime et venger l'innocence.
Les Dieux ne sont pas inflexibles, et ce n'est qu'à l'extrémité qu'ils font tomber sur nous leurs châtiments terribles.
Nous trouvons toujours à tous nos défauts des prétextes et des excuses.
Sachons excuser les défauts des autres, si nous voulons qu'on excuse les nôtres.
Croyons le mal avec difficulté, et le bien avec facilité.
Qui sait beaucoup se faire craindre, ne sait guère se faire aimer.
Contraignons-nous avec prudence, sachons, quand il le faut, nous faire violence ; ou craignons d'éprouver le sort des indiscrets.
Ne suivons pas aveuglément tous les conseils qu'on nous donne.
De sa condition heureux qui se contente ; tenons-nous dans la sphère où le ciel nous a mis.
Défions-nous de notre cœur ; que toujours l'esprit lui commande.
Il est en ce monde des charlatans de toutes les espèces.
Tôt ou tard la vérité détruit l'ouvrage de la calomnie qui ne recueille pour tout fruit que la confusion et que l'ignominie.
Tête creuse et folle souvent fait plus de bruit que la plus sage.
Tel brille avec éclat qui n'est qu'un vicieux, qu'un fanfaron, et qu'un stupide.
Une beauté quoique stupide, en tyran quelquefois de notre sort décide.
Quelquefois on perd tout en voulant trop avoir.
L'amour est un tyran, l'amour est un poison, qui corrompt l'innocence et trouble la raison.
En mainte occasion moins sert la force que l'adresse.
On réussit rarement lorsque l'on veut trop entreprendre.
Il est plus honteux d'ignorer qu'il n'est honteux d'apprendre.
Quand on a même but, rarement on s'accorde.
Ne jugez en nulle occurrence, ni de l'homme par l'apparence ni du cheval par le harnais.
Si vous voulez patiemment supporter les défauts des autres, vous le pouvez facilement ; par quel moyen ? Songez aux vôtres.
N'ayez avec les grands ni procès, ni querelle : Vous avez toujours tort, ils ont toujours raison.
Un soupçon d'infidélité fait quelquefois une infidèle.
Il n'est de bons repas que ceux qu'appétit assaisonne.
Le repos et la liberté sont préférables aux richesses.
Il n'est de solides douceurs que dans l'amour de la sagesse.
Tout est énigme et problème ; le savant doute, l'ignorant résout : L'homme prétend connaître tout, et ne se connaît pas lui-même.
Soyez-en convaincu, toujours on meurt comme l'on a vécu.
On n'offense jamais les dieux impunément.
C'est la raison, et non pas l'habit, qui fait l'homme.
L'amour-propre nous perd ; c'est un écueil flatteur qui porte à la raison de fâcheux préjudices.
Le véritable amour se doit d'être généreux.
La volupté conduit au vice, et le vice aux plus grands malheurs.