Les 54 pensées et citations de Denys Caton :
Lorsqu'on a sujet de se plaindre d'un ami, il faut s'en détacher peu-à-peu , et dénouer plutôt que rompre les liens de l'amitié.
Bien que tu sois dans l'opulence, à cultiver les arts donne ton premier soin. De la fortune un jour si tu sens l'inconstance, l'art te reste, et jamais ne te manque au besoin.
Pense dans l'opulence à jouir de la vie, ne te refusant rien pour la santé du corps : Le riche a des écus, mais, par la maladie, il perd le plus grand des trésors.
Lorsqu'on parle à ton avantage, sache alors te juger toi-même à la rigueur : Au sentiment d'autrui n'en crois pas davantage, qu'au témoignage de ton cœur.
Reçois les bons conseils qu'un serviteur te donne sans t'armer contre lui d'une sotte fierté, et ne méprise dans personne les avis dont tu peux sentir l'utilité.
Par un faux esprit de critique, des actions d'autrui ne sois point le censeur, de peur qu'à ton exemple un autre satirique, ne t'accable à ton tour en raillant le railleur.
Viens offrir à ton Dieu l'encens et la prière ; laisse pour le travail croître les animaux, et ne crois pas du Ciel apaiser la colère, en versant le sang des taureaux.
Si tu veux conserver une vigueur parfaite, tu dois user de tout avec sobriété, le plus souvent faire diète, peu donner aux plaisirs, beaucoup à la santé.
Évite avec soin la paresse, qui d'une vie heureuse épuise les trésors : Il n'est pas de poison pareil à la mollesse ; l'oisiveté de l'âme est la perte du corps.
Veille autant que tu peux ; et fuyant la mollesse, des douceurs du repos n'use que sobrement ; car le trop long sommeil engendre la paresse, qui sert au vice d'aliment.
Si quelqu'un pèche en ta présence, reprends-le ouvertement, bien loin de le flatter : On pourrait croire à ton silence que tu souffres un mal que tu veux imiter.
Cherche dans une femme un esprit sociable, et ne l'épouse pas pour de vils intérêts ; ou si, d'humeur insupportable, elle veut te quitter, ne la retiens jamais.
Ne dissimule point le bien qu'on t'a su faire ; en public nommes-en l'auteur : Celui que tu feras, sois habile à le taire ; fais sentir le bienfait, cache le bienfaiteur.
La première vertu de l'homme raisonnable, est de mettre à sa langue un frein judicieux : Il n'est rien de plus estimable, l'homme qui sait se taire est presque égal aux Dieux.
Pense sans t'effrayer à cette dernière heure, où tu dois terminer ton cours : Trembler de crainte qu'on ne meure, c'est renoncer à vivre et mourir tous les jours.
Une peine d'esprit, un sujet de tristesse, t'oblige à rechercher un salutaire avis : Pense qu'aux maux de cette espèce, les médecins sont les meilleurs amis.
L'oisiveté est la mère de tous les vices.
Fuis tant que tu pourras la dépense inutile ; contente-toi de peu, lorsqu'il faut ménager : Plus le fleuve est petit, plus la barque fragile, vogue sur l'onde sans danger.
Lorsque quelqu'un te jure une amitié fidèle, portant la haine dans le cœur, ne le rebute point ; montre-lui même zèle : L'artifice est permis pour tromper le trompeur.
Oblige promptement dès que tu peux le faire, sans promettre deux fois un bienfait trop vanté ; on passe pour vain d'ordinaire, en faisant trop valoir sa générosité.
Contre la pauvreté le plus sûr des remèdes, est d'user sobrement du bien qu'on t'a laissé : Pour garder ce que tu possèdes, pense à tous les besoins dont l'homme est menacé.
Si tes bienfaits et tes services, n'ont pu te procurer un ami comme il faut : Ne t'en prends point au Ciel l'accusant d'injustices, et ne blâme que ton défaut.
Tu vois que la nature au jour de ta naissance, t'a mis au monde pauvre et dans la nudité : Souffre donc sans impatience, les rigueurs de la pauvreté.
Le présent qu'un ami t'offre en son indigence, quelque petit qu'il soit, reçois-le avec bonté ; et pour premier effet de ta reconnaissance, vante sa libéralité.
La vie étant fragile et peu sûre à tout âge, quelque bonne santé dont tu puisses jouir, ne compte point sur l'héritage, qu'à la mort d'un parent tu pourrais obtenir.
Quand pour toi la fortune est la plus libérale, redoute en ses faveurs quelque revers fatal : Elle change souvent, et sa course inégale commençant bien, peut finir mal.
Ne t'inquiète point lorsque tu verras dire, quelque chose en secret à l'oreille d'autrui : Celui dont la conduite offre le plus à rire, croit toujours qu'on parle de lui.
Lorsque ton souvenir rappelle en ta vieillesse, des faits que tu veux raconter, pense à ce que tu fis dans ta jeunesse, et du bien et du mal tâche de profiter.
Ce qu'on t'aura promis d'un air de certitude, ne vas pas le promettre avant de l'obtenir : Combien dans leur parole ont peu d'exactitude ! beaucoup savent promettre, et peu savent tenir.
Ne prends point part aux bruits que sème le vulgaire, de crainte de passer pour en être l'auteur : On ne risque rien à se taire, et souvent pour parler on cause son malheur.