Vivre selon sa nature, c'est vivre en homme, c'est être heureux, libre et vertueux à la fois. Tout ce que tu feras contre la nature, tu le feras contre toi-même. Sois homme, toute la devise de l'humanité est là.
Connais-toi, voilà la science universelle ; réalise-toi, voilà le progrès.
Ni la tendresse, ni le soupir, ni la langueur ne font défaut à l'amour, parce qu'ils sont l'amour.
L'aumône et la misère sont deux infirmes qui cheminent appuyés l'un sur l'autre.
On ne peut dire des choses fines à un sourd.
Les muets parlent éloquemment en faveur de la parole.
Soyons enclume, mais seulement quand nous ne pouvons être marteau ; soyons marteaux seulement pour forger le bien.
De nombreuses personnes croient qu'elles agissent alors qu'elles ne font que s'agiter.
Toute femme qui enfante accouche d'une destinée.
Les hommes ne sont pas jugés d'emblée selon ce qu'ils valent ; cela est vrai surtout des hommes publics, que le sort ou leurs œuvres mettent en évidence. Lorsqu'ils arrivent en scène, il se forme deux partis ; celui de l'enthousiasme et des flatteurs, celui de l'envie et du dénigrement. Graduellement se constitue entre deux l'opinion des gens sans parti pris, sans intérêt et sans engouement. Elle marche lentement, mais elle finit par l'emporter : le plus souvent après que la personne discutée n'est plus. Pour les hommes qui se sont imposés à la mémoire de la postérité, le débat ne cesse jamais complétement.
Il suffit à la mouche de vivre en mouche, à l'araignée de prendre et de dévorer des mouches : elles n'en demandent pas davantage l'une et l'autre. Reste à savoir si la mouche demande à être prise par l'araignée. On ne le lui a pas demandé. Si la mouche avait la parole, elle demanderait à la nature pourquoi elle fit des araignées. L'araignée répondrait : parce qu'il y a des mouches.
L'homme de notre temps se surmène. Il tente l'escalade du ciel, et souvent roule dans des abîmes de déception. Quand il n'entonne pas ses dithyrambes du progrès, il tombe dans l'abattement ou se jette dans le désespoir ; si l'orgueil a survécu, il se drape dans sa misère, comme le philosophe dans son manteau troué.
La révolte contre ce qui ne peut être changé est une faiblesse, la révolte contre ce qui peut être changé est un devoir.
Apprends à jouer avec la vie, écarte le sérieux, ou bien supporte la souffrance.
Deux coeurs curieux l'un de l'autre veulent se pénétrer, ils se cherchent ; quand leur curiosité est partie, adieu l'amour ! L'art d'aimer et de se faire aimer consiste à ne jamais se laisser deviner tout à fait, à réserver toujours au mystère un coin de son âme où l'imagination se puisse loger.
L'instinct du cœur est d'aimer, l'amour est son droit et sa vie.
On pleure aux champs comme à la ville, et ce sont les mêmes larmes. Nos deuils nous rendent égaux.
Le regret du passé nous ronge, l'impatience de l'avenir nous dévore, le présent nous échappe.
L'ennui et l'impatience nous font sentir chaque minute en y mettant leur poids.
Le désir et la crainte sont des verres grossissants, la nature en a fait les yeux de l'homme.
Quelques femmes n'écoutent qu'elles-mêmes, d'autres parlent toujours, et ne s'écoutent jamais.
Certaines professions sont vouées au sourire éternel.
Rien n'offense les esprits délicats et les cœurs profonds comme l'indiscrétion et le bavardage.
Le bavardage n'est que l'indiscrétion retournée, de même que le commérage n'est que de la curiosité à l'envers : des fléaux.
La discrétion est la pudeur de l'âme.
Le bavard ressemble à un homme qui vivrait toujours hors de chez lui.
Le bavardage est l'infaillible indice de la vacuité de l'esprit.
Ne jamais douter de soi est quelquefois la moitié du succès, l'autre moitié c'est de ne point douter de la bêtise d'autrui.
La médiocrité ambitieuse est un spectacle qui prête à rire.
Guérir d'une maladie, c'est en même temps guérir du médecin.
Les gens qui se portent bien ne comprennent pas que l'on puisse être malade.
Le moi n'est pas seulement haïssable, il est criard.
L'envie de montrer nos qualités en fait aisément des défauts.
La bêtise vient de l'esprit, la sottise du caractère; l'une se traduit en paroles, l'autre en actes.
Les proverbes sont l'expérience des générations condensée en aphorismes : ce sont des cristallisations du sens commun.
On reconnaît qu'un esprit commence à vieillir quand il commence à se reproduire.
Fou que je suis, c'est que, vois-tu, je t'aime et tu me manques.
La force des choses est la discipline de l'esprit et l'école de la volonté.
De toutes les infortunes, les plus difficiles à porter sont celles que nous ne pouvons attribuer à la destinée, et qui sont nées de nos fautes ou de nos erreurs : Elles nous mettent en danger de nous devenir insupportables à nous-mêmes.
On ne regarde pas vers le passé quand le présent vous suffit.
Un esprit prétentieux est toujours faux.
L'homme libre n'est que celui qui pratique librement la loi.
La vieillesse est l'hôtel des Invalides.
Il en est des livres comme des nez : la plupart sont ou trop longs ou trop courts.
L'immobilité est l'oisiveté du corps, l'oisiveté l'immobilité de l'esprit : on gagne de part et d'autre l'obésité.
À force d'être victime, on devient bourreau.
Comme l'alouette, la coquette se prend au miroir.
Pour une coquette, un adorateur est une parure de plus.
Les honneurs sont des échasses qui vous élèvent sans vous grandir.
Le vrai courage connaît le danger.
Les femmes élèvent souvent les petites choses, les hommes souvent abaissent les grandes.
Le plus grand courage consiste quelquefois à passer pour un homme qui manque de courage.
Le vulgaire fait les charlatans, et les charlatans l'exploitent.
Beaucoup savent rire, mais le sourire est rare : ne sourit pas qui veut.
La nature oublie de saler beaucoup d'esprits, il en est d'autres qu'elle sale trop.
Chacun a son point vulnérable, chacun porte en soi son séducteur.
Le mondain spirituel est un agréable diseur de riens.
Être ni humble, ni orgueilleux, ni modeste, ni vain : chose difficile.
L'homme n'échappe à la vanité qu'en tombant dans l'orgueil ou dans l'humilité.
Un peu d'éloge encourage et fortifie, beaucoup d'éloge enivre.
Qui flatte mendie.
La flatterie gâte l'esprit comme le sucre gâte les dents.
Entre le bien et le mal, entre l'erreur et la vérité le monde avance en festonnant.
La fierté commande d'être honnête, bien qu'elle ne soit pas l'honnêteté.
L'expérience généreuse de la jeunesse s'indigne contre la bassesse ; l'expérience de l'âge mûr, quand elle n'a pas tourné elle-même à la bassesse ou à la corruption, méprise avec tolérance.
L'intolérance n'est de droit que pour l'infaillibilité. Les hommes ont le devoir d'être mutuellement tolérants, parce qu'ils sont tous faillibles.
Mieux vaut calomnier les hommes que les exploiter.
Le trop de l'un est le pas assez de l'autre : à chacun sa mesure.
Trop réfléchir ne vaut rien, ni réfléchir trop peu. Mais le trop de l'un est le pas assez de l'autre à chacun sa mesure. D'ailleurs, le trop et le trop peu ici ne dépendent pas seulement de la personne, ils sont relatifs aussi à l'entreprise projetée et à la tâche qu'on se propose d'accomplir. Le juste équilibre à réaliser entre la délibération et l'action est la difficulté des gouvernements et des individus.
Un jugement positif et solide est celui où s'accordent le sentiment et la raison.
Il est parfois plus difficile de vaincre ses nerfs que de gagner une bataille.
Il y a dans l'univers deux génies qui luttent sans relâche pour le sceptre de l'humanité. L'un est bienfaisant ; il ressemble au soleil dont les rayons purifient les airs et dissipent les nuages en découvrant la plaine bleue du ciel. Il descend jusque dans les fécondes entrailles de la terre pour y réveiller sous ses baisers de feu les moissons dorées : c'est l'amour qui répand la vie. L'autre, génie destructeur, tempête glacée, porte sur ses ailes sinistres toutes les fureurs de la mort. Lorsqu'il promène sur le monde son souffle empoisonné, il déracine les arbres qui ombrageaient l'humanité, et fait mourir dans les sillons les moissons déjà écloses, avec les précieuses semences que le cœur y avait jetées : c'est la haine qui engendre la mort.
Il est une aristocratie de cœur comme de l'intelligence, et il n'est pas donné à chacun d'aimer avec puissance et élévation.
Plus on aime, plus on vit. Celui qui jamais n'a aimé ne sait pas où est le véritable foyer de toute existence.
Qu'il est pauvre celui que personne n'aime ; qu'il est pauvre aussi celui qui n'aime que lui ! Le champ intérieur de son âme, quelque vaste qu'il soit, reste stérile : sol pierreux et desséché, il ne connaît point de fleur.
L'amour est la véritable communauté. — Aimer, c'est s'enrichir.
On ne peut mieux placer le capital de sa vie que dans un cœur digne et aimant.
La vie est un capital dont nous avons la propriété temporaire.
Celui qui aime enrichit son existence de jouissances qu'il n'eût jamais connues dans l'isolement.
Mieux vaut insulter que travestir.
Rien n'existe au monde que par l'amour et la sympathie, par la tolérance.
Les sens et l'esprit ont leur routine.
La femme existe pour laver l'homme de ses égoïsmes devant Dieu.
Dieu en nous c'est notre loi ; vivre en Dieu, c'est vivre humainement.
Être incapable d'aimer, c'est se montrer impuissant à vivre.
L'intelligence, la justice, l'amour, sont les rayons de l'esprit.
Aimer, c'est s'accroître de l'être auquel on se livre.
Aimer, c'est s'enrichir ; qu'il est pauvre celui que personne n'aime !
La vraie tolérance, c'est le respect ; le respect de la personnalité et de la vie la plus intime.
L'amitié se nourrit de services ; l'amour veut des sacrifices.
Rien ne vit que d'aimer. Aimer, c'est se sentir attiré. S'aimer d'amour, c'est vivre l'un dans l'autre : c'est se confondre.
L'amour consume, de ses soupirs sont nés les poèmes.
Le génie de l'amour est tendresse et douce persuasion.
L'intelligence et l'amour, la beauté et la puissance sont dans l'homme, mais leur perfection absolue ne s'y rencontre pas.
La curiosité nous entraîne au-dessous de l'humanité lorsqu'elle tombe dans l'indiscrétion et les vains commérages.