Je ne suis rien d'autre qu'un observateur, j'essaie de partager mes constatations. J'explore ce monde et ses défauts, et je dois humblement reconnaître que ses imperfections m'amusent plus que ses vertus !
Je ne suis pas nostalgique. Plongé dans l'action plus que dans la réflexion, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde depuis ma naissance. Je fonce, je découvre.
Le mensonge est une option à laquelle tout un chacun a droit, à condition de le rembourser un jour.
Les vagues sont peu de choses au regard de l'océan.
Quand on est un homme d'action comme moi, on fonce. On regarde un peu dans le rétro mais pas trop. Et puis là, d'un seul coup, je me suis dit : « Tiens, ce ne serait pas si mal de scruter un peu en arrière, d'essayer de comprendre ce scénario incroyable que j'ai la chance de vivre depuis ma naissance. » Le rôle de Claude Lelouch, je le joue maintenant depuis soixante-dix-huit ans et je ne m'en suis jamais lassé. C'est un rôle absolument passionnant, rien n'est figé, tout s'agite, le scénario se modifie chaque seconde. C'est l'aventure, avec un point d'interrogation. En y réfléchissant, je me dis que j'ai vraiment eu de la chance.
Pendant la guerre, pour mon anniversaire, ma mère m'avait offert une banane et une orange. C'était énorme, aujourd'hui, on ne peut expliquer cela à un enfant. J'ai vu cette banane, je l'ai épluchée, je l'ai mangée, puis j'ai mangé l'orange. Je me souviens encore de ce cadeau formidable.
Je me souviens d'un certain Noël. Je devais avoir cinq ou six ans, mon grand-père m'avait emmené découvrir les vitrines des grands magasins et expliqué le principe du père Noël. J'avais alors élaboré une liste exhaustive, un avion, un train – tant qu'à faire, si ce mec est aussi généreux... Et puis, le soir de Noël, au pied de l'arbre, je n'avais qu'un seul cadeau. Et qu'y avait-il dans le paquet ? Une boîte de crayons de couleur ! Devant ma consternation, ma mère m'avait ainsi réconforté : Tu sais, avec ces crayons de couleur, tu peux dessiner un train, un avion... Tu peux tout avoir.
Les temps modernes ont fabriqué une génération d'enfants gâtés dès les années 1930, lorsque les machines ont commencé à remplacer les hommes. C'est particulièrement flagrant autour de l'arbre de Noël : il y a tellement de cadeaux que les mômes ont du mal à faire des choix. Le principe qui s'impose, c'est d'ouvrir le cadeau sans regarder ce qu'il y a dans la boîte puis de passer au suivant. C'est compliqué, mais trop de cadeaux tuent le cadeau.
La vie est un jeu compliqué qui permet de ne pas voir le temps passer.
Le jeu de la vie est un jeu fascinant, mais il faut être costaud. Il faut se fabriquer des muscles, s'entraîner, souffrir. Pour courir le cent mètres en neuf secondes et quelques centièmes de bonheur, le sportif sacrifie dix ans, dix années de tortures physiques, psychologiques, de réparations. Ce n'est pourtant rien neuf secondes et quelques centièmes, ça va vite.
Le monde du partage devra remplacer le partage du monde.
Ma vraie nature, c'est le voyage. Quel bonheur de faire chaque jour ce que je n'ai pas fait la veille ! Les premières fois, dans tous les domaines, voilà ce qui m'excite.
Les habitudes, le confort, la plupart des gens s'en contentent. C'est pourtant le cancer de la vie, un cancer dont on ne se remet jamais. En ce qui me concerne, le goût de l'aventure a toujours été plus fort. Je ne tiens pas en place, ma base, c'est le mouvement.
Définitivement, j'aime de plus en plus l'aventure. C'est ma façon d'être perpétuellement vivant, attentif, mobilisé à 300 % à l'instar des chasseurs. Ce n'est pas que je les apprécie particulièrement, ils sont là pour tuer, mais ils vivent intensément, avec cette nécessité de demeurer toujours vigilants pour ne pas rentrer bredouilles. Nous sommes tous des chasseurs. Des chasseurs de femmes, de succès, de relations. Des traqueurs de vie aux aguets qui en oublient de songer à eux-mêmes.
J'ai trois grands amours : la vie, les femmes et le cinéma.
À court terme, nous avons tous plus ou moins ce que nous méritons. L'injustice règne, mais, avec le jeu des compensations, les riches ne sont pas à l'abri des soucis, les gens beaux ne sont pas à l'abri d'être cocus… Il n'y a pas de sécurité.
Les bons perdants fabriquent les gagnants de demain.
Le talent, c'est l'idée, mais il n'y a pas de talent sans travail.
Le vrai plaisir de la vie, ce sont les surprises, les bonnes et les mauvaises.
S'il n'y avait que du bien en ce monde, on s'ennuierait à mourir.
Le jour donne la force à la nuit, la nuit donne la force au jour.
Trois secondes de bonheur peuvent justifier soixante ans d'emmerdements.
Le présent est jubilatoire.
Je suis dans les prolongations de ma vie, j'espère bien faire les tirs au but.
En temps de guerre, on fait des choses qu'on ne ferait pas dans un autre contexte. Quand ils sont au bord du précipice, au bord du gouffre, les individus ont des courages incroyables.
L'échec est le début de la réussite.
Le divorce vous procure la joie de l'évadé de prison.
L'action est le moteur de tout, puisque le simple fait de faire les choses les rend possibles.
On puise chez ses ennemis des forces qui vous aident à progresser.
Les œuvres les plus belles sont les plus simples.
Le monde marche inexorablement vers une révolution des pauvres contre les riches.
La richesse est devenue une insulte à la misère.
Le chemin le plus court pour aller de la barbarie à la décadence passe par la civilisation.
La politique, c'est du show-business.
Il faut que les gens meurent pour qu'on leur trouve des qualités.
Le cinéma est fait pour tous ceux dont la curiosité est le plus grand défaut.
L'essentiel n'est jamais là où on le croit.
La victoire représente le plus efficace des passeports.
On ne marchande pas avec les rêves, les hasards et les coïncidences.
Seuls les gens qui agissent existent.
La critique a droit à toutes les opinions à condition d'en avoir.
Avec un bateau, il y a deux moments de bonheur : le jour où on l'achète et le jour où on le revend.
Tout mensonge non remboursé se paie au centuple.
La représentation est un élément essentiel de la communication.
On a tort de courir après un passé enfui.
Cannes, c'est d'abord un escalier : un escalier facile à monter, difficile à descendre.
Les courants, les styles, les manières sont les ennemis premiers de la création.
Dès qu'on prend un crédit, on cesse d'être un homme libre.
Pauvre, je fais des films de pauvre ; riche, je fais des films de riche.
Seul le dépaysement constitue un remède à la douleur.
La vie est une météo imprévisible.
J'aime la vie, c'est le plus grand scénariste du monde, le plus incroyable, mon scénariste préféré. Le cinéma, c'est la vie en mieux. On y rencontre les personnages de la rue en plus beaux, plus intelligents, plus sexy. Comme des modèles améliorés, réussis et performants. Dans l'histoire du cinéma, tous les films qui parlent de la vie sont des exemples.