La bassesse n'est jamais de la soumission. — Elle avilit l'hommage rendu à la puissance.
Grandeur et richesse, synonymes de considération.
L'illusion dure si peu que quand elle vient nous flatter nous devons mettre à profit son prestige, et jouir sans réserve de sa brièveté.
Les grâces sont à une jolie femme ce que l'émail est aux fleurs, et le velouté aux fruits non cueillis.
On se plaint des caprices du beau sexe ; nous serions trop jaloux, s'il n'avait en partage quelques défauts.
Les faiseurs de morale se croient obligés de dépecer tout le cœur humain sans miséricorde ; mais il est des choses si affreusement vraies, qu'on ne devrait jamais les écrire.
En étudiant les hommes on commence par les mépriser, et l'on finit quelquefois par apprendre à leur ressembler.
Pour corriger les ridicules et les vices l'ironie est plus forte que la critique.
Il vaut mieux perdre un ami par trop de franchise que de le conserver aux dépens de l'honneur et de la vérité.
La vanité est un voile moral qui nous cache tous nos défauts.
On redoute si fort la franchise que pour en dégoûter ceux qui la professent on la nomme brusquerie, mauvaise humeur, ou caprice.
Tel homme a paru toujours bon, à qui il n'a manqué que l'occasion pour être méchant.
Il est des hommes bons par caractère, et méchants par timidité ; il en est d'autres qui n'osent faire ni le bien, ni le mal.
L'homme oisif ne laisse aucune trace de son existence ; il disparaît sans avoir su se rendre utile, et sans être regretté de ses contemporains qu'il a d'avance accoutumés à le compter au nombre des morts.
Le paresseux perd sa vie, l'homme laborieux la dépense.
Les hommes frivoles ne peuvent se passer de société parce que le désœuvrement nous chasse toujours hors de nous-mêmes.
Les uns voient l'avenir en noir, les autres en rose ; aucun d'eux n'a raison. Se défier trop du sort, c'est anticiper sur les maux qui peuvent arriver ; mais trop compter sur lui, c'est se préparer le regret d'avoir fait un faux calcul. Cependant j'aime mieux jouir en idée : on rêve, il est vrai ; mais le rêve de la vie peut finir avant celui de l'imagination, et c'est toujours autant de gagné.
Il est trois grandes époques dans la vie : celle de la confiance, où tous les hommes paraissent bons ; celle de la défiance, où tous semblent méchants ; et celle de l'indulgence, où l'on s'aperçoit qu'ils ne sont que faibles.
Dans la jeunesse on dépense son avenir sans prévoyance, on le disperse, on n'y songe pas ; mais dans l'âge mûr on le ménage, on ne veut plus rien en perdre.
La majorité des hommes ne vivent qu'avec les sens ; il en est très peu qui sachent vivre avec leur âme.
User les passions cela s'appelle vivre.
Que la vie est chose singulière, et que l'homme est étrange dans ses fantaisies ! le présent ne lui est pas plus cher que le passé ; il ne compte que sur l'avenir. De lendemain en lendemain il court vers des espérances toujours trompées ; mais à chaque poste, la déesse des illusions rétablit le relais : le voyage se continue dans l'attente ; on ne sait où l'on va, ni d'où l'on vient ; mais le temps s'écoule, et la mort arrive. — C'est toute notre histoire.
Si la frivolité a quelque avantage, c'est que de petites joies lui font oublier de grands sujets de chagrins.
Observez ceux qui se défient toujours ; ils ne craignent d'être trompés que par l'habitude où ils sont de tromper tout le monde.
Les uns voient l’avenir en noir, les autres le voient couleur de rose ; aucun d'eux n'a raison. Se défier trop du sort, c'est anticiper sur les maux qui peuvent arriver ; y trop compter, c'est se préparer le regret d'avoir fait un faux calcul. Cependant il vaut mieux encore jouir en idée : on rêve, il est vrai ; mais le rêve de la vie peut finir avant celui de l'imagination, et c'est toujours autant de gagné.
Un enfant blesse de sang-froid un chien à coup de pierres ; suivez-le dans le développement de ses facultés, il est à craindre que dans quelque jour il n'assassine un homme, sans être ému de son crime.
Les pleurs d'un héritier sont souvent des rires déguisés.
Puisque la mort est une nécessité, pourquoi les médecins en sont-ils une aussi ?
Le luxe engendre la mollesse, et cause la décadence des nations.
On oublie aisément les plus malheureux et les plus démunis quand on vit dans l'abondance.
L'amitié a, comme l'amour, une délicatesse jalouse qu'on blesse aisément.
Avant de blâmer les défauts d'autrui, regardez-vous dans une glace.
L'amour trouve ses victimes dans tous les âges.
Les sots, accoutumés à juger sur les apparences, jugent naturellement mal.
Réfléchir beaucoup et parler peu, c'est le secret pour réussir.
Le luxe engendre plus de besoins qu'il n'en peut satisfaire.
Un recueil de maximes doit plaire à ceux qui aiment à lire peu, et à réfléchir beaucoup.
Être homme, c'est-à-dire être humain, être juste, est le premier de nos devoirs.
Tout le monde se plaint de la vanité d'autrui, et personne ne se plaint de la sienne.
La vanité la plus fine est celle qui nous porte à louer le mérite que nous croyons inférieur au nôtre.
Le plaisir séparé de l'honneur est une étincelle qui brille et n'échauffe pas.
La vraie philosophie est un bouclier contre tous les maux de la vie : la pauvreté, les maladies, la mort, les injures et les persécutions.
Les passions ont des motifs, et point de principes, c'est perdre la raison que de les faire raisonner.
Plus on est sobre de paroles, moins il échappe de sottises, c'est donc un grand profit de se taire.
Une parole obscène est une exhalaison d'une âme impure.
La misanthropie n'est pas toujours un vice d'esprit ni une singularité de caractère, c'est souvent l'effet d'une trop grande connaissance des hommes.
Il est des médecins qui agissent sans délibérer, c'est un attentat à la vie ; il en est d'autres qui délibèrent sans agir, c'est une méditation sur la mort.
Un sage médecin dit à ses malades : De l'exercice, de la gaieté, point d'excès, et moquez-vous de moi !
Si nous devons toujours être les maîtres de nos enfants, même pour leur bonheur, nous ne devons jamais en être les tyrans.
Le devoir est une bride sans mors qui ne retient que le coursier tranquille.
Une tombe, c'est le terme où nous devons tous parvenir ; avant d'y arriver, semons du moins de quelques actes de bienfaisance la route qui nous y mène.
Les grandes affaires éprouvent les génies élevés, comme les violentes tempêtes, les bons pilotes.
Le côté utile de l'adversité, c'est qu'elle nous sert à distinguer les faux amis des véritables amis.
Dans la vie de l'homme, le chapitre des adversités est toujours le plus complet.
Que de belles actions dont il ne faut pas trop presser les motifs !
Une mauvaise action n'est qu'une mauvaise pensée mise en pratique.
Le mensonge est un larcin en paroles, comme le larcin est un mensonge en action.
Droiture et franchise terminent promptement les affaires les plus épineuses.
Un des premiers moyens, ou plutôt le seul d’être heureux, c'est de s'occuper du bonheur de ceux qui nous entourent.
Un idiot vaut mieux que soixante pédants.
La licence des paroles mène à la licence des actions.
Les honneurs ne changent les mœurs que de ceux qui n'en étaient pas dignes.
Un honnête homme obéit aux lois, et respecte ceux qui gouvernent sans oublier ses devoirs.
Le premier de nos devoirs est d'être homme, mais le second est d'être citoyen.
Estimons-nous davantage, nous serons plus estimés.
La raison s'épure dans le creuset du malheur.
L'ingratitude se pardonne, mais ne s'oublie pas.
L'espérance est une jolie courtisane qui accorde ses faveurs à tout le monde.
Les plaisirs tumultueux et bruyants ne sont bons que pour les êtres froids, qui ont besoin d'être fortement remués pour sentir leur existence.
Ce qu'on tait vaut souvent mieux que ce qu'on dit.
Tôt ou tard on est la dupe de toutes les paroles inconsidérées qu'on laisse courir.
Le médecin qui traite un malade me représente l'enfant qui mouche une chandelle.
On a peu d'amis dans l'adversité, mais le petit nombre qu'on en a, n'en sont que plus précieux.
La joie est une fusée volante, elle ne laisse aucune trace.
Le doute et l'incrédulité, c'est la fleur et le fruit.
Il est une passion qui met de niveau la sottise et l'esprit, c'est le jeu.
Qu'un esprit médiocre s'efforce de fixer les yeux sur lui par quelque originalité, je n'en suis pas surpris. S'apercevrait-on autrement de son existence ?
Beaucoup de critiques ressemblent à ces hideuses chenilles qui se traînent sur les fleurs et les flétrissent.
Une extrême censure est la marque d'un esprit médiocre ; on fronde souvent ce qu'on ne sait pas comprendre.
La pensée de l'homme de génie est comme un gland qui renferme en lui seul un million de glands.
La pensée est une parole cachée, et la parole une pensée découverte.
Les mots sont comme les transparents qui prennent la couleur du fond sur lesquels on les place.
Les sots font parfois moins de sottises que les gens d'esprit, mais en revanche ils en disent davantage.
Un sot a beau faire broder son habit, ce n'est jamais que l'habit d'un sot.
Les gentillesses de l'esprit sont comme les flammes qui s'éteignent avec le bois qui soutenait leur existence, tandis que les vertus laissent après elles une longue trace.
La réputation d'esprit solide vaut mieux que celle d'esprit fin.
Il est des personnes d'esprit si simples et si crédules que tout le monde croit avoir le droit de les railler, jusqu'aux sots.
Un des grands avantages de la frivolité, c'est que de petites joies lui font oublier de grands chagrins.
Quand je vois un philosophe morose exagérer les erreurs et les vices des hommes, je me représente un peintre se peignant devant un miroir.
Le temps arrive où les bonnes mœurs publiées, les jouissances du luxe seront préférées aux charmes de l'innocence.
Ceux qui ont raison sont ceux qui disputent le moins. Ils rient en secret des sottises que les autres étalent pour se défendre ; cela console leur amour-propre et les dispose à la complaisance.
Une femme ne paraît indifférente que par orgueil, par prudence ou par timidité.
Un homme d'esprit séduit, enchante, mais ses moyens de plaire sont bientôt dévoilés. Ceux d'une femme ne sont pas aussi faciles à saisir ; elle sait employer à son gré l'art de graduer et d'augmenter sa gaieté, sa finesse et ses grâces, au gré d'une imagination riante et facile.
La coquetterie est un piège tendu à la finesse ; la pruderie en est un pour la simplicité.
Tour rapporter à l'amour-propre, c'est en quelque sorte disculper ces hommes froids qui prennent leur indifférence pour une vertu.
L'amour-propre est utile ; il donne l'éveil à nos qualités. Sans une noble idée de nous-mêmes, nous resterions ensevelis dans une froide et triste inaction.
La modestie n'est bien souvent qu'un orgueil déguisé.
La sensibilité est la mère de toutes les vertus.
Un amour extrême, s'il est malheureux, rend misanthrope.
La misanthropie n'est pas toujours un vice d'esprit, ni une singularité de caractère. C'est souvent une maladie de l'âme qui naît d'une trop grande connaissance des hommes.
La première faveur de l'amour est comme un contrat qui assure la possession de toutes les autres.
Le plus grand malheur qu'on puisse désirer à son ennemi, c'est qu'il aime sans être aimé.
Quand la jalousie n'est pas un vice de caractère, elle est en amour une preuve de sensibilité et d'une extrême délicatesse ; elle est l'effet d'une timide défiance de soi-même, un concentrement d'affection dans l'être aimé.
Le sentiment est aux plaisirs de l'amour ce qu'est le coloris en peinture ; il donne plus de lustre aux tableaux.
La jalousie n'est quelquefois que la défiance de soi-même ; c'est le seul cas où elle puisse être pardonnable.
Le bonheur n'est pour beaucoup de personnes qu'un ennui diversifié.
Les anciens philosophes avaient raison de faire consister le bonheur dans la vertu ; sa première récompense est de jouir d'elle-même.
Quand on ne tient pas à soi par des goûts solides, on est livré à toutes les frivolités de son siècle.
L'un des premiers moyens d'être heureux, c'est de songer au bonheur de ceux qui nous entourent.
Enfant gâté, enfant ingrat.
L'inexpérience d'un jeune homme l'expose à faire des sottises ; elle l'empêche de songer qu'il se prépare de longs repentirs.
Punir rarement et toujours à propos ; récompenser quand il le faut, et caresser souvent ; avec une pareille conduite les parents se feront toujours aimer et respecter de leurs enfants.
On n'est pas fin sans un peu de malice, et la malice effarouche. Cacher celle qu'on a est donc une excellente finesse.
Les caractères fermes ne plient pas aisément sous les volontés de ceux qui veulent les subjuguer de vive force ; c'est par des déférences, des caresses et des attentions qu'on parvient à se saisir d'un empire que de toute autre manière on n'eût pas obtenu.
Composer avec les passions c'est vouloir éteindre du salpêtre enflammé ; il faut les diriger, les gouverner, les soumettre ; mais non les caresser, si l'on ne veut pas en être asservi.
Modérons notre impatience et corrigeons notre humeur ; ces mauvaises habitudes gâteraient notre physionomie.
Pourrait-on croire que nous avons traité jadis des riens gravement, nous qui aujourd'hui traitons si légèrement les choses les plus graves.
Celui qui veut être loué doit s'abstenir de son propre éloge.
Celui qui trop vous flatte vous hait, ou ne vous estime pas.
On loue presque toujours par intérêt ou par amour-propre : par intérêt, pour être bien accueilli des personnes dont on a besoin ; par amour-propre, pour montrer son discernement.
L'homme franc n'affirme qu'une fois.
La réticence sur les défauts d'autrui est toujours traîtresse ; elle en fait soupçonner plus qu'il n'en a.