Une âme sensible et tendre est heureuse par le seul plaisir qu'elle trouve à aimer.
C'est toujours soi qu'on aime, même dans ceux qu'on admire.
Lorsque la nuit est froide, et que seul dans ma chambre, près de mon poêle éteint j'entends siffler le vent en pensant aux longs baisers qu'en ces nuits de décembre se donnent les époux, mon cœur saigne, et souvent, bien souvent, je soupire, et je pleure, et j'écoute.
Il n'y a dans l'amour que ce qu'on y met.
L'amour de deux êtres en ce monde n'est souvent que le privilège de se donner l'un à l'autre les plus grandes douleurs.
Rends l'amour à qui t'aime, afin qu'on te le rende.
On ne peut guère faire une vie double : agir et contempler.
Inquiet, mélancolique et fervent, j'hésite entre l'action et la contemplation.
Je suis arrivé dans la vie à l'indifférence complète. Que m'importe, pourvu que je fasse quelque chose le matin, et que je sois quelque part le soir !
II faut qu'en mourant chaque âge lègue au suivant ses souvenirs, son flambeau allumé, comme il est dit des générations. Il faut que chaque âge mort soit enseveli et honoré avec piété par son successeur, ou racheté ou expié par lui. De la sorte, les âges se suivent en nous, en n'étant pas étrangers les uns aux autres ni à nous qui les portons ; ils entretiennent et perpétuent l'esprit d'une même vie. Nous arrivons vieux en face d'un âge ami, qui a reçu de ses devanciers les traditions de notre enfance et qui sait de quoi nous parler longtemps ; nous vivons avec cette vieillesse, d'ordinaire fâcheuse, comme avec un saint vieillard qui nous présenterait chaque jour dans ses bras notre berceau.
Gardons-nous de l'ironie en jugeant. De toutes les dispositions de l'esprit, l'ironie est la moins intelligente.
Dis-moi qui t'admire, et je te dirai qui tu es.
Aimer, être aimé, unir le plaisir à l'amour, me sentir libre en restant fidèle ; garder ma secrète chaîne jusqu'en de passagères infidélités ; ne polir mon esprit, ne l'orner de lumières ou de grâces que pour me rendre amant plus cher, pour donner davantage à l'être aimée et lui expliquer le monde, tel était le plan de vie auquel en définitive je rattachais tout bonheur.
La critique, c'est le plaisir de connaître les esprits, non de les régenter.
Le souvenir d'une amitié glorieuse remplit, illumine toute une vie.
La bonté ingénieuse, surtout si une fois elle a été unie à la beauté souveraine, et n'a composé avec elle qu'un même parfum, est une grâce qui devient enchanteresse à son tour et qui ne périt pas.
Amour, amour, qui pourra sonder un seul de tes mystères ? Depuis la naissance du monde et son éclosion sous ton aile, tu les suscites toujours inépuisables dans les cœurs, et tu les varies. Chaque génération de jeunesse recommence comme dans Éden, et t'invente avec le charme et la puissance des premiers jours. Tout se perpétue, tout se ranime chaque printemps, et chaque coup de tes miracles est toujours nouveau. Le plus incompréhensible et le plus magique des amours c'est encore celui que l'on voit, et, s'il est possible, celui que l'on sent ; mais de tous, le plus parfait pourtant et le plus simple, à les bien comparer, sera toujours celui qui est né le plus sans cause.
Moins on parle, et bien souvent mieux l'on pense.
L'art dans la force de génération qui lui est propre, a quelque chose de fixe, d'accompli, de définitif, qui crée à un moment donné, et dont le produit ne meurt plus.
Puisqu'il faut avoir des ennemis, tachons d'en avoir qui nous fassent honneur.
En politique on n'est pas simplement ce qu'on est : on est ce qu'on paraît être.
Il est des maux passés que le bonheur oublie.
Un rien froisse souvent les cœurs et les délie.
Un bon gouvernement n'est que la garantie des intérêts.
La solitude est chère à qui jamais n'en sort ; elle a mille douceurs qui rendent calme et fort.
Quand on vit, qu'on s'aime, et que l'un a pleuré ; on pardonne, on oublie, et tout est réparé.
La vie est une foule où chacun tire à soi.
L'amitié se corrompt, tout est rêve et chimère ; on n'a pour vrais amis que son père et sa mère.
En cette vie, hélas ! rien n'est constant et sûr ; le ver se glisse au fruit, dès que le fruit est mûr.
On ne gagne pas toujours à s'élever, quand on ne s'élève pas assez haut.
La plupart des amitiés humaines, même des meilleures, sont vaines et mensongères.
La postérité, de plus en plus, me paraît ressembler à un voyageur pressé qui fait sa malle.
Il faut des loisirs pour l'agrément de la vie ; les esprits qui ont toute leur charge ne sauraient avoir de douceur.
Mûrir ! mûrir ! On durcit à de certaines places, on pourrit à d'autres ; on ne mûrit pas.
L'âge venant, nous voudrions le voir de plus en plus se tourner.
Comment se tue en nous l'amour, trois degrés : Souffrance, indignation, puis indifférence. La souffrance use l'amour, l'indignation le brise, et on arrive ainsi à l'indifférence finale.
Oh ! quel bonheur de vivre avec de belles choses ! Qu'il est doux d'être heureux sans remonter aux causes !
Mon bonheur, à moi, n'est pas de cette vie.
C'est ennuyeux de vieillir, et pourtant c'est le seul moyen qu'on ait trouvé de vivre longtemps.
Le plus souvent nous ne jugeons pas les autres, mais nous jugeons nos propres facultés dans les autres.
La moindre caresse de l'amour laisse loin en arrière les plus vives avances de l'amitié.
Mieux vaut une passion éperdument manifeste qu'un amour caché.
L'amour est l'œil, aimer c'est voir.
Les dettes qu'on diffère de payer abrègent la vie.
Vivre, sachez-le bien, n'est ni voir ni savoir, c'est sentir, c'est aimer ; aimer, c'est là tout vivre.
L'amitié, c'est le grand mot des femmes, soit pour introduire, soit pour congédier l'amour.
Aimer, c'est croire en toi, c'est prier avec larmes.