Les 60 pensées et citations de Benjamin Constant :
La peur de l'ennui est mon impulsion dominante.
Le monde se dépeuple pour ceux qui avancent dans la vie, tout ce qui leur était cher les abandonne au fil des années, et la terre n'est plus pour eux qu'une vaste solitude qu'il faut traverser avec courage, mais le courage n'est pas du bonheur.
Il faut prendre la vie comme elle vient, mais il n'y a pas que du plaisir à la prendre ainsi.
Les années s'écoulent et elles emportent nos forces et nous amènent les infirmités ; elles nous ôtent pièce à pièce tous nos moyens de plaisir ; elles nous laissent pour nourriture le passé qui est triste, et pour perspective l'avenir qui est court.
Rien n'est jamais aussi mal qu'on le craint ni aussi bien qu'on l'espère.
L'avenir est toujours douteux et quelquefois sombre, mon présent monotone, mon passé n'est pas gai. Avec cela la vie avance, et la mort tire de tout.
La société est un vaisseau sur lequel nous sommes tous passagers.
Le cours des choses est bien plus fort que la volonté des hommes.
L'Histoire est comme le soleil, un flambeau allumé pour tout le monde.
Le ridicule attaque tout, et ne détruit rien.
Quand la corruption peut se justifier par la nécessité, elle n'a plus de bornes.
L'amour est de tous les sentiments le plus égoïste, et lorsqu'il est blessé le moins généreux.
Sans en dire jamais assez pour la satisfaire, j'en disais toujours assez pour l'abuser.
La reconnaissance a la mémoire courte.
La sensibilité pour les malheurs qui ne sont pas personnels est d'une mince épaisseur !
Gardons-nous de faire une folie pour nous consoler d'avoir fait une sottise.
Il y a quelque chose de niais à ne rien tenter avec une femme dont on est fort amoureux et avec qui on se trouve souvent en tête à tête-à-deux heures du matin. Persévérons.
Le courage inutile a cela de mauvais, outre ses inconvénients immédiats, qu'il ôte le moyen d'être courageux inutilement.
Toutes situations ont leurs peines secrètes que l'on ne juge que lorsqu'on s'y trouve.
Pour avoir raison contre quelqu'un et être approuvé, il faut être dur, ou être injuste, ou être un sot. Quand on est dur, on profite de tous ses avantages sans être ému par la douleur des autres. Quand on est injuste, on accueille les exagérations des ennemis de son adversaire, qui accourent à notre secours avec bien plus de zèle que nos propres amis ! Quand on est sot, on a tous les sots pour soi et ils sont légion !
La peur est un mauvais conseiller, là surtout où il n'y a pas de conscience : il n'y a dans l'adversité, comme dans le bonheur, de mesure que dans la morale. Où la morale ne gouverne pas, le bonheur se perd par la démence, l'adversité par l'avilissement.
Qui s'obstine à ne consulter que son cœur est condamné tôt ou tard à écouter la raison.
Ce qu'on ne dit pas n'en existe pas moins, et tout ce qui est se devine.
Qui que vous soyez, ne remettez jamais à un autre les intérêts de votre cœur ; le cœur seul peut plaider sa cause : il sonde seul ses blessures ; tout intermédiaire devient un juge ; il analyse, il transige ; il conçoit l'indifférence ; il l'admet comme possible, il la reconnaît pour inévitable ; par là même il l'excuse, et l'indifférence se trouve ainsi, à sa grande surprise, légitime à ses propres yeux.
Confiez au passé sa propre défense, à l'avenir son propre accomplissement.
Le plus grand malheur, c'est de n'être pas aimé quand on aime.
Je hais la douleur, et je crains la douleur de coeur par-dessus tout.
Je serai toujours ton ami ; j'aurai toujours pour toi l'affection la plus profonde. Ces deux années de notre liaison ne s'effaceront jamais de ma mémoire ; elles seront à jamais l'époque la plus belle de ma vie. Mais l'amour, vois-tu, ce transport des sens, cette ivresse involontaire, cet oubli de tous les intérêts et de tous les devoirs, je ne l'ai plus.
Songez que, en amour, l'on ne gagne rien à prolonger une situation dont on rougit. Vous consumez inutilement les plus belles années de votre jeunesse, et cette perte est irréparable.
On est si peu maître du rôle qu'on jouera dans le monde que ce n'est qu'à la fin de sa propre carrière qu'on peut réellement regretter son choix ou s'en applaudir.