Les 58 pensées et citations de Benoît Champy :
À courtoisie, courtoisie et demie.
Qu'y a-t-il de plus impatientant qu'un homme qui ne s'impatiente jamais ?
Il y a un temps et une mode pour certains livres, comme il y a un âge pour les lire.
Les vieillards sont en général moins affectés de la mort des jeunes gens que de celle de leurs contemporains, parce que celle-ci est une mise en demeure directe.
Les vieillards n'aiment pas qu'on les croie plus vieux ou plus infirmes qu'ils ne le sont ; aussi, dans les attentions qu'on a pour eux, c'est faire preuve de délicatesse que de se garder de toute exagération qui pourrait leur suggérer une pensée de cette nature.
Ce n'est jamais de bien bonne grâce que les écrivains de profession proclament le mérite des écrivains d'occasion.
La paresse est à la fois un vice et une ennemie de nos vices.
Un livre n'est pas long s'il ne dit que ce qu'il doit dire ; il n'est pas court s'il dit moins.
En France on peut vivre longtemps sur une réputation usurpée.
Quelque esprit que vous ayez celui qui arrive à propos en a encore plus que vous.
J'aime mieux les gens qui n'ont pas d'esprit que ceux qui n'ont qu'un petit esprit.
On peut feindre beaucoup de choses, la vertu, la douleur, la joie, l'amour, la dignité, la bonté, etc., mais il y a une chose qu'on ne peut jamais feindre, c'est l'esprit.
Qui n'a ressenti la fatigue de se trouver en face de gens qui, physiquement comme intellectuellement, sont toujours prêts à éternuer et n'éternuent jamais ?
On sait plus de choses aujourd'hui qu'autrefois mais on ne les sait que superficiellement et à peu près. L'à-peu-près est la plaie de notre temps en toutes choses.
Le goût a cet inconvénient qu'il dégoûte de trop de choses.
Dans la vie commune ce ne sont pas seulement les défauts qui amènent la mésintelligence ; il y a souvent des qualités de cœur et d'esprit incompatibles, et qui, se heurtant les unes contre les autres, engendrent la désunion.
L'amitié de certaines personnes est comme ces arbres qui ne donnent que des fleurs et pas de fruits.
La susceptibilité est le plus grand écueil de l'amitié.
Il est des gens dont la conversation nous donne de l'esprit ; il en est d'autres dont la conversation nous fait perdre celui que nous avons.
Il y a beaucoup de charme à écrire sans arrière-pensée de publier, c'est une agréable manière de converser avec soi-même.
Autrefois il y avait des diseurs de bons mots ; notre siècle a enfanté une race nouvelle, celle des diseurs à effet gens qui cachent le plus souvent leur nullité sous une apparence de profondeur.
Que de personnes dont la façon de parler est telle qu'on a envie de les contredire, même lorsqu'elles ont raison !
Savoir écouter est un rare mérite qui stimule l'esprit de celui qui parle et souvent en tient lieu à celui qui écoute.
Pour un homme qui, des rangs inférieurs de la société, arrive subitement à de hauts emplois, le bagage le plus embarrassant est celui de ses anciennes relations.
Depuis près d'un siècle, c'est par l'exagération du principe qui les a portés au pouvoir qu'ont péri les divers gouvernements qui se sont succédé en France.
C'est un symptôme de décadence chez un peuple que la surabondance des lois ; elle prouve l'impuissance des mœurs.
Les excès de la presse ont altéré notre caractère et nos mœurs. La défense contre ses attaques étant généralement impossible ou très difficile, et la répression par les tribunaux insuffisante, on en est réduit à ne répondre que par le mépris et à supporter en silence des insultes qui devraient provoquer les plus légitimes réparations. Mais en même temps ce sentiment exquis et chevaleresque de l'honneur, qui était autrefois le plus précieux patrimoine de la nation, s'énerve et s'affaiblit.
Le jugement (j'entends par là un sens droit) est un don naturel ; l'instruction ne peut le donner, mais elle peut l'élever et le fortifier. Pour l'homme politique, et surtout pour le magistrat, si le jugement n'est pas la seule qualité nécessaire, c'est la plus nécessaire de toutes.
Il y a un remède certain contre la solitude et l'ennui, c'est de s'habituer à réfléchir et à penser. — Je dis s'habituer, parce qu'on prend l'habitude de penser comme on prend celle de ne penser à rien.
Il arrive souvent que pour s'excuser d'une faute on en commet une plus grande.
En fait d'ingratitude, nous sommes aussi indulgents pour nous-mêmes que sévères pour les autres.
Une vieillesse anticipée me déplaît autant qu'une jeunesse trop prolongée.
Lorsqu'on me parle de personnes douées d'une grande sensibilité, ce qui m'intéresse, c'est de savoir si cette sensibilité s'applique à elles ou bien aux autres.
Il y a un âge où il faut se défier du regain.
Étudier le cœur de l'homme est plus instructif que consolant.
Le parti le plus sage est de s'accommoder à la vieillesse ; on a tout à gagner à vivre en paix avec elle plutôt qu'en état de guerre.
Notre esprit nous sert à tromper les autres, et notre cœur à nous tromper nous-mêmes.
Voici une règle qui n'admet que bien peu d'exceptions : si un homme, en possession de hautes fonctions publiques, vous dit qu'il n'aspire qu'au repos et à la retraite, vous pouvez le croire. Mais s'il vous dit, après les avoir perdues, qu'il n'en éprouve aucun regret, il ment.
Chez les hommes les caractères sont variables à l'infini comme les physionomies ; mais, malgré cette prodigieuse variété, au fond il y a toujours l'homme !
Dans certaines circonstances de la vie l'oubli et le pardon d'une injure profitent plus qu'ils ne coûtent.