Il est des circonstances qui nous font un devoir de nous séparer de ce que nous aimons.
La sagesse coûte cher quand c'est au temps qu'il faut la demander.
On ne saurait ni trop estimer, ni trop imiter, celui qui sait faire des heureux.
Quand je me promène avec loi à la douce clarté de l'astre des nuits ; quand je respire l'air embaumé du soir ; quand la douce harmonie de tes chants se mêle au bruit de la cascade lointaine ; quand je prête l'oreille aux accents plaintifs du rossignol, j'éprouve un bonheur ineffable, je vis d'une vie nouvelle, et cela, ma chérie, parce que je t'aime !
L'homme n'emporte au ciel que le don fait aux pauvres ; malheur à celui qui ferme son cœur à la voix qui l'implore !
Quand le corps est superbe, on ne voit que lui ; quand l'âme est grande, elle l'efface.
La solitude, le silence, la nuit, voilà ce qui m'inspire ! l'amour et l'amitié, ce sont là mes tourments ! Dieu, la religion et la foi, voilà ce qui me console ! l'injustice, voilà ma colère ! la mélancolie, voilà mon élément ! la douleur, voilà toute ma vie !
Il est des cœurs de marbre que rien ne peut émouvoir, des âmes de fer que rien ne peut fléchir !
Je puis refuser un sourire aux joies de ce monde, mais j'ai toujours une larme pour le malheur !
L'âme sensible est l'écho des grandes douleurs.
Il est plus aisé de guérir les plaies du corps que de cicatriser les blessures de l'âme.
Soyez vertueux et ne vous informez pas si la vertu passe pour de la sottise et la friponnerie pour de l'habileté.
On est bien injuste quand on reproche aux autres des fautes que l'on commet soi-même.
Nos imperfections sont si nombreuses que les meilleurs ont encore beaucoup à se reprocher.
N'oubliez pas que les éloges que vous recevez s'adressent moins à vous qu'à votre rang et à votre fortune.
Le pauvre n'a pas même l'estime de celui qui est pauvre comme lui ; il est beau cependant d'honorer les mérites et les vertus qui ont résisté à la misère.
Il est rare que celui qui supporte avec impatience ceux qui sont au-dessus de lui par le talent, par la fortune ou par la naissance, ne fasse pas sentir durement sa supériorité à ceux qu'il croit au-dessous de lui. Dans l'un et l'autre cas, c'est un sot orgueil qui le dirige.
L'avare est châtié par son propre vice, puisqu'il ne jouit pas de ce qu'il possède.
Le prodigue s'amasse des regrets et prépare un fardeau à la société.
Les pièges tendus dans des sentiers tortueux ne nuisent point à celui qui suit la voie droite.
Contre la ruse, la loyauté est quelquefois de l'habileté.
Il est plus d'hommes obligeants que de cœurs reconnaissants.
Les meilleures leçons de sagesse sont celles de l'expérience.
L'espérance naît de la foi, et de l'espérance naissent les consolations.
La foi qui ne peut supporter l'examen de la raison n'est qu'une superstition idolâtrique.
Si vous tenez à propager votre foi, que votre conduite soit en harmonie avec vos principes.
C'est une triste époque que celle où il n'y a de droit que la force, de mérite qu'avec la fortune.
Le temps que nous employons à amasser des biens souvent superflus, la mort l'emploie à creuser notre tombe.
Les jouissances de la fortune nous sont encore plus nuisibles que les privations de la misère.
Le châtiment n'est pas toujours une preuve de culpabilité, c'est quelquefois la vengeance du plus fort ou une erreur de la justice humaine.
Le masque de la liberté est le berceau de la tyrannie.
Gardez-vous de sacrifier un ami pour une opinion.
Soyez indulgent pour les autres et on le sera pour vous.
Il faut pardonner les erreurs de l'esprit et celles du cœur ; mais il faut châtier le vice, qu'il vienne du cœur ou de l'esprit.
Aimez la liberté, exercez la fraternité, mais ne rêvez pas l'égalité. Les hommes ne sont égaux que dans les douleurs de la naissance et de la mort.
La vie du peuple est comme la vie des hommes, elle est pleine de contradictions.
C'est par leurs actes qu'il faut juger les hommes : on ne les connaît pour ce qu'ils sont réellement que par les rapports d'intérêts.
Il y a loin de l'honnêteté selon le droit à l'honnêteté selon la conscience, car le droit n'est pas toujours l'équité.
Le meilleur contrat est la parole d'un honnête homme.
Ne prêtez légèrement que ce qu'au besoin vous donneriez.
Tous voudront contribuer à votre fortune, si vous les avez persuadés qu'en y aidant ils augmenteront la leur.
N'abandonnez rien au hasard ; faites peu et faites bien.
Il est rare que ceux qui ne comptent que sur l'avenir ne soient pas trompés dans leur espérance : on ne s'assure l'avenir qu'en utilisant le présent.
Le bonheur n'est ni dans la fortune, ni dans l'agitation, ni dans le repos, ni dans les honneurs, ni dans les plaisirs, etc. ; et toutes ces choses cependant peuvent être des éléments de félicité : car le bonheur n'est autre que la possibilité de vivre selon ses goûts. Voilà pourquoi ceux qui ont des goûts simples sont d'ordinaire les plus heureux.
Le bonheur ne peut être constant qu'autant qu'il est indépendant des hommes qui nous entourent et des lieux que nous habitons ; heureux et sages sont ceux qui le trouvent en eux-mêmes.
Nous nous plaignons du sort quand nous ne devrions nous plaindre que de nous-mêmes.
Les capacités, et surtout la conduite et le travail, voilà l'origine des fortunes honnêtes.
L'on n'est riche qu'autant qu'on sait se contenter de ce que l'on a.
C'est faire peu de cas de soi-même que s'exposer à périr en se mesurant avec un homme qui, se sentant coupable, n'a de réparation que la mort de celui qu'il a injustement offensé.
C'est de la chair que naissent les remords ; c'est de l'esprit que naît la félicité.
Les plaisirs des sens nous dégradent ; les joies de l'esprit nous élèvent.
Il faut plus de temps pour cicatriser les blessures de l'âme que pour guérir les plaies du corps.
Si nous ne nous attachions qu'aux beautés de l'âme, nous nous éviterions bien des déceptions et bien des regrets.
La meilleure preuve que l'esprit de l'homme est borné, c'est qu'il ne comprend ni Dieu, ni le temps, ni l'espace, rien enfin de ce qui est infini.
Il ne faut pas espérer sur la terre des félicités qui n'y sont pas, et l'on doit se contenter du bonheur qui s'y trouve.
C'est à l'ardeur de vos passions que vous vous en prenez de votre conduite ; ne serait-il pas plus juste de l'attribuer à la faiblesse de votre esprit ?
Les passions sont dans tous, et tous pourraient les vaincre s'ils avaient la ferme résolution de les combattre, car le mal n'arrive pas sans le consentement.
On n'est pas toujours libre d'une mauvaise pensée ; on est toujours maître d'une mauvaise action.
La pensée naît avant l'action, et l'action naît de la pensée. Il faut donc repousser les mauvaises pensées si l'on veut éviter les mauvaises actions.
Quand l'action ne vient pas de la pensée, elle vient d'un égarement du cœur, d'un délire de l'esprit, de la spontanéité des passions ; alors l'homme n'a plus sa liberté ; ce n'est pas lui qui agit, mais les passions qui agissent par ses sens. Évitez donc tout ce qui peut porter atteinte à votre libre arbitre : la jalousie, l'ivrognerie, la colère, etc.
Ne vous croyez pas innocent parce que vous avez été fatalement entraîné à une mauvaise action ; vous n'eussiez pas été l'esclave de vos passions sans les dérèglements de votre vie.
Les grandes victoires sont celles qu'on remporte sur soi-même.
Par degré on arrive à la perfection, il faut d'abord éviter le mal et ensuite faire le bien.
On profite peu des fautes d'autrui, et souvent les leçons coûteuses du passé nous sont inutiles.
L'étude des hommes pousse au dégoût de la vie.
L'homme est libre par position, par caractère ou par conscience. Libre par position, il est superbe ; par caractère, impérieux ; par conscience, calme.
C'est souvent au prix de l'esclavage des autres que nous achetons la liberté.
La gaieté des hommes augmente la douleur de ceux qui souffrent. Pour les consoler, il faut pleurer avec ceux qui pleurent.
On estime sans aimer ; on n'aime pas sans estimer.
L'amitié conserve toujours une larme pour l'amitié ; l'amour ne conserve le plus souvent à l'amour que du mépris.
Ce sont moins les lieux que nous quittons qui sont l'objet de nos regrets que les amis que nous laissons.
Dans l'adversité, nous fuyons avec plaisir les lieux témoins de nos grandeurs passées. C'est moins alors notre nouvelle position qui nous y attriste que l'ingratitude de ceux qui eurent part à nos prospérités.
L'homme généreux donne avec sagesse ; le prodigue avec enthousiasme ; l'avare reçoit avec extase.
Nous rendons rarement justice à celui dont nous croyons avoir à nous plaindre.
L'égoïsme est le vice du siècle : plus on le tolère en soi moins on le pardonne aux autres.
Le monde se plaît à remarquer et à exagérer les fautes légères de l'homme vertueux ; il croit par cette injuste sévérité absoudre l'homme coupable. Si vous n'avez tous les défauts, il exige que vous ayez toutes les vertus.