Les 77 pensées et citations d'Augusta Amiel-Lapeyre :
Quelle troublante chose que l'angoisse, quand elle est emprisonnée par le silence et que mille obstacles s'opposent à sa délivrance.
Dans le voisinage des torrents bruissent de petites cascades que leurs eaux ont fait surgir.
Le besoin de nier Dieu précède toujours cette négation.
Nous appliquons plus notre intelligence à connaître les choses qu'à comprendre l'être humain.
Pareille à un chien de chasse racé, la femme mauvaise est douée d'un flair particulier pour découvrir un bonheur caché et le détruire.
Dans les assemblées orageuses, l'être impartial possède en lui un régulateur puissant dont l'influence peut gagner de proche en proche.
Les mots dédaigneux, railleurs, peut-être méchants, que la bouche retient, sont dessinés dans un sourire. - Ah ! ce sourire !
Bizarrerie de l'espèce humaine : les petits aiment jouer aux grands ; les grands trouvent parfois amusant de jouer aux petits.
Les hommes renonçant à se comprendre, après l'insuccès de la tour de Babel, construisirent chacun la leur et y vécurent. Tous leurs descendants ont fait comme eux. Et chacun de nous ignore donc, au fond, le langage de ses semblables.
Il y a des femmes qui se penchent sur leurs malheurs avec grâce et séduction. Telles leurs arrière-grands-mères enlaçant leur guitare.
Si quelques mots lumineux n'ont pas suffi à convaincre ton interlocuteur, dis-toi bien que des flots de paroles t'auraient servi moins encore.
Un retard forcé dans notre correspondance avec nos amis, c'est une façon impérieuse de les avoir toujours présents à notre souvenir.
En médecine, la doctoresse ne peut se défendre, dans son étude psychologique de la femme, de l'étudier en femme, de fouiller curieusement dans son moi intime.
Les mots doux ou violents nous les empruntons au vocabulaire éternel, persuadés que personne avant nous ne leur donna cette douceur ou cette force.
La lune de miel, c'est la période pendant laquelle deux êtres ne se connaissant pas épuisent jusqu'à la dernière syllabe le vocabulaire du « Tendre » Puis, ils se connaissent, et le vocabulaire est transformé.
Celui qui plante un clou où il s'installe croit toujours plus ou moins y fixer le bonheur.
Nos bonnes résolutions sont mues par des rouages défectueux.
Les grands écrivains à la recherche des vérités éternelles sont des ouvriers se livrant à des travaux de sondage pour découvrir la source d'eau vive.
Dans ses heures d'insomnie, la nuit est à l'intellectuel ce qu'est à l'arbre la terre obscure dans laquelle il plonge ses racines, et va chercher, avec le suc-aliment, la fraîcheur des eaux profondes.
Les yeux de la mère retardent : Quand l'enfant est déjà grand, longtemps encore elle cherche de la main les boucles soyeuses qui faisaient son orgueil.
Nos chers mots français, quand ils sont devenus vieux, la Fortune les écrase de sa roue impitoyable ; et ils vont mourir au fond d'une bibliothèque dans les plis d'un bouquin délaissé.
Actuellement l'homme n'absorbe plus la nourriture dans le calme et la sécurité. C'est la préoccupation de sa nourriture qui le ronge dans l'agitation et l'inquiétude.
Les hautes pensées produisent en nous les mêmes résultats que l'air et le soleil dans une chambre de malade, elles chassent les miasmes délétères.
Lorsque l'homme mûr se rencontre avec l'enfant, il retrouve soudain des impressions de sincérité exquise qu'il ne connaissait plus.
L'attente d'une joie n'est-elle pas meilleure que le souvenir ?
La terre riche en principes de vie qui aideront à l'éclosion d'une moisson abondante reste longtemps solitaire et tassée. Le penseur obéit à cette loi.
La banalité, c'est le vêtement de sortie des timides.
Le confessionnal c'est la boîte aux lettres de la conscience.
L'enfance bercée par nous, berce parfois aussi notre peine.
Quand notre esprit peut se mouvoir dans la phrase avec souplesse et élégance, soyons satisfaits de la cage que nous lui construisons et ne demandons pas à la rime de venir y ajouter d'autres barreaux.